LELIO. Quoi ! je ne la quitte qu'une matinée,. & voilà déja trois filles à moitié mariées,. en comptant Violette. TONTIN E. Vraiement, en une après-midi, il s'y fait quelquefois bien d'autres mariages. Lelio regrette d'avoir amené fes filles en France, & de n'avoir pas au moins donné Flaminia au Comte de Trinquemberg; il paraît, & après un long & ridicule compliment en mauvais Français, il fupplie encore Lelio de lui accorder. fa fille Flaminia; elle vient, & se jette aux genoux de fon pere, qu'elle prefle également, & pour elle & pour fa fœur, qui a, dit-elle, trouvé un amant connu & même allié de la famille : le Chevalier de la Baftide entre avec la confiance d'un Gafcon, & fait le dénombrement de fa fortune, de fes terres & de fes châteaux, qui heureusement ne font pas des châteaux en Efpagne ; Silvia vient joindre fes prieres à celles de fa fœur & des deux amans; Lelio a toujours peine à fe déterminer & à concevoir cette aventure: à deux lieues de Paris, dit-il, les amans y pleuvent dès qu'il y paraît des filles; que fera-ce donc au milieu de la Ville? Voilà comme la coquine de Pasquella les a gardées. ARLEQUIN. Paix, parlez bas, crainte de l'éveiller. Comment, elle n'eft pas encore levée? ARLEQUIN Pardonnez-moi; mais nous avons déjeunés ensemble, & elle s'eft recouchée enfuite pour dormir. LELIO. M. Pantalon, je vous avais prié de ne lui point donner de vin. PANTALON. Il ne faut demander que des chofes raifonnables; voulez-vous que je la laifle mourir d'inanition dans un cabaret?, LELIO. Il fallait au moins remplir fa place, & empêcher mes filles de parler à perfonne. PANTALON. Ces Meffieurs amenent ici des Dames Italiennes fort honnêtes; ils apprennent qu'il y a d'autres Italiennes qui y logent; peut-on refufer de les laiffer parler ensemble? LELIO.. Des Dames Italiennes ! FLAMINIA.. A Oui, mon pere; la Signora Cecilia: & fa tante qui venaient au-devant de: nous. Lelio demande à les voir; la Signora ! Cecilia paraît; il l'embraffe, la trouve charmante, & en devient amoureux, tant l'air du Port-à-l'Anglais eft contagieux. Les trois mariages fe décident; & en attendant que le dîner foit préparé, la Signora Tontine donne un plat de fon métier, & chante ces cou-plets avec la Signora Cecilia.. CECILIA.. Un amant avec ce qu'il aime, TONTIN E.. grass. Pour l'époufe jeune & gentille, On danfe plufieurs entrées de Bateliers & de Lavandieres. Je me fuis un peu plus étendu für cette Comédie que je n'avais projetté de le faire; mais comme c'eft une Piéce qui fait époque pour le théâtre-Italien,, j'ai cru devoir la faire connaître entie rement; & lors que j'ai voulu donner l'efquiffe de quelques fcênes, le naturel & la vivacité du Dialogue m'ont tellement entraîné ou féduit, que je n'ai pû me refufer de préfenter tous les traits qui fe font offerts en foule à ma plume, & qui,fans doute, ont fait le mérite de cette Piéce, d'ailleurs affez faible d'intrigue, mais pleine de graces & de gaîté; elle fut donnée pendant deux mois de fuite:: elle eft la premiere d'Autreau.. |