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l'Amour qui pût duper un Gafcon. La Piéce qui eft de Fuzellier, quoique joliement intriguée, eut peu de fuccès, parce qu'elle était écrite d'un ftyle froid & précieux.

Les Comédiens avaient été obligés de fermer leur théâtre le 21 Août, ainfi que les Français, à caufe de l'exceffive chaleur qu'il fit alors, & ils ne le rouvrirent que le 28 après qu'elle fut paffée, encore les Spectateurs montrerent fort peu d'empreffement à y revenir; ce qui engagea Lelio & Dominique à compofer la petite Piéce intitulée la Défolation des deux Comédies, qui eut beaucoup de fuccès.

LA DÉSOLATION DES DEUX COMÉDIES.

En un Acte, 9 Octobre 1718.

Le théâtre repréfente une Salle de Comédie démeublée : dans le fond, l'on voit un rideau à moitié levé qui laiffe la muraille découverte; les côtés ou cantonades, nefont garnis que de fimples chaffis de décorations fans toiles; & des Gagiftes avec des échelles, paraiffent prêts à défaire ce qui refte dans cette Salle.

Trivelin s'avance d'un pas lent & récite un monologue, dans lequel il dépeint le trifte état où la Troupe eft réduite. Silvia vient & lui reproche de ce qu'il adreffe fes plaintes aux échos, au lieu de venir encourager fes Camarades à refter ou à prendre quelque réfolution avantageufe on entend les violons qui jouent une marche trifte & languiffante, & l'on voit arriver tous les Comédiens deux à deux l'air abattu, & fe ranger enfuite fur le bord du théâ tre. Là, on tient confeil, & chacun dit fon avis & fa derniere réfolution. Lelio

qui n'a pas perdu tout efpoir de ramener le Public, fait des reproches à sa femme de la réfolution qu'elle a prise de retourner en Italie; mais elle perfifte dans fon deffein, & les quitte: Lelio voyant que quelques-uns de fes Camarades font de fon avis, les emmene avec lui pour tâcher de lui ramener fa femme.

A peine font ils fortis, que la Mufe de la Comédie Française vient voir celle de la Comédie Italienne; ces deux Dames fe font beaucoup de civilités & de complimens fur leur mauvaise fanté; elles font interrompues par la Mufe de la Foire, qui vient auffi faire fes adieux à la Comédie Italienne, fur l'avis qu'elle a eu de fon départ cette dixieme Mufe du bas Parnaffe, donne moitié en Profe, moitié en Vaudevilles, des avis à l'une & à l'autre Mufe, qu'elle a la témérité d'appeller fes fœurs.

La Mufe Française lui répond en Vers héroïques, & par une Parodie de Phedre, dans laquelle elle excite la Mufe Italienne à fe joindre à elle pour fe vanger de cet ennemi commun, qui a l'infolence de les braver encore; mais comme elle a la langue plus affilée, elle oblige fes deux ennemies à lui cé

der la place; elle fe félicite de fa vic toire, & en fait part à fon Coufin l'Opéra, qui lui promet fa protection: une fymphonie gaie annonce la fuite de la Foire qui vient prendre part à la joie de fa fouveraine.

Un Arlequin, une Arlequine, un Polichinel & une Dame Ragonde dan fent une chacone, après laquelle on chante les couplets fuivans.

La Foire.

Notre fortune eft certaine ;
La Foire déformais à Paris brillera ;
La Troupe Italienne
Faridondaine & lon, lenla,
La Troupe Italienne

Faridondaine, partira.

La Comédie Italienne.

1

Ne faites pas tant la vaine,
Le Public malgré vous nous, favorifera
La Troupe Italienne,
Faridondaine, lon, lenla,
La Troupe Italienne

Faridondaine, restera.

Le Public fort content de cette petite Piéce répéta en chœur : la Troupe talienne eftera. J'aurais moins parlé de cette Comédie, fi elle n'eût fait époque, d'autant plus qu'elle eft tirée prefque toute entiere de l'adieu des Comédiens, de la querelle des Théâtres & des funérailles de la Foire; cependant toutes ces fcênes étrangeres furent arrangées avec goût, & firent grand plaifir.

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