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Pantalon, ils font entrer le Chevalier & le cachent dans une armoire ; le deffein de ; Claudine eft de profiter de la méridienne que les Italiens font après leur repas: ce projet s'exécute: Pantalon & Lelio viennent pour dormir dans la falle où eft enfermé le Chevalier; mais Pantalon averti par Violette fa Servante, fait femblant de dormir : Lelio par des foupçons naturels à ceux de fa nation, employe la même feinte, & les amants les croyant profondément endormis, s'entretiennent de leur amour : enfin Silvia inquiette & craignant que fon oncle ne s'éveille, ordonne abfolument au Chevalier de fortir.

Le CHEVALIER.

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Non je ne puis vous quitter, nok charmante Silvia...

PANTALON, qui s'eft levé.

L

Vous pouvez refter tant qu'il vous plaira, j'ai fait fermer la porte de la rue, & perfonne ne fortira d'ici fang mon congé.

Q Ciel!

SILVIA ear

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Le CHEVALIER.

Quel contre-tems pour mon amour,
PANTALON, à part.

Comment cacher ceci au Seigneur Lelio; il faut le réveiller, & fur quel que prétexte le renvoyer dans fa chambre... Mais le voila debout...Eh bien, mon neveu avez-vous bien dormi?

LELIQ.

Plus de neveu Seigneur Pantalon plus de neveu ; j'ai fait dans ce fauteuil un fonge qui m'a dégoûté du mariage; j'ai rêvé que la Signora Silvia était dans cette falle avec un Cavalier, & qu'ils tenaient un bois de cerf, qu'ils ont pofé doucement fur mon front... Le Cavalier était vêtu de rouge... Eh, parbleu de voila! Adieu Seigneur Pantalon plus de neveu.

PANTALON.

Il a tout entendu, il ne dormait pas ah. maudites canailles!

CLAUDINE, accourant.

Allons donc M. le Chevalier, vous ne finiffez pas ; vous ferez tant que vous

éveillerez notre bourru de Maître..

PANTALON.

Bourru... Ah! Madame la coquine; vous êtes donc d'intelligence pour me trahir, avec ce maraud de Trivelin & .ce coquin d'Arlequin; (Arlequin fait femblant de ronfler;) attends, attends; je te ferai ronfler fur un autre ton.

ARLEQUIN.

Moi! Je ne fuis pas de la fourberie; je dors, vous le voyez-bien; bon foir, M. Pantalon & toute la compagnie. (II fe remet à ronfler.).

PANTALON.

Bon foir, M. Arlequiu, bon foir; (il le roffe. (Arlequin feignant de fe réveiller.) On ne faurait dormir en paix dans cette chienne de maison-ci.

PANTALON.

Ah! quelle légion de fourbes! Patience, patience, j'attends un Commif faire & des Archers ; je veux faire pen; dre tout ce que je vois.

TRIVELÍN.

Seigneur Pantalon, le Chevalier de

la

La Girouette mon Maître n'eft point un homme à pendre ; fi vous parliez de le faire décoler, paffe, on vous écouterait; fachez qu'il aime Mademoiselle Silvia, avec la permiffion du défunt Signor Commodo fon pere ; & fi vous en doutez, vous pouvez prendre le chemin de l'autre monde, & le lui demander, je n'ai pas peur qu'il me dé

mente.

PANTALON.

Que dit-il?

CLAUDINE.

Il dit que feu le Seigneur Commodo avait intention de marier fa fille à M. le Chevalier, & j'en fuis témoin, moi.

PANTALON.

Bon témoin...Non je ne prétends pas que ma niéce épouse un Français. Le CHEVALIER, en Italien.

Eh bien, Seigneur Pantalon, je fuis Italien, & de Venife comme vous ; je fuis fils du Seigneur Fabio, que vous devez connaître.

PANTALON, févérement.

Vons êtes ce fils que le Seigneur Fa

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bio fait chercher depuis fi long-tems!". oh! je ne vous lâcherai pas; je prétends vous remener à votre pere, qui eft mon meilleur ami; & afin que vous ne m'échappiez pas... je veux que vous époufiez ma niéce.

Le CHEVALIER.

Ah! Seigneur Pantalon, vous me rendez la vie en m'accordant Silvia.

SILVIA.

Ah! mon oncle, que je vous aime !

TRIVELIN.

Voilà ce qui s'appelle un amour

haiffant.

CLAUDINE.

Comment M. le Chevalier de la Girouette, vous êtes Italien?

Le CHEVALIER.

Silvia paraiffait fi prévenue pour la France, que j'ai cru devoir prendre un nom Français.

TRIVELIN.

Le petit diffimulé, il ne m'en avait rien dit! O çà Monfieur, vous avez été amant Français; ne vous aviez pas d'être mari Italien.

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