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tes, des Coquettes qui oublient leur amour, des Normands qui oublient leurs promeffes, & des Gafcons qui oublient leur bourfe lorfqu'ils vont au Cabaret. (1)

Arlequin qui fait le fleuve, dit qu'il va chercher de fes eaux, & revient un inftant après avec un pot, dans lequel il n'y a rien. Momus lui ordonne de retourner; mais Arlequin lui dit que s'il retourne, il apportera l'eau fans le pot; ce qui engage Momus à y aller luimême; il arrive auffi-tôt, & après avoir fait revenir Pfiché de fon évanouiffement; il lui fait boire de l'eau, il en fait auffi avaler plufieurs coups au Carnaval malgré fa répugnance, & l'eau fait pleinement fon effet; car ce dernier ne fe fouvenant plus de la Folie donne la main à Pfiché, qui a pareillement oublié l'Amour.

Ce parfait oubli eft afsuré par la préfence de l'Amour & de la Folie, qui arrivent en fe donnant la main, & fe font mille careffes, fans pouvoir rendre jaloux les Buveurs d'eau ; le plaifir

(1) Cette fcêne pourrait bien être la fource du Fleuve d'Oubli de le Grand; ce ne ferait pour elle qu'un mérite de plus.

qu'ils ont de fe voir débaraffés de leurs anciens amans, ne leur permet pas de différer plus long-temps leur nouvelle union; ils ordonnent que la fête com

mence.

Cette fête eft un balet, mêlé de chants & compofé des fuivans de la Folie; fçavoir: deux hommes de Robes, deux Guerriers, deux Marins & deux Petits Maîtres : le divertiffement eft terminé par une danfe de la Folie & par un Vaudeville (1).

(1) Cette Piéce qui paraît une espéce de Parodie du balet du Carnaval & de la Folie, que l'on remettait alors au théâtre de l'Opéra, eft de Fufellier, & n'a point été imprimée.

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LA FORCE DU DESTIN.

Canevas Italien en trois actes, le s Août 1719.

Dom Carlos, frère du Roi défunt; & Tuteur de Dom Alphonfe & de Dom Ferdinand fes fils, ordonne au premier de ces deux Princes d'exécuter la promeffe qu'il a faite à fon pere d'époufer Rofaure, fille d'un Seigneur Caftillan, à qui le feu Roi était redevable de fa Couronne.

Alphonfe fait paraître un grand embarras, parce qu'il aime paffionnément la Ducheffe Déjanire, avec laquelle il a été élévé ; c'eft en vain que Dom Carlos lui représente le refpect qu'il doit aux dernieres volontés de fon pere, & la perte de fa Couronne, qui par fon refus, paffera fur la tête de fon frere Ferdinand, qui pourra bien confentir à acquitter la reconnoiflance que leur pere leur a impofée. busty

Après bien de l'agitation de dal part d'Alphonfe fur la préférence qu'il doit donner à fon amour ou à la poffeffion de fon Royaume; preffé par Dom Carlos, il fe détermine enfin à époufer Rofaure. Tome I.

La Ducheffe Déjanire eft au défefpoir de l'inconftance de fon Amant; mais Dom Carlos lui propofe d'époufer Ferdinand, qu'elle accepte par dépit.

Dans l'intervalle des préparatifs des deux nôces, Alphonfe ne faurait oublier fa chere Déjanire, & ne perd aucune occafion de la voir & de l'entretenir ; celle-ci lui reproche fon avidité de régner, & le facrifice honteux qu'il lui a fait de fon amour.

Rofaure qui va devenir Reine par fon mariage avec Alphonfe, ne peut fe diffimuler l'amour qu'il conferve pour fa Déjanire; elle eft confirmée dans cette opinion lorfqu'elle le furprend baifant avec tendreffe un gant que cette Ducheffe a laiffé tomber.

D'un autre côté, Ferdinand n'eft pas moins jaloux de Déjanire, qui ne lui montre aucun penchant quoiqu'elle lui aic promis de l'époufer.

Cependant Alphonfe ne ceffe de poursuivre Déjanire, & en obrient un rendez-vous dans le jardin du Palais pendant la nuit. Il lui promet pour la raffurer qu'il en fera fermer les portes, afin que Ferdinand ne puiffe pas les furprendre; Déjanire se rend au jardin plutôt pour reprocher à Alphonfe fa perfidie,

que pour répondre à fa paffion; le Roi au défespoir de voir fa conftance & fa fermeté, la menace de toutes fortes de violences; elle feint d'aller dire un mot à fa fuivante, & revient avec une épée, dont elle jure qu'elle va fe donner la mort, s'il ne fe retire à l'inftant. Alphonse défefpéré d'une femblable réfolution, prend le parti de la quitter ; cependant il ne perd pas l'efpérance de la fléchir & de contenter fa paffion. Il lui fait dire une feconde fois de fe rendre au jardin, parce qu'il a des chofes de la derniere conféquence à lui communiquer; il ajoute que c'est la derniere grace qu'il lui demandera ; elle lui fait dire qu'elle ira au rendez-vous, & en même-temps, elle va faire conf dence à la future Reine de tout ce qui s'eft paffé.

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Mais Arlequin qui a fçu que le Roi devait venir trouver Déjanire dans le jardin, accourt en avertir Ferdinand fon Maître, qui tranfporté de colere, a trouvé le moyen de defcendre par la fenêtre; il vient au jardin, où il arrive dans le même temps que la Reine & Déjanire s'y étaient rendues; Déjanire qui entend marcher dans l'obfcurité, demande fi ce n'eft pas le Roi; Fer

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