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TRIVELIN, à part.

O himé! La Maîtreffe de ce friponlà a toute l'encolure du Marquis de Sainte-Fleur, mon dernier Maître, j'ai un peu volé.

SILVIE.

que

Voilà un bouclier miraculeux, je ne me laffe point de le voir.

TRIVELIN.

Apparemment que vous connoiffez la perfonne que vous avez vu dans ce bouclier?

SILVIE.

Non; je l'ai vu dans le bois de Melufine, nous avons été féparés par des lutins, dans le moment que nous allions mutuellement nous confier notre fort.

TRIVELIN, à part.

La rivale de Melufine paffera mal fon tems, puifqu'elle eft fur fes terres.

SILVIE.

La Fée prétend-elle m'enfermer dans ce magafin pour le refte de mes jours?

TRIVELIN.

Non, c'eft dans fon appartement qu'elle vous enmagafineta.

Melufine apprend par Trivelin qu'elle a une rivale, mais que cette rivale eft en fon pouvoir. Elle rend Silvie invifible pour tout le monde, & fait ufage d'une ceinture qui la fait paraître telle qu'elle veut. Elle aborde Silvie fous la figure d'une vieille.

MELUSINE.

Bonjour mon aimable & folitaire Cavalier.

SILVIE.

O ciel! Elle me voit, c'est une vieille Fée; gare la déclaration.

MELUSINE

Pourquoi marquez-vous cet étonne

ment?

SILVIE.

C'eft que vous êtes la premiere perfonne qui m'ais apperçue depuis une heure que je m'offre aux regards de ceux qui le préfentent; c'eft quelqu'enchantement quelque méchanceté de Melufine, mais je parle peut-être à une Fée de fes amies.

SUM E LUSINE

Parlez hardiment, c'eft une récréation pour nous autres Fées, que d'en

tendre médire de nos Compagnes.

SILVIE.

Ah! bonne Fée, prêtez-moi votre fecours.

MELUSINE.

Vous ne pouviez pas mieux tomber; je fuis la Fée complaifante.

SILVIE.

Votre nom annonce votre caractere bienfaisant.

MELUSINE.

Je vous en réponds, c'eft moi qui infpire toutes les complaifances qu'on a dans le monde..

SILVIE.

Eft-il bien vrai, grande Fée, que vous m'accordez votre protection con tre la fatiguante Melufine?

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MELUSINE, à part.

Je vais effuyer une confidence qui ne me divertira pas.

SILVIE, a part.

Cette vieille Fée voudrait-elle deve nir la rivale de Melufine? Je ne ferais

pas mal lotie.

MELUSIN E.

Quel eft votre embarras? Vous défiez-vous de ma puiffance? Sachez que je fais de Melufine tout ce que je veux, qu'elle ne peut rien opérer fans mon aveu, & qu'il ne tient qu'à moi de détruire dans un moment tout ce qu'elle a fait dans un fiecle.

SILVIE.

Eh bien, puissante Fée, délivrez-moi des importunités de Melufine, & puifque vous la connaissez, vous concevez bien que je ne puis pas l'aimer, moi.

MELUSIN E.

Je ne conçois pas bien cela; il me femble que Melufine peut être aimée. SILVIE.

On voit bien que vous êtes la Fée complaifante, puifque vous flattez jufqu'à Melufine.

MELUSINE, à part.

Le petit traître !

SILVIE.

Deplus, il faut que je vous avoue la vérité de mon aventure; vous êtes trop

fincere avec moi pour que je puiffe vous diffimuler plus long-tems que je fuis fille.

MELUSIN E.

Vous êtes fille! ah! Je fuis au dé

fespoir.

SILVIE.

Eft-ce que vous ne protégez que les garçons?

MELUSINE, ôtant fa ceinture.

Oui, perfide, c'eft moi; tremble après ce que je viens d'apprendre. détruifons fon invisibilité. Je veux que tout le monde foit témoin de l'exemple que je vais faire.

Le Marquis de Sainte-Fleur qui a reconnu Trivelin, lui a pardonné fa friponnerie en faveur des fervices qu'il a promis de lui rendre. Ils arrivent dans le moment que Melufine eft dans la plus grande colere contre Silvie.

TRIVELIN, au Marquis.

Ouf. Voici la Fée, & nous n'avons pas encore arrangé ce que nous lui_di

rons.

Le MARQUIS, à Trivelin. Déclarons-lui que je fuis un homme, elle ne fera plus jaloufe de moi.

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