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MELUSINË.

Croyez-moi, ceffez de m'offrir un cœur qui m'embarrafferait, préfentez-le plutôt à Melufine.

Le MARQUIS.

A Melufine! fi donc.

MELUSINE.

Fi donc! Eh! pourquoi, fi donc, s'il vous plaît?

Le MARQUIS.

Eh! Mademoiselle, pouvez-vous me railler fi impitoyablement; vous me propofez d'aimer Melufine: après vous avoir vue, la propofition eft- elle faifable?

MELUSIN E.

Je la trouve très faifable, moi; vous n'avez point de goût, vous êtes un petit écervelé ; je me fentais du penchant pour vous.

Le MARQUIS.

Vous vous fentiez du penchant pour moi, & vous me confeillez d'aimer Melufine, comment cela s'accorde-t il? D'ailleurs eft-elle faite pour être aimée! MELUSINE,

MELUSINE, à part.

Oh! je n'y puis plus tenir, montrons-lui Melufine, ôtons cette maudite ceinture qui ne m'attire que des fcènes défagréables. (après avoir ôté fa ceinture) Melufine eft - elle faite pour être aimée? Oh! que je vais me vanger de toi & de la perfide qui me dérobe ton cœur !

Le MARQUIS.

Je ne crains que pour elle.

MELUSINE.

C'en eft fait, vengeons-nous avant ma métamorphofe.... Mais ô ciel! il n'est plus tems.

Melufine eft transformée en un ferpent effroyable, qui difparaît. Le Marquis marque fa furprife, & Trivelin vient lui apprendre qu'il a trouvé la baguette de la Fée, & qu'on ne doit plus craindre fa puiffance. Silvie & le Marquis s'expliquent & fe reconnoiffent pour être deftinés l'un à l'autre par leurs parens. Trivelin les mene enfuite confulter l'horloge de vérité d'amour. L'Horloger à qui la garde en eft confiée, le Tome I. R

fait carillonner & chante plufieurs cou plets, dont voici le feul paffable.

Oh le beau reveil matin

Qu'une cloche au fon argentin!
Voulez-vous plaire à votre belle,
Faites fouvent fonner pour elle
Din, din, din, don,

Cet admirable carillon,

La Piece finit par un divertiffement d'Horlogers & de Carilloneurs. Elle eft en trois actes en profe, par Fufellier, & n'a point été imprimée ; ce qui nous a engagé à en donner un extrait plus étendu.

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ARTEMIRE.

Parodie en un acte en vers, 10 Mars 1720.

Artemire, femme de Pantalon, riche Marchand, fe plaint à Cephife, fa confidente, de la contrainte dans laquelle fon mari la tient.

Quand je fonge qu'il veut que l'on fuive mes

pas,

Et qu'il fait redoubler ferrure & cadenats,
Cette réflexion me met à la torture

Et redouble un penchant que donne la na

ture.

Pour rendre ma douleur plus forte & plus

amere,

Je vois dans mon époux, l'affaffin de mon pere;

Le traître saisissant mon cher pere au coler,
Au milieu de fon fein enfonça fon ftilet.

Cephife lui demande pourquoi elle n'a pas épousé un plus joli garçon? Artemire répond qu'elle n'étoit alors qu'un enfant, & que fes parens l'y contrai

gnirent, quoiqu'elle eut le cœur pris pour le jeune Philotas.

Il était amusant, beau, d'un maintien modefte,

Bien fait de fa perfonne & joli dans le reste.

Et fes vives tendreffes

Toujours recommençaient, épris de mes ap

pas;

Te le dirai-je enfin, il ne fe laffait pas.

Tu vois couler mes pleurs à ce feul fouve

nir.

Je pense à Philotas à toute heure, en tous

lieux,

Et rejoindre fon ombre eft le bien où j'afpire;

Tel eft l'état affreux de la trifte Artemire.

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Trivelin lui apporte une lettre de fon mari; elle est étonnée de cet excès de bonté qu'elle n'a jamais éprouvée; elle fe répand en action de grace. Trivelin lui dit, voyez ce qu'il écrit. Elle ouvre la lettre & lit.

Des profits que j'ai faits je faurai vous inf truire,

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