페이지 이미지
PDF
ePub

FATIM E.

Cette maladie nous prend ordinairement dans la jeuneffe, comme la rougeolle ou la petite verolle; avec cette différence que l'on peut échapper de celles-ci toute la vie, mais que la miere n'a jamais épargné perfonne. NINA.

pre

Ce n'eft donc pas notre faute fi je l'avons?

ARLEQUIN.

Certò, & ce mal-là vous a-t-il pris?
FATIM E.

S'il ne m'a pris, je l'attends; car il vient plutôt ou plutard, felon la différence des tempéramens.

NINA.

Glia déjà long-tems que ça nous tient, il faut que j'ayons le tempérament hâtif.

FATIME.

Tant mieux pour vous. L'amour eft une colique du cœur qui le gonfle, & lui donne des tranchées ; qui envoye une fievre à l'imagination avec des tranfports au cerveau; qui répand des

éblouiffemens fur la vue, & fait voir un objet tout autrement que les autres ne le voyent. Mais je n'ai pas le tems de vous expliquer cela tout du long, ni vous de l'entendre; car toi, Nina, ta mere m'envoie te dire de lui aller parler. Va vîte, & reviens ici, nous y raifonnerons du refte, je t'y attends.

ΝΙΝΑ.

Ah! Madame, je vous en prie, car il me femble qu'à en parler feulement cela me foulage.

FATIM E.

Va, va, je te guérirai.

NINA.

Oh! mais, Madame je ne veux pas être guérie tout à fait, au moins.

FATIM E.

Je vois bien qu'elle aime fa mélancholie; elle n'eft pas fi bête que je penfais. Pour Arlequin, je vais le foulager le premier; mais il faut qu'il me rende un fervice auparavant.

ARLEQUIN.

Si vous avez des fecrets pour cela, je ferai tout ce que vous voudrez.

FATIM E.

Pour te prouver que j'en ai, & de bons, c'eft que je vais tout à l'heure en faire l'épreuve à tes yeux fur un homme qui a la même maladie que toi, Elle lui apprend enfuite qu'on s'écrit des lettres, que l'on fe donne des rendez-vous, où l'on explique fes fentimens, quelquesfois on fe querelle, puis viennent les raccommodemens ; la tendreffe redouble, on fe lance des regards, on pouffe des foupirs, & pour figner la paix, l'amante accorde quelques pe tites faveurs honnêtes.

Arlequin rêpete comiquement & d'une maniere naïve, en comptant par fes doigts; des lettres, des rendez-vous, des fentimens, des querelles, des rac commodemens, des regards, des fou pirs, des faveurs honnêtes. Oh! que d'ingrédiens! il eft tranfporté de joie & court porter la lettre de Fatime au Seigneur Mario.

Fatime reftée feule, admire la naïveté de ces deux Amans, elle fouhaiterait ardemment en trouver un pareil; mais, dit-elle, par réflexion, aurais-je bien le cœur de rompre une union fi parfaite; je m'apperçois que je fuis encore

f peu Turque; qu'y faire, j'ai été élevée chez un Corfaire, c'eft un tour du métier. Elle fait part de fon projet à Trivelin, qui lui apprend la prochaine arrivée de Pantalon, & l'affure qu'elle aura de la peine d'enlever à Nina, le cœur d'Arlequin. Cette jeune fille revient: Fatime la queftionne encore fur fon état. Nina lui répond toujours avec la même naïveté, & Fatime lui propofe de fe marier pour se guérir. Nina deman de comment le mariage guérit de l'ar mour? Fatime le lui explique..

NINA.

Je ne veux donc point du mariages, il guérit trop tôt.

FATIME.

Eh bien! effayez de l'abfence, elte guérit plus lentement.

NINA..

L'abfence, qu'est-ce que cette?

drogue-là ?

FATIM E.

Ce n'eft pas une drogue, ce n'eft qu'un régime, Ce ferait de ne plus voigr Arlequing

Sw

ΝΙΝΑ.

Ah! ne plus voir Arlequin, tenez; Mademoifelle, ce remede-là me ferait encore plutôt mourir que la maladie.

FATIM E.

Eh bien, puifque vous l'aimez mieux, mourez donc de la maladie.

NINA.

Oh! je ferons fi bien enforte, Arlequin & moi, que je n'en mourrons pas.

(On appelle Nina des coulisses ). Nina, Nina, Nina.

NINA.

Adeffo Signora madre. Non, je ne faurais m'imaginer qu'il n'y ait point d'autres remedes que ceux-là; vous ne me les voulez pas, dire.

(On l'appelle encore).

Nina, Nina.

Vado, vado, maledettà fia la ma

arigna.

FATIME, feule.

Voici une petite fille affez vive pour trouver fans moi d'autres remedes, &

« 이전계속 »