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qui par ignorance, pourrait bien s'en fervir.

Arlequin revient fuivi du Seigneur Mario, qui exprime fa joie de retrouver Fatime, qui partage fes empreffemens, mais qui refufe abfolument de l'époufer. Mario fe défefpere & monace de fe poignarder.

ARLEQUIN, à part.

Voilà les fentimens qui operent. Après une longue réfiftance, Fatime fe rend. Mario fait exhaler fa joie en tranfports, & Arlequin s'écrie: il eft guéri, il eft guéri. Trivelin accourt avertir Mario, que Pantalon arrive; celui-ci fort avec Fatime, & Arlequin dit qu'il va effayer avec Nina, du rendez-vous, du myftere & des faveurs honnêtes. Il demande à Trivelin una lettre pour donner à Nina; Trivelin qui veut s'amufer aux dépens d'Arle quin, lui donne un billet qu'il vient de recevoir d'un de fes malades. Arlequin prie encore Trivelin de fe charger de la remettre lui-même tandis qu'il fera le myftere Nina arrive, & Arlequin fe cache le nez dans fon manteau, pour imiter Mario qui fe cachait en entrant

NINA.

Quelles cérémonies font-ce là? que fais-tu donc ?

ARLEQUIN.

Paix, paix, je fais le myftere; c'eft un rendez-vous: lis la lettre.

NINA, lit.

Medico mio caro, ho pigliato il remedio che m'havete mandato hier fera, e fta matina ho fato una copiofa operatione.. ARLEQUIN

Baife, baife la lettre?

NINA.

Fi donc, m'eft avis qu'elle ne fentpas fi bon que la marjolaine. Mais, Arlequin, es-tu devenu fou? Que veulent dire tes fimagrées?

Arlequin copie burlefquement ce qu'il a entendu dire & ce qu'il a vu faire. Mario.

ARLEQUIN.

Je te trouve enfin, cara Nina, & le plaifir de ta perte m'aurait fait mou, rir, fi la douleur de l'efpérance ne m'await pas réchappé; mais je ne veux plus. m'expofer à la colere du danger de la tirannie des lieux,.. Mais réponds-moi donc ?

NINA.

Tu te mocques de moi, que veuxtu que je te réponde?

ARLEQUIN.

Ah cruelle! non, vous ne m'aimez point, parce que la prudence & la barbarie de l'affliction qui affaffine les fentimens.... Vous ne m'aimez point..

NINA.

Mais, Arlequin, d'où vient ta co

lere?

ARLEQUIN, à genoux.

Ah! belle Nina, donnez-moi la pro messe du gage du baiser fur votre main blanche, & les chagrins de mon cœur font effacés; je fuis guéri, oui je fuiss guéri. Et toi, es-tu guérie ?

NINA,

Comment guérie?:

ARLEQUIN

Le myftere, la lettre, l'opération 2 copieufe, les fentimens; tout cela ne t'a pas guérie de l'amour?

NFNA

Guérie de l'amour! vraiment non.

ARLEQUIN.

Hélas! ni moi non plus.

Il compte par fes doigts, & dit tout haut:) Voilà pourtant tout.

NINA.

Pourquoi me demandes-tu cela?
ARLEQUIN.

Parce que ce font des remedes pour foulager l'amour, à ce que m'avait promis Fatime.

NINA.

Cela, des remedes pour foulager l'amour ? cela? cela? oh! non, je fens bien qu'il m'en faut d'autres...

ARLEQUIN.

Comment ferons-nous donc?

NINA

Ah! voilà le Seigneur Pantalon notre maître qui arrive.

Pantalon arrive & amene les violons à fa fuite pour faire danfer les vandangeufes & les filles du village. On chante:

En vandange on boit, on rit,
On fait moiffon d'allégreffe

Le cœur même s'attendrit,

On n'y voit plus de tigreffe:

Au printems l'amour nous blefe,
En automne il nous guérit.

Pantalon veut faire chanter Nina qui eft toute honteufe; mais Bertholdo fon pere l'y oblige, & elle chante en tremblant ce couplet fi naïf & fi connu.

Baife-moi donc me difait Blaife;
Nennin, je ne fuis pas fi niaife,
Ma mère me le défénd bien;
Mais voyez le fot Nicodême,
La fienne ne lui défend rien,
Que ne me baifait-il lui-même !

Au fecond acte, Fatime veut mettre à exécution le projet qu'elle a formé d'époufer Arlequin; Trivelin a obtenu le confentement du pere d'Arlequin, & c'eft par la balourdife de ce dernier, que Fatime prétend faire réuffir la chofe. Il n'a, dit-elle, jamais vu que fes chevres; il ignore, auffi bien que Nina, que ce n'est qu'en sépoufant, qu'ils peuvent être heureux. Je vais l'en inftruire; & fous. prétexte de lui apprendre ce qu'il faut faire avec elle, je l'épouserai moi

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