La FÉE. H ne m'entend pas, mais du moins fa méprife m'a fait plaifir, ( à Arlequin) baifez la vôtre à préfent, Arlequin baife le deflTus de fa main. La Fée lui donne la bague à condition qu'il prendra fa leçon , alors le Maître à Danfer lui apprend à faire la révérence, & Arlequin égaye cette ftène par toutes les balourdifes qui lui viennent à l'imagination; il dit enfuite en bâillant, je m'ennuie: eh bien, dit la Fée, en voilà aflez ; nous allons tâcher de vous divertir. Arlequin faute de joie, & la Fée le fait afleoir à côté d'elle pendant le divertiflement: dans le tems qu'on danfe, Arlequin s'a• mufe àfiffler; un Chanteur s'adrefTe à Jui & lui dit: beau brunet, l'amour vous appelle. Arlequin fe leve niaifement, & dit: je nel'entens pas. Le Chanteur reprend , beau brunet, l'amour vous appelle , & Arlequin dit, en s'afleyant, qu'il crie donc plus haut»'Le Chanteur, continue en lui montrant la Fée. Voyez-vous cet objet charmant; ARLEQUIN. Dam, cela eft drôle. La FÉE. Cher Arlequin, ces tendres chanfons ne vous infpirent- elles rien? Qu* fentez-vous;? ARLEQUIN. Je fens un grand appétit. T RIV E LIN. .C'eft-à-dire qu'il foupire après fa collation; mais voici un payfan qui .veut nous régaler d'une danfe de village, après quoi nous irons manger. La Fée le fait rafleoir , & il s'endort. Lorfque la danfe eft finie, elle le réveille' .& il fe met à pleurer en appellant fon pere & fa mere; la Fée recommande à Trivelin de le djftraire, & ils fortent JoUS. Le théâtre change & repréfente au loin un valon, dans lequel paiflent quelques rnoutons. Silvia paraît fuivie d'un Berger, qui lui conte fon douloureux martire, & qu'elle rebutte. Arlequin entre en jouant au volant, il vient de cette façon jufqu'aux pieds de Silviaj là,.en jouant,, il laùXe toroH>er le volant, & en fe baiflant pour le ramafTer, il voit Silvia; il demeure étonné & courbé; petit à petit & par fecouiïès, il fe redrefle le corps ; quand it s'eft entierement redrefle , il la regarde; elle honteufe, feint de fe retirer; dans cet embarras, il l'arrête & dit : vous êtes bien preflee.' SILVIA. Je me retire, car je ne vous connais pas. ARLEQUIN. Vous ne me connaiflez pas ! tant pis; fàifons connaiflance, voulez-vous? SI L V I A ,, encore honteufe.Je le veux bien; 'ARLEQUIN, alors's'approche d'elle Gr lui marque fa joie par de petits ris^ & dit: <Que vous êtes jolie! SILVI A. ARLEQUIN, SILVIA, en riant un peu à fon tour. Vous ctes bien joli auffi, vous! ARLEQUIN. Tant mieux -, où demeurez-vous ? jô vous irai voir. Silvia lui apprend qu'elle eft aimée d'in Berger qui pourrait les épier , ce qui afflige Arlequin; mais elle l'aflure qu'elle n'aime point ce Berger, & Arlequin fe confoîe. Il lui apprend auffï qu'il loge chez la Fée, ce qui caufe à Silvia de la jaloufie, parce quelle dit que la Fée eft plus belle qu'elle. Arlequin la raflare, elle n'a plus d'autre inquiétude que celle da les moutons qui s'éloignent & qu'elle eft obligée de fuivre. Arlequin lui prend la main, qu'il baife, en difànt; oh! les jolis petit* doigts, je n'ai jamais eu de bombons fî bons que cela. Silvia laifle tombet ion mouchoir, en s'en allant, Arlequin. le ramafle & la rappelle pour le lui rendre ; mais il dit, par réflexion, qu'il veut le garder pour lui tenir compagnie, & le baifer quelquefois. La Fée reparaît dans fes Jardins, Trivelin lui apprend que l'Enchanteur eft venu , il l'entretient des tranfports d'amours qu'il a fait paraître: elle eft charmée de ne s'y être point trouvée,. & Trivelin lui dit qu'il doit revenus t>ten-tôt, & lui demande comment ella le tirera d'affaire? La FÉE. Jufqu'ici je n'ai point encore d'autre parti à prendre que de le tromper. TRI VELIN. Eh! n'en fentez-voas pas quelques içmords de confcience? La F É E. Oh! j'ai bien d'autres chofes en tête, eu'àm'amuferàconfultermaconfcience ïur une bagatelle. TRIVELIN,^^, Voilà ce qui s'appelle un cœur de femme complet, La Fée dit qu'elle s'ennuie de ne point voir Arlequin; il arrive en tenant a la main le mouchoir de Silvia,' qu'il regarde & dont il fe frotte doucement le vifage; il fe tient auili plus droit qu'à l'ordinaire; il met ie mouchoir dans fon fein; il fe couche & fe roule deflus, & tout cela avec une grande gaieté. La FÉE.es l'abordant, Bon jour, Arlequin. |