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EXTRAIT

De quelques Canevas Italiens

ROSAURE,

»Impératrice de Conftantinople, re» présentée fur le théâtre du petit Bour» bon par la Troupe Italienne, avec des plus agréables & magnifiques vers, mufique, décorations, changemens de >> théâtre & machines entremêlées à chaque acte, de ballets d'admirable invention, &c. &c. &c.

Tel eft l'argument imprimé de la Rofaure par l'Auteur de la Piéce même: s'il ne nous donne pas une grande idée de fon ftyle, il nous en donne une fuffifante de fa modeftie; il est bon de remarquer encore qu'il écrivait du temps de Moliere & de Boileau.

Le premier acte n'eft exactement qu'un prologue qui n'a nul rapport à la Piéce. Le théâtre repréfente une forêt; dans la forêt, il y a une montagne, fur la montagne il y a un temple; dans le temple il y a l'image de Louis XIV &

les armoiries du Cardinal Mazarin. La France & le Dieu de la Valeur font énfemble l'éloge du Monarque, de fa famille, de fa poftérité, de fes Miniftres, & tout difparaît.

Cet acte eft en vers & en mufique ; ce qui prouve que nos Opéra-Comiques mêlés d'ariettes, ne font pas d'une invention fi moderne. On voit auffi clairement que ce prologue n'eft-là que pour faire l'éloge de Louis XIV: affectation qu'on a reprochée aux Auteurs de fon fiécle; les Divertiflemens de Moliere, les Prologues de Quinault, les Odes de Boileau; prefque tous les Ouvrages du temps font pleins des louanges de ce Monarque, Protecteur des Arts & des Sciences.

Au fecond acte, le théâtre repréfente la cour du Palais de Rofaure; les Courtifans la preffent de fe marier; elle demande encore un an pour fe déterminers Aldore, fa coufine & fameufe Magicienne, lui fait voir quatre Princes étrangers; l'Impératrice devient amoureufe de l'un d'eux, le Comte de Parti Napoli; mais il doit épouser Ifabelle, fille unique du Roi de France. La fcêne change & fait voir le Roi de France chaffant avec le Comte; Ro

faure fe préfente à ce Comte fous différentes formes, elle l'enflame; il eft enlevé avec fon Valet Scaramouche; & l'acte finit par une danfe de Tri

tons.

L'Acte fuivant fait voir Aldore & l'Impératrice dans un beau Château; le Comte & fon Valet paraiffent: celuici preffé de la faim, court à une table couverte de mets qui fort de deffous terre; plufieurs enchantemens l'empêchent d'y toucher; (1) Rofaure invifible, perfuade le Comte de conclure fon entreprife, & l'acte eft terminé par un balet de Fantômes.

La décoration du quatrieme acte, eft d'abord la même : Rofaure toujours invifible, avertit le Comte que Paris eft affiégé, & qu'il faut qu'il aille le délivrer; un hydre enleve le maître,

un

dragon en fait autant du valet; & la Princeffe s'amufe à donner audience aux trois Princes que fa coufine lui avait fait voir le théâtre repréfente alors le Château; le Comte & fon Valet y reviennent à l'inftant dire qu'ils ont rem

:

(1) Cette fcêne 'fe joue maintenant dans Camille, Magicienne.

porté la victoire ; ( la scêne eft de nuit) Rofaure engage le Comte de l'embraffer, ce qu'il fait, & cet amant lui fait le récit de fes valeureux exploits, ce qui ne manque pas d'endormir la Princeffe; le Comte auffi curieux que Pfiché, veut profiter de cet inftant pour la voir, il reconnaît la Dame de la forêt de France; Rofaure fe réveille, fe fâche, le fait mettre en prifon, & chante un pe tit air fur la cruelle néceffité qui l'a contraint à le traiter ainfi.

Ilabelle arrive de Paris à l'inftant les armes à la main, pour demander fon amant qu'Aldore enleve dans une nuée d'exhalaisons funeftes, & elle lui propole un tournoi, pour remporter Rofaure : les efprits & les exhalaifons funeftes reftent fur le théâtre pour y faire un balet.

Le dernier acte doit représenter le tournoi; Isabelle parait devant Rofaure, & fe plaint de ce qu'on lui enleve fon amant; mais l'Impératrice lui donne fur cela de fi bonnes raifons, qu'elles reftent les meilleures amies du monde.

Le Comte eft, comme on fe l'imagine, le vainqueur; il refuse Isabelle avec toute la politeffe poffible, & épouse Rofaure; Ifabelle qui n'avait fait le voyage que pour avoir un mari, s'ac

croche à l'un des trois Princes; la Magicienne Aldore en prend un autre; & il n'y a pas une femme de la fuite qui ne foit épousée.

Là-deffus, le Dieu de la Valeur arrive à cheval fur un aîgle pour féliciter le Comte, & lui dire que, puifqu'étant Français, le deftin l'a fi bien protégé, tout l'Orient ne peut pas manquer d'être foumis quelques centaines d'années après à Louis XIV.

Cette admirable Piéce, dit l'Auteur, eft terminée par un notable balet de Pages Français & Grecs.

I MORTI

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