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ge, en attendant qu'il ait appris la fienne; & après lui avoir fait fouffler une allumette, felon l'ufage de fon pays, il veut l'emmener avec lui; Violette fe défend, & Flaminia l'en empêche, & lui apprend que cela n'eft point permis.Arlequin répond que c'est une grande folie de défendre ce qui fait plaifir, & ne fait de tort à perfonne: Violette & Flami nia fortent, & il arrive un Marchand porte-balle qui offre fa marchandise à Arlequin.

ARLEQUIN.

Pourquoi me fais-tu voir cela?

Le MARCHAND.

Afin que vous voyez s'il y a quel que chofe qui vous faffe plaifir.

ARLEQUIN.

Et tu me le donneras?

Le MARCHAND.
Avec joie, je ne demande pas mieux.
ARLEQUIN, à part.

Le Capitaine a raifon, il m'a dit qu'il y avait des gens qui faifaient leur métier de prévenir les befoins des auares; il ne ment pas, (au Marchand )

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& tu vas donc par le

pays porter ces

chofes pour chercher des gens qui les prennent ?

Le MARCHAND.

Oui, Monfieur, il le faut bien.

ARLEQUIN.

Les bonnes gens! les bonnes gens & la belle chofe que les Loix!

Il examine tout avec curiofité, & chaque bijou le jette dans l'admiration..

Le MARCHAND.

Allons, Monfieur, voyez ce qui vous fait plaifir.

ARLEQUIN

Tout me fait plaifir.

Le MARCHAND.

Tant mieux, un Marchand ne demande pas mieux que de fe défaire de fa marchandise.

Arlequin prend tout, & le Marchand lui demande cinq cens francs. Arlequin répond qu'il n'a point de francs & qu'il ne fait pas même ce que c'eft. Le Marchand veut reprendre fa marchandise, Arlequin s'impatiente & le roffe; il veut prendre aux cheveux, mais le Mar

chand fe fauve & lui laiffe fa perruque entre les mains. Comment diable, dit Arlequin, les gens de ce pays-ci ne font point tels qu'ils paroiffent; la bonté, la fageffe, l'efprit, la chevelure, tout eft emprunté chez eux. Des Archers viennent & veulent arrêter Arlequin, il les bat; mais il eft obligé de céder au nombre, & ils l'entraînent en prifon, lorfque Lelio arrive & termine cette affaire, en lui faifant reftituer la marchandise au Marchand, & en donnant de quoi boire aux Archers. Il lui apprend enfuite ce que c'eft que le droit de poffeffion, le tien & le mien; comment on fe fert de l'argent pour représenter la valeur des denrées & pour en faciliter le commerce, ce qu'Arlequin a beaucoup de peine à comprendre; mais lorfque Lelio lui a fait concevoir qu'il eft pauvre & qu'il fera obligé de fervir d'autres hommes parcequ'il manque de cet argent, il entre dans une grande colere contre lui, & lui dit de le remener dans fes forêts oublier qu'il y a des pauvres & des riches. Mario, ami de Lelio, furvient; ils fe comblent de careffes & témoignent la joie qu'ils ont de fe retrouver; ils fe font une confidence réciproque de leurs

amours, mais il fe trouve que Flaminia en eft l'objet. Auffi-tôt qu'ils fe font reconnus pour rivaux, leur amour leur fait oublier leur amitié, & ils mettent l'épée à la main pour difputer Flaminia. Arlequin veut les féparer, ils ne peuvent fe débarraffer de lui, qu'en lui apprenant les raifons d'un changement fi fubit. Lorfqu'ils l'en ont inftruit, il s'écrie: oh! les fottes gens! Dites-moi, continue-t-il, celui qui tuera l'autre, époufera donc cette fille?

Oui,

MARIO.

ARLEQUIN.

Oui; & favez-vous fi elle le voudra? Elle aime l'un ou l'autre, ainfi il faut lui demander avant que de vous battre, celui qu'elle veut que l'on tue.

Mais

LELIO.

ARLEQUIN.

Mais, mais... Oui bête que tu es ; car fi c'est lui qu'elle aime & que tu le tue, elle te haïra d'avantage & ne vou dra point de toi. Vous êtes deux ânes; au lieu de vous battre, allez trouver

cette fille, & demandez-lui celui qu'elle veut celui-là l'époufera, & l'autre ira en chercher une autre, fans fe fâcher mal-à-propos contre un homme qui ne lui fait point de tort, puisqu'il a autant de raifon de vouloir cette fille que lui, & que ce n'eft pas fa faute fi elle l'aime davantage.

Le raifonnement d'Arlequin les éclaire & les ramene à des fentimens plus raisonnables & plus modérés. Arlequin rencontre enfuite un Plaideur, qui fe plaint de l'injuftice des hommes. Arlequin lui demande fi c'eft qu'il a manqué auffi d'être pendu, il lui apprend fon hiftoire avec le Marchand. Le Plaideur conclud naturellement qu'il a affaire à un voleur, & il a lieu d'être confirmé dans cette opinion. Dans la fuite de cette fcène, qui eft très-comique, il cherche à s'efquiver; mais Arlequin le retient & lui dit qu'il veut caufer avec lui.

Le PLAIDEUR.

Excufez, je n'en ai pas le tems.

ARLEQUIN,

Il faut le prendre.

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