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Par exemple, il y a des ignorans qui prétendent que le foleil eft le principe de la génération; moi je fuis d'une opinion contraire, & je le prouve par un feul exemple.

Un jeune homme devient amoureux d'une jeune fille; il l'époufe; on fait les nôces; la nuit arrive ils fe cou-chent; le lendemain matin fa femme fe trouve enceinte; je demande en quoi le foleil s'eft mélé de leurs affaires? Arlequin s'en, tire enfuite comme il peut aves de pareilles folies; un la. fituation qui donne le titre à la Piéce eft une lettre qu'Arlequin doit remettre à l'amoureuse; la porte lui étant interdite, il entre & fort plufieurs fois par la fenêtre.

Cette Comédie a souvent été remise fur le nouveau théâtre, mais d'une maniere bien différente & avec beaucoup de changemens, qui n'ont fervi qu' l'épurer & à la rendre plus réguliere, fans qu'elle en foit moins plaifante."

IL CONVITATO DE PIETRA,

Le Feftin de Pierre (1).

Arlequin vient couvert d'un manreau noir, tenant en l'air une épée efpagnole, au bout de laquelle eft une fanterne, & dit fi tous les couteaux: n'étaient qu'un couteau..... ah quel couteau !fi tous les arbres n'étaient qu'un arbre; ahí quel arbre! fi tous les hommes n'étaient qu'un homme; ah quel homme! fi ce grand homme prenait ce grand couteau, & qu'il donnat un grand coup à ce grand arbre & qu'il lui fit une fente; ah quelle fente : après ce beau propos, qui revient au fujet,

(1) Lorfque les Comédiens Italiens repréfenterent cette Piéce, tous les théâtres Français en donnaient à l'envi des copies : Viliers en fic une pour l'Hôtel de Bourgogne; Dormion pour celui de la rue des quatre Vents; Rofimont fit repréfenter la fienne fur le théâtre du Marais; & celle de Moliere, mife depuis en vers par T. Corneille, fut jouée fur le théâtre de Guénégaud.

comme l'éloge du tabac qui commence le Feftin de Moliere, Don Juan arrive. Lazi de peur d'Arlequin, qui laiffe tomber fa lanterne, elle s'éteint; Don Juan à ce bruit, met l'épée à la main; Arlequin tire la fienne, fe couche à terre fur le dos, la tient droite, de façon que Don Juan la rencontre toujours en s'efcrimant, ce qui fait un jeu de théâtre affez plaifant; enfin il la laiffe tomber, & s'écrie: je fuis mort; Don Juan qui le reconnaît, fâché de l'avoir bleffé, fe nomme, l'appelle par fon nom, & lui demande s'il eft effectivement mort: fi vous êtes véritablement Don Juan, répond Arlequin, je fuis encore en vie; mais fi vous ne l'êtes pas, je fuis bien

mort.

Le Duc Octavio vient avec PantaIon fon confident; le Duc doit époufer 'bientôt Dona Anna fa maîtreffe, que le Roi lui a accordée; il en a même obtenu un rendez vous pour la nuit prochaine ; à cette nouvelle, Don Juan lui propofe de troquer de manteaux; le Duc y confent; Arlequin en fait autant avec Pantalon, & lorfqu'ils font reftés feuls, Don Juan apprend à Arlequin que fon deffein eft de tromper Dona Anna, par le moyen de cet

échange; il s'introduit chez elle, & Arlequin fait lé guet à la porte; il entend du bruit & s'enfuit: ce font les cris de Dona Anna qui appelle du fecours contre la violence de Don Juan; on entend la voix de fon pere, & bientôt l'on voit D. Juan qui fe fauve l'épée à la main ; & le vieux Commandeur qui le poursuit en chemife & auffi l'épée à la main; le combat fe paffe fur le théâtre; le Commandeur eft tué & tombe, après avoir long-temps lutté contre la

mort.

Cette affaire a de grandes fuites; Dona Anna vient en demander ven geance au Roi même, qui fait promettre dix mille écus à celui qui découvrira l'auteur de ce meurtre.

Arlequin fait tout haut fes réflexions là-deffus; fon maître l'entend & veut le tuer; Arlequin s'excufe, & affure qu'il n'en parlera pas; Don Juan fort après l'avoir éprouvé; Arlequin rencontre enfuite Pantalon, il lui parle de la publication des dix mille écus, & lui dit qu'il peut lui en faire gagner la moitié: comment cela, demande Pantalon? j'irai dire au Roi, répond Arlequin, que c'est toi qui as tué le Comman

deur, le Roi me donnera les dix mille écus, & nous partagerons.

L'acte fuivant, on voit une jeune pêcheufe auprès de fes filets, & un moment après Don Juan & Arlequin qui paffent à la nâge; Don Juan attrape le bord, & la jeune pêcheufe l'aide à fe tirer hors de l'eau; Arlequin tient une lanterne au milieu de la mer, & parvient enfin en criant; plus d'eau, du vin, du vin; il apperçoit fon maître évanoui dans les bras de la belle pêcheufe, & dit: fi je retombe jamais dans la mer, je fouhaite pouvoir m'échapper avec une pareille barque.

Comme il eft entourré d'une douzaine de veffies, il fe laiffe tomber fur le derriere & en créve une; bon, dit-il, voici le canon qui tire en figne de réjouiffance; Don Juan quitte le théâtre avec la jeune fille: pauvre malheureuse,› dit Arlequin en les voyant partir; que je vous plains de vous laiffer abuser par mon maître, il eft fi libertin, que s'il va jamais aux enfers, ce qui ne peut lui manquer, il tentera, je crois, de féduire Proferpine.

Don Juan revient fur la fcêne avec la pêcheufe ; je compte, dit-elle, que vous

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