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De la rofe, à moitié fanée,

Il détache, en détail, les feuilles tour à tour;
Mais la fleur, envain profanée,

Ne rendit point d'oracle. Un fage d'alentour,
S'écria.... Pauvre fot, dont l'efprit imagine
D'alambiquer un bien qui doit le réjouir!
Tu n'en fauras pas l'origine,

Et tu cefferas d'en jouir.

Goutons les biens flatteurs que le ciel nous envoie,
Sans rechercher comment il remplit nos defirs:
Si nous analifons la joie,

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Nous perdrons bientôt nos plaifirs.

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FABLE XVII.

Le Laurier & le Mirthe.

Ans Ans fa caiffe, à l'abri de la bife cruelle, Croiffoit un jeune mirthe, auprès d'un vieux laurier.

Le mirthe avoit été planté par une belle,

Le laurier occupoit tous les foins d'un guerrier.

་་

La difcorde eft fouvent fille du voisinage.
Entre nos arbriffeaux, ce malheur arriva:
Chacun vantoit fon appanage,

Sur ce fujet, entr'eux, certain bruit s'éleva.

Ofes-tu bien du pas me disputer la gloire,
S'écria le laurier d'un ton altier & prompt?
Des favoris de la victoire,

Sais-tu que mes rameaux ceignent l'augufte front?

A tant d'honneurs, ami, je n'oferois prétendre, Répondit auffitôt le mirthe d'un air tendre : Mais, de l'aimable Aminthe & de la jeune Iris, Je couronne les favoris.

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Moi, j'en détefte les horreurs;

J'aime mieux préfider aux plaisirs de la terre,

Que d'être, comme toi, le prix de fes fureurs.

FABLE XVIII

La Tulipe & la Violette.

FIére de fa tige fuperbe, L'orgueilleufe tulipe infultoit hautement La violette, qui, sous l'herbe, Se déroboit modeftement.

Ainfi traite la villageoife

Une femme de qualité,

Quelquefois même une bourgeoise:

Le fage rit de leur fierté.

Poids inutile de la terre,

Dit la tulipe; en ce parterre,

Que veux-tu devenir? En être l'ornement?

Laiffe, laiffe, ma chere, aux fleurs qui me ressemblent, La gloire d'y former un embeliffement;

Et ceffe d'afpirer à fixer un moment

Les curieux qui s'y raffemblent.

Si tu fors, pour te diftinguer,

Des forêts où les dieux fembloient te réléguer, Contente-toi d'orner des jardins de village; Mais abandonne ceux des villes & des cours....

Voilà bien de mauvais difcours,
Répond la violette : à ce vain étalage
Je dédaigne d'avoir recours.

Peut-être aurois-je ici des courtifans de reste,
Si le foin d'en avoir avoit pû me toucher:
On perd toujours beaucoup à n'être pas modeste;
Souvent on gagne à fe cacher.

***

FABLE XIX.

Le Mouton indigent.

A Près avoir été, dit-on, fort à fon aife,
Un mouton devint pauvre, & fa facilité
En fut caufe, ne vous déplaise;

L'indigence eft fouvent le fruit de la bonté :

Auffi l'on s'en corrige ; & je vois nombre d'hommes, Qui, par bonnes raifons, dans le fiécle où nous fommes, Penchent vers l'autre extrémité.

Quant à notre mouton, dans fa triste aventure,
Il ne fût comment fe pourvoir;
Sans logement, fans nourriture,
Et fans argent pour en avoir.

Quel foin! Quel parti prendre en cette conjoncture?
Recourir aux amis ? Ce font de bonnes gens,
Tant que fubfifte la fortune;

Mais, hélas ! Il en est bien peu que n'importune
La vifite des indigens.

Cependant il faut vivre ; & tout ce que le monde
Débite fi publiquement

Contre les faux amis, dont l'univers abonde,
Ne donne pas de quoi subsister un moment.
Le mouton réfolut de rifquer une quête.
Une quête lui paroissoit

Diminuer l'affront du fort qui le pressoit :
Il favoit combien coûte une telle requête ;
Mais l'infortune l'y forçoit.

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