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Souvent fans fruit on s'humilie ;

Ce fut pour notre pauvre un furcroit de douleur :
On le railla. Par le malheur,

La vertu même est avilie.

D'un air injurieux, flegmatique & moqueur,
On reçut du mouton la tremblante priere;
Et de tous ces ingrats, la troupe meurtriere
Joignit l'infulte au mauvais cœur.

Il ne trouva qu'un chien, ami fidéle & tendre,
Qui ne put le voir & l'entendre,

Sans auffitôt le foulager:

Eh! Quoi, dit-il, mes biens ne font-ils pas les vôtres; Le vice a rendu tous les autres

Indignes de vous obliger.

Ils ont ofé vous outrager.

De tous ces mauvais cœurs, que l'intérêt commande, L'extrême dureté vous rend trifte & confus....

Non, je ne rougis point, ami, de ma demande ;
Mais j'ai honte de leur refus.

FABLE

FABLE X X.

L'Encens & la Poudre à Canon:

»Noire fille du Stix, vrai fleau de la terre ̧ » Toi, qui t'éléves dans les airs,

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Rivale de la foudre, ainfi que des éclairs,

Veux-tu faire aux mortels une éternelle guerre ?

» Celui qui le premier te paitrit de fa main,

(

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» Devint ta premiere victime;

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Que n'a-t'il, dans le même abîme,

Englouti, pour toujours, ton falpêtre inhumain?...

C'eft ainfi que l'encens, au fond d'une boutique,
Sur le ton d'une Philippique,

Parloit à la poudre à canon :

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Tu brilles moins que moi, lui répondit la poudre Et tu n'imites point les effets de la foudre :

Mais, es-tu moins nuifible?... Non. Que de têtes pourroient m'en dire des nouvelles !

H

Il en eft plus de cent que je pourois citer.

L'encens gâte plus de cervelles,
Que la poudre n'en fait fauter.

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FABLE XXI.

Les deux Tourterelles & l'Etourneau.

A MA FEMME.

UNique & cher objet de toute ma tendresse,

En dépit d'un fiécle moqueur,

Dans l'hommage ingénu, qu'en ces vers je t'adresse,
Ne cherche, ne vois que mon cœur.
Du tien feul je veux le fuffrage;

A l'obtenir pour mon ouvrage,
L'amour m'a déja préparé.

Qu'on ne m'accufe point de me flatter moi-même :
Les yeux de celle que l'on aime,

Lifent, avec plaifir, ce qu'ils ont inspiré.

Quoiqu'unis par les nœuds que forme l'himenée, Deux tourterelles s'adoroient;

Et, tendres époux, n'afpiroient

Qu'à voir durer toujours la chaîne fortunée,
Qui les chargeoit bien moins qu'elle ne les paroit.
Se quittoit-on une journée ?
C'étoit un an qu'on foupiroit.
On fe rejoint. Toute une année,
Comme un feul inftant, difparoft.

Dans un bocage folitaire,

Ils ne renfermoient point triftement leur amour ?
Ce qu'on aime à fentir, se plaît-on à le taire ?
La froideur feulement doit craindre le grand jour.

Un étourneau, jeune & volage, Badinoit quelquefois notre couple amoureux : Quel dégoût! Quelle horreur, que le fade étalage De l'attachement langoureux

De ces deux époux de village!

On n'y fauroit tenir, & j'en rougis pour eux. Quel est donc leur idée ? Eft-on dans le bel âge

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Pour exhaler fa flamme en foupirs fuperflus?
Nous fuivons une autre méthode;

Du dieu de l'himenée on a réduit le code
A cinq ou fix lignes au plus.

Ce que vous appellez un ufage commode,
Répondit notre couple, à l'amant à la mode;
Nous ofons le nommer abus & deshonneur:
On doit cacher un feu blâmable;

Mais quand le choix est estimable;
On aime à publier fa gloire & fon bonheur.

Exhortons les amans fidéles

'A laiffer voir en eux l'exemple du devoir : On ne fauroit trop en avoir;

Notre fiécle, en ce genre, a besoin de modéles.

Fin du troifiéme Livre.

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