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FABLES

NOUVELLES

LIVRE QUATRIE ME.

FABLE PREMIERE.

Le Grenadier à fleurs & le Grenadier à fruits:

A monfieur D***, de l'académie françoise & de celle des infcriptions.

Ans un agréable parterre,
Habitans de la même terre,

Vivoient deux grenadiers; l'un à fleurs à

l'autre à fruit.

L'un, de fon vain éclat, faifoit grande parade;
Mais, c'étoit tout. Son camarade

Valoit bien davantage, & faifoit moins de bruit.

Tes fleurs, difoit l'autre fans ceffe,
N'ont rien que de vulgaire & de mal ajusté;
Et les miennes, fans vanité,
Pareroient même une princeffe;

Elles embelliroient jufques à la beauté....
C'étoit porter loin la fierté!

Celle du grenadier, favorifé de Flore,
Difparut avec le printemps:

Le fort des fleurs n'eft pas de durer plus long-temps;
Eft-ce bien la peine d'éclore?

De l'autre grenadier, les fruits délicieux
Furent des preuves en automne;

Que les doux préfens de Pomonne

Quoique moins féduifans, font les plus précieux.

Le bon auteur, pour moi, c'est celui qui m'éclaire

Et chez qui le bon fens l'emporte fur l'efprit;
Et je préférerai toujours dans un écrit,

Le bonheur d'être utile, à la gloire de plaire.

ENVOI.

Dans ces deux grenadiers, je reconnois quelqu'un ;
Qui, par un talent peu commun
Dans un fiécle tel que le nôtre,
Sait joindre l'agrément de l'un,
A la folidité de l'autre.

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FABLE II.

Le Mouton en place.

A La cour du lion, un mouton fut admis

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Sa douceur lui tint lieu de talens & d'amis.
Compere le renard, expert dans la rubrique
Que doit favoir un courtisan,

Railla fort l'officier de nouvelle fabrique,
Qu'il avoit vû, dit-il, un pauvre paysan:
Comptez qu'il oubliera bientôt qu'on l'a vû naître

:

Au milieu d'un village, & d'un vulgaire fang: Cette canaille-là, mise en un certain rang, Tarde-t'elle à fe méconnoître ?

Le railleur, cette fois, manqua d'habileté :
Le mouton conserva son humeur bonne & ronde,
Et n'ufa de fa dignité,

Que pour obliger tout le monde.
Par tous les grands, hélas ! Que n'est-il imité?

On tenoit à l'humanité,

Avant de tenir à la gloire :

Le capital de l'homme eft la fociété ;

Le rang n'en eft que l'acceffoire,

Et ne devroit jamais lui ravir la mémoire
De fa premiere qualité,

Un

FABLE III,

Le Payfan & fon Champ.

PAr fon pere, à l'extrémité,

Si l'on m'a dit la vérité,

pauvre villageois , pour unique héritage ; D'un petit fonds de terre avoit été doté;

Terrein petit par l'arpentage
Et grand par fa fécondité,

Mais la terre la plus fertile, Demande du repos ; & notre payfan, Des gains réitérés avide partisan,

Crut rendre fon fonds plus utile,

En le faifant produire & deux & trois fois l'an,
Notre manan, fur cette idée,

Regle déja fon plan,

Ma terre au pur froment en novembre accordée, » Au mois d'août blé rapportera

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