FABLES NOUVELLES LIVRE QUATRIE ME. FABLE PREMIERE. Le Grenadier à fleurs & le Grenadier à fruits: A monfieur D***, de l'académie françoise & de celle des infcriptions. Ans un agréable parterre, Vivoient deux grenadiers; l'un à fleurs à l'autre à fruit. L'un, de fon vain éclat, faifoit grande parade; Valoit bien davantage, & faifoit moins de bruit. Tes fleurs, difoit l'autre fans ceffe, Elles embelliroient jufques à la beauté.... Celle du grenadier, favorifé de Flore, Le fort des fleurs n'eft pas de durer plus long-temps; De l'autre grenadier, les fruits délicieux Que les doux préfens de Pomonne Quoique moins féduifans, font les plus précieux. Le bon auteur, pour moi, c'est celui qui m'éclaire Et chez qui le bon fens l'emporte fur l'efprit; Le bonheur d'être utile, à la gloire de plaire. ENVOI. Dans ces deux grenadiers, je reconnois quelqu'un ; ************* FABLE II. Le Mouton en place. A La cour du lion, un mouton fut admis 3 Sa douceur lui tint lieu de talens & d'amis. Railla fort l'officier de nouvelle fabrique, : Au milieu d'un village, & d'un vulgaire fang: Cette canaille-là, mise en un certain rang, Tarde-t'elle à fe méconnoître ? Le railleur, cette fois, manqua d'habileté : Que pour obliger tout le monde. On tenoit à l'humanité, Avant de tenir à la gloire : Le capital de l'homme eft la fociété ; Le rang n'en eft que l'acceffoire, Et ne devroit jamais lui ravir la mémoire Un FABLE III, Le Payfan & fon Champ. PAr fon pere, à l'extrémité, Si l'on m'a dit la vérité, pauvre villageois , pour unique héritage ; D'un petit fonds de terre avoit été doté; Terrein petit par l'arpentage Mais la terre la plus fertile, Demande du repos ; & notre payfan, Des gains réitérés avide partisan, Crut rendre fon fonds plus utile, En le faifant produire & deux & trois fois l'an, Regle déja fon plan, Ma terre au pur froment en novembre accordée, » Au mois d'août blé rapportera ** |