Je fuis affurément, je fuis plus que perfonne, Mais dans votre ménage, entre nous, je foupçonne N'est-ce pas devant vous que tout animal tremble? ` Vous êtes un fi puissant roi, Que vos careffes, ce me femble, Doivent remplir un cœur moins d'amour que d'effroi : Que fuivent dans Paris tant d'époux que je voi? Je ne puis revenir d'une jufte furprise; Si j'étois votre époufe, ah! Sire, franchement, Que votre majesté, d'un vif amour éprise, Et ne m'étranglât par méprise. Pitoyable raifonnement, Répondit le lion; me prens-tu pour un homme? Tu conclurois plus fagement Que ma femme doit craindre un mauvais traitement. Oui, cet être dont on renomme L'homme, en un mot, que l'on appelle L'animal raifonnable, eft le feul affez vain, Pour ofer méconnoître & frapper fa femelle. FABLE VIII. L'Abeille & le Papillon A Mademoiselle *** fur la lecture. Vous favez, jeune Iris, que l'utile lecture; Elle est mere du goût & du difcernement; Elle purge nos cœurs & notre entendement : Vous faites, du plaifir de lire, Mais pour en profiter, oferois-je le dire? Du petit oranger le foible compliment Je vous offre encore une fable. L'Apologue qui plaît eft un bon argument. Expliquez-moi, de grace, ô trop heureuse abeille! Difoit un jour le papillon, Par quelle étonnante merveille, Sans ternir de nos fleurs l'éclatant vermillon, Ce miel, que tous nos foins ne nous donnent jamais?.. Ce que vous faites, je le fais : Vous cultivez les fleurs ; n'en fais-je pas autant? De mes talens connus à la ville, au village, Hé! répondit l'abeille à l'infecte volage, Tu voles d'un aîle légére De fleurette en fleurette, & cela te fuffit: Que nous Ton ardeur est trop passagére. C'est en nous fixant fur les fleurs y recueillons cette admirable effence, Dont chaque jour l'aurore en pleurs Arrofe les jardins où Flore prend naissance. Si je voltigeois comme toi, Le miel ne feroit pas pour moi. Aux frivoles lecteurs l'abeille fait la guerre : Chaque livre est comme un parterre Mais qui proméne un œil rapide Sur les fleurs & les fruits de ce jardin charmant, Prive d'un miel auffi doux que Et l'efprit & le fentiment. folide FABLE IX. L'Oeil & la Pantoufle. * Le plus bel œil de l'univers, Et c'eft dire affez clairement, Qu'il avoit quelque droit d'être plus fier qu'un autre Dans je ne fais quel mouvement A la pauvre pantoufle infulta fierement; Tant pis; car il fiéd bien, c'est vous que j'en attefte, Iris, lorfqu'on a mille appas, * Sujet impofé à l'auteur par Madame *** De |