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Allez; & vous trouverez-là

Bon nombre de ces oifeaux-là.

Quoi qu'il en foit, le paon, chez la perdrix timide, Eut ordre, un beau matin, de ne plus revenir; Elle craignoit trop l'avenir.

Quant au pauvre pigeon, dont toute l'éloquence
Etoit air de candeur & de fimplicité,
Et qu'on ne remarquoit qu'à fa timidité,

Il fut trouvé fans contéquence,

Et la perdrix fouffrit son affiduité.

L'amant que l'on écoute eft fûr d'être goûté.
Le pigeon ne fut point à plaindre ;

La perdrix vit trop tard le moment périlleux.

Ce n'est point l'amant orgueilleux,
C'est le modefte qu'il faut craindre.

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FABLE VI.

La Linotte & la Fauvette.

FElicitez-moi donc d'avoir fû me défendre

D'un jeune moineau franc qui vouloient me charmer,
Difoit une fauvette tendre,

A certaine linotte experte en l'art d'aimer.
Quel bonheur d'échapper aux traits inévitables
D'un ennemi fi dangereux!

Car enfin, cet amant eft des plus redoutables;
Et jamais moineau franc ne fut plus amoureux.
Il pofféde fi bien l'art de nous rendre hommage;
Il n'eft pas, jufqu'à fon ramage,

Qui n'ait, quoi qu'un peu fingulier,
Quelque chofe qui dédommage
De ce qu'il a d'irrégulier.

Et fes empreffemens auprès d'une maîtreffe,
Dites, qu'en penfez-vous ? La science traîtreffe
Des propos enchanteurs, & des foins complaifans,

Offrit

Offrit-elle jamais des traits plus féduisans ?

Quand il jure qu'il nous adore,

Lui-même n'eft-il pas adorable à nos yeux ?
Ne le devient-il pas encore,

Quand il tait fon ardeur, pour en convaincre mieux ?

Quel ennemi pour moi ! Que de périls enfemble!
Ah! Ma chere, que vous en femble,
A vous, qui vous intéressez

De tout temps à ma destinée ?

Ne fuis-je pas bien fortunée,

D'avoir paré les traits que l'Amour m'a lancés ?
Vous ne m'en louez pas affez!....

Eh! Ne fentez-vous pas, aveugle que vous êtes, Répondit la linotte, avec vivacité,

Qu'en parlant d'un moineau, chéri dans ces retraites, Avec tant de chaleur & de légéreté,

De fon calme trompeur, votre ame satisfaite,

Sans

que vous le fachiez, trahit la vérité,

Et me prouve votre défaite ?

I

On diffimule envain un amoureux defir,

Si l'on en parle avec plaifir:

L'air, le gefte, le ton, tout en nous le dénotte;
Et l'auditeur malin eft prompt à s'en faifir.
Belles, n'oubliez pas ce qu'en dit la linotte.

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FABLE

V II.

Le Ver luifant & le Vermiffeau. Dans un buiffon épais, pendant une nuit sombre, Un vermisseau giîtoit auprès d'un ver luisant, Qui, tout fier d'un éclat qu'il ne devoit qu'à l'ombre, Faifoit le petit fuffifant.

Un reptile inconnu, près d'un ver de ma forte,
Ofe venir loger! Je le trouve plaifant !

Allons, mon ami, que l'on forte ;

Ce qui fut dit d'un air & d'un ton imposant.

Hé! Tout doux, compagnon : l'éclat qui te décore, Tu le dois à l'obfcurité,

Répond le vermiffeau; redoute la clarté.
Va, mon cher, je t'attens au lever de l'aurore,
Pour juger de ta qualité.

Que de gens, au fiécle où nous fommes, Brillent à peu de frais, dans un fombre féjour, Qui feroient confondus parmi les autres hommes, S'ils ofoient paroître au grand jour !

FABLE VIII.

Le Papillon & l'Immortelle. Chez la vieille immortelle, on raconte qu'un jour »

Je ne fai trop en quelle année,

Meffire papillon, en faisant sa tournée,
S'arrêta par hazard, & fit quelque féjour.

La converfation de la fleur furannée,
Roula fur les défauts de celles d'alentour.

Pour adoucir leur destinée,

La médifance fut donnée

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