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A toutes les beautés qui font fur le retour.
Dans cette trifte claffe étoit notre immortelle :
Chaque belle y vient à fon tour.

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De nos fleurs d'aujourd'hui, que vous femble, dit-elle ?
Il me paroît, à moi, fans vouloir critiquer,
En particulier, telle ou telle,
Qu'il eft aifé de remarquer

Qu'elles ont bien perdu de leur premiere gloire ;
Et même quelquefois j'ai de la peine à croire
Ce qu'on dit de l'éclat qu'elles avoient jadis ;
D'une fi noble efpece, on en voit plus éclore....

Nous avons cependant encore, grace à Flore,
Répond le papillon, des roses & des lys....

Bon! Vous me citez-là de plaifantes fleurettes!

Mais, on connoît la rofe? Oui, par fes amourettes, Et fi vous le vouliez, vous en diriez vraiment, Des nouvelles facilement !...

Pour fon teint éclatant, pour les couleurs vermeilles, Je vous demande grace, au moins... Vrai guenillon! Que ce teint, dont fans ceffe on me rompt les oreilles ! Ne tient-il qu'à fe mettre un peu de vermillon?... J'aurois mieux auguré du goût de papillon.

Je comprens. Vous aimez dans une fleur naiffante
Une couleur plus douce & moins éblouissante;
Sur ce pied, la jonquille.... Eft jaune à faire
La jonquille! Ah! Ce nom me donne une vapeur!

peur.

Revenons donc au lys.... Eh! Fi donc ; il est fåde, ̈ A force d'être blanc.... Le lys vous rend malade? Paffons à d'autres fleurs.... Que vous dirai-je enfin ? La tulippe, l'œillet, le muguet, le jasmin, L'amarante, la renoncule,

Tout fut trouvé mauffade, ridicule.... Pourquoi s'en étonner? L'orgueil eft un bandeau, Qui nous empêchera toujours de nous connoître ; Et l'on ne trouve rien de beau,

Dès que l'on a ceffé de l'être.

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FABLE IX.

Le vieux Poirier & le jeune Abricotier.
AU beau milieu de février,

Un jeune abricotier, que paroit déja Flore,
Infultoit follement, à certain vieux poirier,

Que nulles fleurs n'ornoient encore...

Elles viendront quand il faudra.
Lestiennes, mon enfant, s'empressent trop d'éclore,
Et tant de gloire te perdra....

Bon! Bon! On en dira tout ce que l'on voudra,
Je n'en chéris pas moins l'éclat qui me décore.

Cet éclat-là ne dura pas.

L'hiver, qui paroiffoit faire grace à la terre,
Pour lui renouveller une cruelle guerre,
Tout-à-coup revint sur ses pas :

Adieu les fleurs, adieu l'empire

De notre abricotier, joyeux à contre-temps;

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L'éclat prématuré doit blesser la raison:

Tant de fleurs, qui d'abord paroiffent à foison,
Tiennent rarement leur promeffe:

Tout doit venir dans fa faifon.

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FABLE X.

L'Afpic & le Bafilic.

A un médifant.

JE ne fai quel auteur, en parlant de l'afpic,
Conte, qu'un jour dans fon domaine,

Cet animal, terrible à la nature humaine,
Fit rencontre d'un bafilic.

Quel duo! Mais enfin les méchans, ce me femble,
Plus fouvent que les bons, fe rencontrent enfemble.
Aiment-ils à fe rencontrer?

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C'est un point, dont les fages doutent;

Car réciproquement, fachant se pénétrer,
On pourroit auffi démontrer,

Que mutuellement ces meffieurs fe redoutent.

Ceux-ci, de prime abord, fe firent amitié. Tous deux grands ennemis, de tous tant que nous fommes,

Et l'un & l'autre fans pitié,

Du mal, que de concert, ils vouloient faire aux hommes,

Convinrent d'être de moitié.

De moitié, dit l'afpic! Attens donc ; ce partage
N'eft pas jufte, & je veux avoir quelque avantage
Tu n'es, auprès de moi, qu'un chétif ennemi ;

Mes armes font beaucoup plus fûres :
Je fais, en un feul jour, cent fois plus de bleffures
Que tu n'en pourrois faire en un fiécle & demi.
Le plus fubtil poifon, n'eft pas celui qui frappe
Par ton œil, ici bas un peu trop redouté :
En fuyant tes regards, on eft en fureté;

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