Mais à ma langue rien n'échappe ; Et, pour mettre le comble à ma capacité, Rarement guérit-on du trait qu'elle a porté. FABLE XI. Le Lion & fes Courtifans, LE roi des animaux, méditant des projets Inconnus à fa cour, à fes favoris même, Pourquoi? Je vous le donne à deviner en quatre, Finiffez, monfieur le conteur. ... Eh bien, en plus, fans rien rabattre.... Jettez votre bonnet par-deffus les moulins : Il foit ennemi décidé, Tente-t'il pareille aventure: Encore celui-ci fut-il mal fecondé. Chacun envisagea, dans un jour favorable, Je fuis, dit-il, cruel, colere, inéxorable.... Sur tout ce qui la bleffe eft prompte à s'émouvoir. Je fuis fier.... La fierté fiéd bien aux grandes ames. Pour les moindres écarts, je jette feux & flammes. Vous favez maintenir le fouverain pouvoir.... Ma figure eft terrible, & même il n'en eft gueres Que l'on craigne, dit-on, autant d'appercevoir. Eh! Laiffons la figure a des hommes vulgaires; Croyez, fire, qu'un potentat, Eft aimable, favant & fage par état. Chaque défaut, reçut une excufe autentique, Tant eft grand le danger du pouvoir defpotique! Le mouton par timidité. ****************************** FABLE XII. La Fauvette & le Moineau franc. Vous, que notre hommage érige en fouveraines, Belles, que je vous plains! Mille amans à vos pieds, Chaque jour font humiliés. Que d'adulateurs dans vos chaînes! Et pas un feul ami, qui courageufement, Ainfi, loin des rois de la terre, Fuit la timide vérité. Vous avez de nos cœurs la fouveraineté ; Si vous voulez regner dans l'immortalité. J'ai lû qu'un moineau franc, d'une jeune fauvette Qu'il ofoit, quelquefois, blâmer & contredire Qui la traitoit en écolière; Tandis qu'il auroit dû, tendre & flatteur oiseau, Nous étourdira-t'il toujours de fa morale, Mon dieu! Qu'il les garde pour lui; Il en a grand befoin: l'humeur attrabilaire, Dont il me paroît entiché, A de quoi s'occuper, fi du defir de plaire, Son cœur eft tant foit peu touché ! Quoiqu'affez maltraité, l'oiseau franc & fincére Ne fe rebutoit point : à ceux qu'on aime bien, Difoit-il quelquefois, c'est un mal nécessaire D'ofer, fur leurs défauts, ne leur déguiser rien. Affez d'autres moineaux, jeune & belle fauvette, Pour vous faire gouter un éloge enchanteur Ouvriront un bec imposteur. Il vaut mieux qu'à jamais la bouche foit muette, Vous avez, j'en conviens, mille attraits en partage; En pofféder beaucoup, n'eft-ce pas un devoir Vains difcours! Sur notre Caton, On jette des regards de fort mauvais préfage : Et chez les grands, eft peu d'ufage. |