ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

Il reçoit dans le cœur une rude eftocade:

Et ce funefte hazard,

Le perfuada, mais trop tard, Que, lorfqu'il perd l'efpoir, l'amour est bien malade.

FABLE XXI.

Le vieux Rofier & le Mirthe.

A mademoiselle *** qui avoit propofé ce fujet à l'auteur,

AH! Quel fujet!... Peut-il vous être présenté ?

A côté d'un objet aimable,

C'est mettre la difformité :

Mais quoi?... Vous l'avez inventé

Ce fujet. Votre choix le rend donc estimable,
Et je puis le traiter en toute fureté.

Sorti de votre belle bouche,

Il eft certain de plaire & d'être raconté ;
Car c'est le droit de la beauté

De parer tout ce qu'elle touche.

Sous le plus joli des berceaux,

Où le dieu de Cythére exerce son empire,

Le plus galant des arbrisseaux,

L'arbriffeau des amours, le mirthe, c'est tout dire,
D'une rofe naiffante étoit l'heureux voisin;
Sans être arbre, on pourroit envier son destin.

Dès l'inftant qu'à fes yeux, le ciel la fit éclore
Le mirthe, pour la rofe, eût une vive ardeur;
Et tant que dura la fplendeur

De la favorite de Flore,
Le mirthe l'aima conftamment ;
Mais toujours inutilement :
Ce n'eft pas la premiere belle
Qui fe pique de cruauté :

On s'amufe d'abord à faire la rébelle;
On fe repent après de l'avoir trop été.

Lorsque la bife fut venue;
Quand la rofe fut devenue....
Dirai-je tout?... Non, il convient
D'envelopper un peu la chofe,

Devenue.... Eh bien!... Quoi?... Ce qu'une fleur

devient,

Lorfqu'elle ceffe d'être rofe;

Le mirthe, avec raison, changea de fentimens :
L'hiver fait fuir l'amour, & venge les amans.

La rofe trifte, abandonnée,
Plaignit envain fa destinée;

Envain elle accufa, dans cette extrémité,
Le mirthe de légéreté.

Sur mon erreur, dit-il, votre malheur m'éclaire:
Mais, quoi?... De bonne foi, pouvez-vous me blâmer
D'avoir ceffé de vous aimer ?

Je vous paffe bien, moi, de ceffer de me plaire.

Sur cette fable-ci, voici quelle fera

La morale de l'opera.

Aimez; l'amour vous dit de voler fur fes traces:
Pour livrer votre cœur aux ardeurs du printemps,
Voulez-vous attendre le temps

Que vous n'en aurez plus les attraits, ni les graces?
Aimez; mais gardez-vous d'aimer à contre-temps.

De Quinault telle est la morale:

La mienne, jeune Iphis, fera moins générale
Et plus digne, je crois, qu'on daigne l'écouter.
Voulez-vous prévenir, voulez-vous éviter
Le fort de tant d'autres bergeres,

Que dès l'automne même on n'aime plus à voir ?
A des qualités passageres,

Ne bornez point votre pouvoir;
Faites provifion de charmes fi durables,
Qu'ils furvivent à vos beaux jours;

Ce font les attraits préférables,

Puifqu'ils n'expofent point, & qu'ils plaisent toujours

Fin du quatriéme Livre.

FABLES

FABLES

NOUVELLES.

LIVRE CINQUIE' ME. *******************************

FABLE PREMIERE.

Les Etrennes de l'Amitié.

A monfieur le marquis DE P***, âgé pour lors de 18 à 19 ans.

N jour ( ce jour étoit päreil à celui-ci. ) On dit que l'amitié, le refpect & l'eftime Furent dans un pays qui n'eft pas loin d'ici, Payer à la grandeur un tribut légitime.

L

« ÀÌÀü°è¼Ó »