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Dans fon pays revint chargé

De connoiffances fort utiles;

Et, quoique peu de gens voyagent avec fruit,
Celui-ci de retour, parut affez inftruit,

Pour en éclairer beaucoup d'autres.
Qui n'aura jamais vû de pays que les nôtres,
Ne fera jamais tant de bruit.

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Que de fruits, que d'animaux rares
Par les grands voyageurs nous furent apportés !
Aux dépens des climats barbares,

Le nôtre s'enrichit de bien des nouveautés.
Mais comme des cenfeurs, l'engeance redoutable,
Sur le nouveau, toujours s'exerce avec humeur,
Sur notre homme, dit-on, de la gent intraitable,
Une plante étrangère excita la clameur.
Ils s'écriérent tous. O la bonne cervelle !
O que fon efprit eft fubtil!

Dans fon jardin, que fera-t'il
Avec cette plante nouvelle ?...

Croit-il ingénument qu'elle y végétera
Au gré de fa tête légére ?

Penfe-t'il qu'au milieu d'une terre étrangére, Comme dans fa patrie, elle profpérera ?...

En dépit des jaloux, le favant espéra
Qu'il pourroit fe tirer d'affaire.

La plante réuffit, jufques à fatisfaire

Les plus éclairés connoiffeurs ;

Tous ceux qui, grace à lui, se virent poffeffeurs D'une plante fi falutaire,

Le comblerent d'encens ; & le lot des cenfeurs, Fut d'enrager & de fe taire,

ENVO I.

Cette fable, LA PLACE, eft une vérité

Pour qui faura t'y reconnoître.

Que ne puis-je louer en maître

Ton heureufe témérité !

Elle vient tout-à-coup d'enrichir le parterre
D'un tragique tableau fagement imité
D'après un pinceau d'Angleterre.
Ne regrette point tes momens;
Pourfuis, cherche-nous des reffources à

Le Parnasse a befoin qu'à nos amusemens,
On ouvre de nouvelles fources.

Pourfuis; ne crains point tes rivaux.

Si, de tous les projets finguliers & nouveaux,
La crainte avoit jadis éloigné nos grands hommes,
Nous ne jouirions pas, dans le fiécle où nous fommes,
Des fruits de leurs nobles travaux.

*****

B Riffaut,

FABLE V. ·

Le Chien & le Loup.

pour fe venger de l'infigne léfine

De fon trop avare bourgeois,

Alloit fouvent chaffer dans la forêt voisine;

Et fur les habitans des bois,

Fondoit fa meilleure cuifine,

Meffire loup, trouvant à fon gré notre chien,
A fe l'affocier employa fon génie :

N'étoit-ce pas fe mettre en bonne compagnie?
Qui dit loup, dit cartouchien.

Celui-ci l'emportoit fur tous fes camarades,
Par fes traits de méchancetés:

Les crimes les plus détestés,

Paffoient, chez ce bandit, pour fimples algarades.

Dès long-temps, aux dépens des feigneurs d'alentour, Tant avoit procédé cette méchante bête,

Que chacun s'étoit mis en quête,

Pour lui jouer d'un mauvais tour.
Déja de lui couper la tête,

Les chaffeurs, à l'envi, fe faifoient une fête..
On le guette, on le trouve, & le chien avec lui,
S'il eût prévû le cas, il s'en feroit enfui.

Enfin, pour tout déduire en fomme,
On fe défait d'abord du loup que l'on affomme;
Puis du chien, qui reclame envain à haute voix
Les priviléges de fa race.

Vainement, dit-il, qu'autrefois

Ses ancêtres étoient d'excellens chiens de chaffe. Ses grands raisonnemens ne furent d'aucuns poids; Il avoit dérogé. Devenu le complice

D'un fameux pirate des bois,

Il fubit le même fupplice.

Un chaffeur s'écria, le voyant aux abois ;
Qu'à tous les autres chiens, ceci fasse connoître,
Que, qui hante les loups, a du penchant à l'être,

Mortels, par vos fociétés,

On juge de ce que vous faites:
Dites-moi qui vous fréquentez,
Et je vous dirai qui vous êtes.

FABLE VI

La jeune Bergere & les Fleurs.
A Nette avoit quitté sa mere,

Pour aller cueillir un bouquet.

Un bouquet? C'étoit prendre un foin affez coquet! La candeur pastorale eft donc une chimére?

Non; ce n'étoit pas à detsein,

Qu'Anette, fi matin, quittoit fa bergerie,

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