Mais il eft fec!... Hélas! De ce tronc refpecté, Que pour te foutenir, pour me fortifier, Depuis l'inftant qui nous vit naître, lui? Il a tout fait pour nous; qu'avons-nous fait pour C'eft, en le foutenant de mon mieux aujourd'hui, Que je veux m'efforcer du moins de reconnoître Son long & généreux appui. Mais toi, crains de fouiller, par une indigne tache, FABLE IX. La jeune Villageoife & les Poiffons: Qui joignoit à tous les appas M Une fimplicité qu'à la ville on n'a pas ; Conduite dans une prairie Que bordoit un étang, qu'habitoient maints poiffons, Pour s'amufer, voulut en prendre, T Et s'imagina les furprendre, En leur difant quelques chanfons. Elle favoit plus d'un air tendre. Jeune fille en retient à force d'en entendre. Dans une belle bouche, hameçon dangereux, Non pour les brochetons, mais pour les amoureux. La villageoife eut beau le tendre, Les poiffons virent bien, quoique peuple peureux, Que de pareils filets n'étoient pas faits pour eux: La belle fe lafla d'attendre. Je fai, lui dit quelqu'un, qu'à vos accords touchans, » Nous cédons tous tant que nous fommes; » Mais vous perdez ici votre peine & vos chants : » Les poissons ne font pas des hommes. ***************** FABLE X. ******* L'Oifon, le Sanfonnet & le Merle. A Vec le fanfonnet & compere l'oifon, C'étoit-là des amis d'une fottife extrême; Que de gens d'efprit font de même, Il n'étoit bocage à la ronde, Où fur leur cotterie, on ne raillât tout net; Et le merle!.. C'étoit, comme on dit dans le monde L'oifon étoit tout au plus bête; Mais du moins, fans fonger à fe faire de fête, Il fe taifoit volontiers: Le fanfonnet, aufli stupide Et plus impertinent, étoit, de ces quartiers, Le merle, par dépit autant que par ennui, L'autre, qui fe croyoit la perle Mais fa vanité fit un inutile effort: Voici la réponse du merle, Le fot qui l'eft, fans fafte & de bonne amitié, » Rien de plus ennuyeux qu'un fot, Qui veut être toute autre chofe, FABLE XI. Le Hibou. UN hibou, de tels gens amaffent volontiers Etoit favorifé des biens de la fortune. Un jour que la difette étoit dans ces quartiers, Criant mifere à leur voifin; Mais ce vieil Harpagon, faisant la fourde oreille, Les laiffa crier fans pitié. Le ciel lui rendit la pareille`: Le ciel, avec le pauvre, est toujours de moitié. Jupiter irrité laiffa tomber la foudre Sur l'arbre qui fervoit de grenier au hibou : Par bonheur, il étoit pour lors hors de fon trou. Par bonheur?... Je me trompe; en cette circonftance, Ce fut pour notre avare, un fupplice de plus |