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De furvivre à fon mal. Il fut à l'affistance

Mais fes pas furent fuperflus :

On lui recommanda feulement la conftance.

Riches!... Combien de fois vous l'a-t'on déja dit?
Vous n'êtes de vos biens que les dépofitaires :
Les dieux font les propriétaires

De l'or & du pouvoir, du rang & du crédit.

Sur l'argent que le ciel vous laiffe,
Les pauvres ont des mandemens:
Satisfaites aux payemens;
Et ne prenez fur votre caisse,
Que d'honnêtes appointemens.

FABLE XII.

Minerve endormie par l'Amour.

ON m'a dit que l'Amour, à trois grandes déesses,

Voulant donner des fleurs, eut foin de les choifir

Différentes dans leurs efpéces,

Pour la variété du goût & du plaifir.

Junon, trop furveillante époufe

De Jupiter, mari coquet,

N'eut que des foucis pour bouquet:

Les foucis font le lot d'une flamme jalouse.

De fon petit lutin de fils,
Vénus reçut auffi l'hommage;
C'étoit des rofes & des lys,
De la beauté, brillante image,
Digne d'être offerte à Cypris.

Quand ce vint à Pallas, déité peu docile,
Il fallut redoubler l'apprêt;

Et l'Amour, tout adroit qu'il est,
Trouva la chofe difficile.

Elle étoit délicate, en effet. Peu s'en faut
Qu'en pareil cas, ce dieu ne fe trouve en défaut.

Cependant, cet enfant, qu'à Paphos on révére, A la divinité févére,

D'un air doux, naïf, innocent,

Et cet air ingénu n'eft pas fans éloquence,
Donna des pavots en préfent;

Fleurs que l'on crut fans conféquence.

Mais à peine Pallas eut elle à fon côté
Ce bouquet enchanté,

Que foudain la déeffe austére S'endormit dans les bras de l'enfant de Cythére, Qui malignement regardoit

L'effet de fon petit mistére;

Et voilà ce qu'il demandoit!

Maîtres paffez, en amourettes,

Qu'une jeune beauté doit craindre votre abord! Dès qu'elle a refpiré l'odeur de vos fleurettes, La nature s'éveille, & la vertu s'endort.

FABLE XIII

La Pareffe & l'Orgueil.

LEs démons, irrités de l'heureuse innocence
Qui régnoit parmi les mortels,

L'oubli des mœurs & l'indécence
N'avoient point encore d'autels,

Songerent aux moyens d'envoyer dans le monde
La licence en maux fi féconde.

On s'affemble, on confulte, & contre les humains Chacun, dans l'infernal empire,

Rêve, délibére, confpire;

Jugez, fi notre fort étoit en bonnes mains !

Enfin, la troupe vengeresse,

A toutes les vertus crut faire affez de mal,
En concluant l'himen fatal

De l'orgueil & de la paresse.

On ne les dotta point. Article capital!
Ce fut, pour les démons, une fort bonne affaire;
Ils eurent bientôt lieu de s'en féliciter :
L'orgueil voulut briller; &, pour se fatisfaire,
La paresse ne put se réfoudre à rien faire ;
Il fallut, pour fe contenter,

Oublier la décence, & même la droiture;
Et de cet himen dangereux,

Naquit, au bout de l'an, une progéniture,
Dont l'homme devint amoureux;

La licence, en un mot, créature ennemie,
Qui forme au crime, à l'infamie,
Ceux qui n'étoient que malheureux.

Dès que vous mettrez en ménage La pareffe & l'orgueil, fans fonds ni revenu Comptez fur le libertinage;

Car il fera bientôt venu.

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