Qui devoit dans fon vol le rendre moins hardi, Si les fautes d'autrui corrigeoient nos miféres, Mais les fottifes de nos peres, Cette penfée eft de M. de Fontenelle. FABLE XVIII L'Abfynthe& le Courtifan. DEs propos doucereux un feigneur partisan; Et qui, pour en tracer une image fuccinte, Comment, dit-il, & de quel droit, E Et que du monde entier l'on devroit fupprimer, Où tout eft fait pour plaire & pour nous l'exprimer?.. Et toi, qui chaque jour obfédes Le maître de cette maison, Dit l'abfynthe, en ces lieux es-tu plus de faison? Fatale yvreffe à qui tout céde! ************ FABLE XIX. La Victime. Pour appaifer les dieux qu'il avoit offensés, Un mortel voulut faire un pompeux facrifice; Dont ils fe feroient bien passés. N Entourés de rubans & parés de guirlandes, A recevoir le coup mortel; Lorfque l'innocente victime S'écria, tout-à-coup: O toi! Que les humains Qu'ai-je fait, pour ma part, contre l'Etre fuprême FABLE X X. Les Animaux Comédiens. A monfieur D. L. B. fermier général, chez qui l'on devoit représenter la comédie du Grondeur, à laquelle cette fable fervoit de prologue. LEs animaux, un jour, s'étant mis dans la tête Le lion fouverain, dont ils fuivent les loix; D'un fpectacle comique, on dit qu'ils firent choix, Les fpectacles toujours furent des jeux de rois. Le choix donc ainfi fait, d'une maniére honnête, Maître renard, auteur de bons contes à rire, Que minet, petit chat, fut chargé de l'écrire, Quant au fujet, de l'âne, on prit le caractére: Les finges, comme on fait, font fort bons pantomimes; Leur adresse étonnante enchanta le lion; Mais l'ouvrage étoit-il en profe, ou bien en rimes?... Je l'ignore. Il fuffit que l'on a publié Que chaque acteur fit des merveilles: Le chant d'Aliboron ne fut pas oublié, Non plus que fes grandes oreilles; Mais qu'opérent enfin des critiques pareilles ? Loin de mettre à profit cette utile remarque, Et faire fur l'auteur tomber un mauvais lot, |