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O temps! O mœurs ! Quelle indécence, S'écria l'âne! Eh! Quoi?... Chez votre majesté, Simbole du courage & de la dignité,

On ofe, & même en fa présence,

Jouer un caractére, à bon droit méprisé !
Un tel jeu pourroit-il être favorifé?...

Sa majesté lionne entendoit raillerie :
Elle dit à Martin: Tais-toi, mauvais cenfeur
D'une bonne plaifanterie :

Ton opprobre me fait honneur.

Critiquer la poltronnerie,

C'est rendre hommage à la valeur.

D'un Grondeur importun nous jouons la manie,
Et c'eft, de notre part, un trait d'habileté
De l'oppofer à vous, dont le cœur, le génie
Et les talens font faits pour la fociété.

Si Grichard, nous crioit holà! Troupe novice,
Dans le choix de la piéce, à quoi donc penfois-tu ?

Ma fable lui répond. La cenfure du vice

Eft l'éloge de la vertu.

***

**

FABLE XXI.

La Douceur & la Modeftie.

Lorfque pour orner la beauté,

Le ciel eut raffemblé les graces, la jeuneffe,
Le charme de l'efprit, le fel de la finesse,
Et le vernis de la gaité ;

On affure, & l'on m'a conté,
Que pour être de la partie,

La douceur & la modeftie,

Vinrent fe préfenter à la divinité.

Queft-ce encor, dit quelqu'un?.. De chaque qualité,
La part n'eft-elle pas lottie ?

Renvoyons celles-ci... Je vous le défens bien,
Dit le maître abfolu de la troupe céleste.
Ces vertus ont de quoi remplacer tout le refte;
Et fans elles, meffieurs, tout le refte n'eft rien.

FABLE XXII.

L'Ambaffadeur & la Mufette.*
Certain ambaffadeur, dans le palais d'un roi,
Rencontra, par hazard, un jour une musette;

Chez un roi ? C'eft beaucoup... Pourquoi?
J'ai vû, moi qui vous parle, moi,

J'ai vu la charmante Lifette,

Avec la vielle même, aux cœurs donner la loi :
La musette vaut bien une vielle, je pense.
Celle-ci, néanmoins, déplût à l'excellence
De monseigneur l'ambaffadeur;

Il trouva, fier de fa grandeur,

Que c'étoit avilir le palais des monarques,
Que d'admettre à la cour un pareil instrument;
Et fit, pour le prouver, maintes belles remarques,
Que j'épargne au lecteur : je dirai feulement
Qu'il falloit reléguer dans un féjour champêtre,
Au lieu de les confondre avec les courtifans

La mufette & fes partifans:

* Sujet imposé à l'auteur.

En un mot, les envoyer paître.

L'inftrument voulut s'expliquer:
L'ambaffadeur pour répliquer,

Hauffa le ton. Celui d'un homme d'importance,
Ne prouve pas toujours qu'il doive avoir raison.
Eh! Quoi donc avec moi, dit-il à l'assistance,
La mufette voudroit faire comparaison !
Ignore-t'eile donc que je fuis l'interpréte
Des volontés des potentats?...

Je ne décide point du deftin des états,
Dit la mufette; mais je préte

Aux amans maltraités les charmes de ma voix,
Pour fléchir les beautés rébelles :

Je crois que mon crédit, dans l'empire des belles,
Vaut bien votre pouvoir dans l'empire des rois.

Eft-ce ainfi que tu m'apprécies

Moi, qui d'un bel objet peux te rendre vainqueur; Avec l'efprit tu négocies,

Et moi, je traite avec le cœur,

**

FABLE XXIII.

La Rofe & le Papillon.

LEs fleurs blâmoient un jour entr'elles,
L'inconftance des papillons.

Pour nous, autant en font nos belles:

Dieu fait, à notre tour, fi nous en babillons!

Recevoir les tributs d'une cour fi volage!
Savez-vous bien, mes fœurs, que c'eft nous dégrader,
Dit la rofe? Entre nous, il faut nous accorder.
Dédaignons, de concert, le frivole étalage
D'un amour prompt à s'éclipfer.

Hé! Quoi! Toutes dans le bel âge,

Nous ne pourrons jamais parvenir à fixer
Ce peuple d'inconftans, qui vient nous encenfer?

Hé! Doucement, mefdemoiselles,

Répond un papillon qui fe rencontra-là,
Et qui venoit d'oüir cela;

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