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FABLE

X I X.

Le Torrent & le Ruiffeau.

UN torrent, qui rouloit ses flots impétueux,

Fier du bruit qu'il faifoit, en tombant des montagnes, Infultoit d'un air faftueux

Un clair ruisseau, dont l'onde arrofoit les campagnes.
Le paisible ruisseau ne répondit qu'un mot :

Malheur à ceux, dont l'emploi redoutable
Eft de faire aux mortels un mal inévitable!
Je n'envierai jamais un auffi triste lot.

Quand ta bruyante voix me déclare la guerre,
J'en triomphe, bien loin de m'en formalifer;
Je préfere à l'emploi de ravager la terre,
Celui de la fertiliser.

FABLE

FABLE X X.

Le Plaifir & la Fortune.

QUelqu'un defifoit d'être heureux.

De tout temps du bonheur l'homme fut amoureux. On lui dit. Suivez l'opulence;

Le mérite par excellence,

C'est d'être riche. Allez, & qu'à pas de géant,
Plutus, vous conduifant au temple des richesses
Par fes plus fécondes largeffes

Vous tire bientôt du néant.

Il part; & le voilà qui proméne fa vie

Dans les rochers fcabreux, fur les monts escarpés,
Et tels autres chemins d'ordinaire occupés
Par ceux de qui Plutus retient l'ame asservie.

Excédé, fatigué prefque jufques aux pleurs,
Il apperçoit de loin, en tournant fur la gauche,
Une route charmante où brilloient mille fleurs,

C

Dont les plus riantes couleurs

N'offriroient qu'une foible ébauche:

Cet aimable fentier conduifoit les mortels

Dans une agréable demeure,

Où le plaifir a des autels

Qui fument d'encens à toute heure.

Notre homme, voulant fuir la peine & l'embarras, Mit le pied dans l'aimable route;

Mais foudain, on lui dit.... Ecoute,

Prens garde à ce que tu feras.

Plutus à fes fujets, donne des biens folides,
Et le plaifir trompe les fiens;

Il les attire en fes liens,

Pour en faire des gueux, ou bien des invalides.

Malgré ce beau discours notre homme s'échappa
Et marcha, de fon mieux, vers le riant bocage
Dont l'extérieur le frappa:
Brillante, mais fatale cage,
Où maint oifeau l'on attrapa!
Là, loin d'une foule importune,

Un doux fommeil vint le faifir: Il y rencontra le plaifir;

Mais il y perdit la fortune :

L'un exclut l'autre, il faut choifir.

Fin du premier Livre.

FABLES

NOUVELLES.

LIVRE DEUXIE' ME.

FABLE PREMIERE.

Le Phénix Juge.

A Monfieur DARGOUGES, Lieutenant civil.

Es

que chez les oifeaux on eut créé des loix, Néceffaire & triste refuge

Contre l'effroiable déluge

Des ennemis des dieux, du public & des rois,
L'aigle, pour la premiere fois

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