** FABLE X I X. Le Torrent & le Ruiffeau. UN torrent, qui rouloit ses flots impétueux, Fier du bruit qu'il faifoit, en tombant des montagnes, Infultoit d'un air faftueux Un clair ruisseau, dont l'onde arrofoit les campagnes. Malheur à ceux, dont l'emploi redoutable Quand ta bruyante voix me déclare la guerre, FABLE FABLE X X. Le Plaifir & la Fortune. QUelqu'un defifoit d'être heureux. De tout temps du bonheur l'homme fut amoureux. On lui dit. Suivez l'opulence; Le mérite par excellence, C'est d'être riche. Allez, & qu'à pas de géant, Vous tire bientôt du néant. Il part; & le voilà qui proméne fa vie Dans les rochers fcabreux, fur les monts escarpés, Excédé, fatigué prefque jufques aux pleurs, C Dont les plus riantes couleurs N'offriroient qu'une foible ébauche: Cet aimable fentier conduifoit les mortels Dans une agréable demeure, Où le plaifir a des autels Qui fument d'encens à toute heure. Notre homme, voulant fuir la peine & l'embarras, Mit le pied dans l'aimable route; Mais foudain, on lui dit.... Ecoute, Prens garde à ce que tu feras. Plutus à fes fujets, donne des biens folides, Il les attire en fes liens, Pour en faire des gueux, ou bien des invalides. Malgré ce beau discours notre homme s'échappa |