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FABLE VII.

L'Aigle & la Colombe.

A monfieur DAMOURS, avocat au parlement
& aux confeils du roi.

T Andis qu'au milieu des éclairs,

La reine des oifeaux, l'Aigle tant révérée,
Du haut de la voute éthérée

Vouloit donner des loix aux habitans des airs;
Dans un bofquet fleuri, la colombe craintive,
Et, des oifeaux à peine exigeant les égards,
Sans le vouloir, tenoit captive

Une cour, qui de l'aigle offenfa les regards.

Quoi, j'aurois donc envain, dit-elle,
Obtenu la place immortelle,

Qui dans les cieux m'a fait monter!
Dépofitaire de la foudre,

Ne pourai-je réduire en poudre

Quiconque à mon pouvoir se permet d'attenter?...

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J

Maître des autres dieux, c'est à toi d'éclater!...

D'un femblable couroux Jupin ne fit que rire.
Ignores-tu, dit-il, qu'il eft plus d'un empire?
L'un dépend de l'autorité,

L'autre du goût, du choix & de la volonté.
Le premier, il est vrai, des rois est le partage ;
Mais l'autre l'eft de la beauté.

Avec cet heureux avantage,

Qu'elle étend fur les cœurs fa fouveraineté.
A ce titre charmant, tout autre titre céde;
Et l'on a, quand on le pofféde,

La véritable royauté.

Objets de nos defirs, & fouvent de nos larmes,
Vous offrez aux mortels, jufques dans leurs alarmes
De fi brillans appas & des traits fi touchans,
Que leur force est inévitable.

Le fuprême pouvoir & le plus redoutable,
Sera toujours celui qui flatte nos penchans,

ENVOI

EN VOI.

De cette fable, ami, tu m'as donné l'idée ;

L'hommage t'en eft dû, reçois-le de mon cœur [
Crois-tu ravir le tien à ce fexe vainqueur ?...
Non; ta défaite eft décidée :

Ne ris plus de la nôtre avec un air moqueur ;
La tienne n'eft que retardée.

FABLE VIII

La Fauvette & le Hibou.

D'Une jeune fauvette, un vieux & laid hibou

Avoit rendu le cœur fenfible;

Je ne fais comment, ni par où;
Mais je n'y vois rien d'impoffible,
Attendu que l'amour est fou.

Fier d'une fi belle conquête,
Parmi les plus jolis oiseaux,
Le hibou fe faifoit de fête,

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Et trouvoit même dans fa tête
Que les autres étoient d'affez plats animaux.
Déformais, il prime, il commande;

Il fe croit le phénix que l'on a tant chanté.
Eh! D'où te vient cette fierté,

Lui dit un moineau franc. D'où? Plaifante demande!
Méconnois-tu, mon cher, l'effet de ma beauté ?
Je t'entens, & conclus à ce que l'on te loge
Aux petites maisons. Apprens, pauvre butor,
Que ce bifarre amour, que ton orgueil s'arroge
A la fauvette fait grand tort;

Mais qu'il ne fait pas ton éloge.

FABLE IX.

L'Amour & la Raifon

A Madame de T ***

D'Un crédit étonnant, & d'un pouvoir étrange,

La Raifon fe vantoit un jour,

En présence d'un dieu qui fouvent la dérange ;

Et ce dieu-là, c'étoit l'Amour.

Mais, déesse, après tout, pourquoi tant de mistére › S'écria l'enfant de Cythere?

Choififfez vous même un féjour

Où puiffe s'exercer mon pouvoir & le vôtre :
Nous verrons qui des deux fera déloger l'autre,
Vous connoîtrez alors un peu mieux qui je fuis
Allons, avancez; je vous fuis.

Elle méne l'amour chez un tendron novice
Encor fidéle à la vertu,

Parce qu'il ignoroit le vice,

Et non pour l'avoir combattu.

Eh bien, dit la raison, connois-tu mon empire ?
Attendons, dit l'amour, que la belle foupire,
Et marchons d'un autre côté.

Ils vont chez un vieillard de goute tourmenté,
Qui, fans ceffe, il est vrai, débite avec largeffe
Propos fententieux, belle moralité ;

Mais qui fe rend à la fageffe

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