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Que d'arbustes feront jaloux !

Vous êtes né doux & flexible;

La moitié de l'ouvrage eft déja faite en vous.

L'arbriffeau fe rendit, & bientôt fans obstacle,
Prenant du jardinier un agréable tour;
D'ignoré qu'il étoit, il devint un fpectacle
Pour les curieux d'alentour.

EN VOI.

Vous, qui réuniffez la fageffe & les graces,
Au talent naturel des enfans d'Apollon;
De l'art daignez fuivre les traces;

Il guidera vos pas dans le facré valon.

Il fait orner la beauté même;

Plus d'une toilette en fait foi:

Pourquoi réfister à sa loi,

Quand tout céde ici bas à fon pouvoir fuprême ? Votre efprit, à produire, en fera-t'il plus lent?... Non; loin d'étendre le talent,

Trop de liberté le refferre.

Les talens, il est vrai, font l'ouvrage des dieux,

Et l'homme a fait cet art qui vous eft odieux;
Mais fans nous en faire la guerre,

Partagez avec nous ce guide précieux :

On peut bien emprunter quelque chose à la terre, Quand on a tant reçu des cieux.

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A Mr. CHARDIN, de l'académie royale de peinture.

ENAé de fes progrès & fier de ses appas,

On dit qu'un jour à la Nature,

L'Art voulut difputer le pas.

Qui de nous deux, dit-il, a de l'architecture,
De l'ingénieufe peinture

Et de l'agréable sculpture

Reglé les opérations?

C'est l'art; fa fcience féconde

De nouvelles productions,

Chaque jour enrichit le monde,
Au corps le plus matériel,

L'art donne un air léger & d'agréables formes.
Qu'on s'en tienne, au contraire, au fimple naturel;
Que de confufion! Et que d'objets informes !
Que l'art les mette en œuvre, & tout ce qu'il polit,
Tout-à- coup s'embellit.

En un mot, fans cet art, en beautés fi fertile,
Tout ce que parmi vous la nature produit,
Mortels, deviendroit inutile.

Ton amour propre te féduit,

Dit la nature; eh! quelle eft ta folie

De vouloir me donner la loi ?...

Mais, là; parlons de bonne foi;

Ces chef-d'œuvres fi beaux, que ton orgueil publie Sais-tu bien qu'ils ne font jamais de bon alloi, Qu'autant qu'ils approchent de moi ?

Cette fimplicité, que ton afféterie

Contre moi tourne en raillerie ;

Mon cher, ne vas pas t'y tromper,

Il te faut du travail pour pouvoir l'attraper,
Et fouvent ta main l'eftropie.

Je ris, quand je vois l'art me traiter en rival :

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Partifan éclairé de la fimple nature,
Tu l'embellis fans la farder,

Et tu prouves dans ta peinture,
Qu'avec l'art le plus fin elle peut s'accorder.
La fable te doit fon hommage;

Ton heureux talent eft l'image

De ce que la Fontaine a laiffé dans le fien:
Que ne puis-je approcher d'un pinceau fi fidéle !
Que ne puis-je, en ces vers, me guider fur le tien!
Mais tu ferviras de modéle,

Et je ferai toujours fort au-deffous du mien.

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FABLE XVII

L'Epervier.

Dans le plus beau taillis d'une vaste forêt,

Jadis un épervier étaloit ses richesses.

Sur lui dame fortune, en aveugle qu'elle eft,
Avoit répandu fes largesses.

Un épervier! Quel animal!

Sur ce titre-là feul, je gage qu'on augure
Que l'immenfe tréfor, dont il faifoit figure,
Etoit acquis, tant bien que mal.
C'est ainsi que l'on envisage
L'opulence d'un tel vaurien :

On la pardonne, on n'en dit rien

Quand le propriétaire en fait un bon usage:
Mais celui-ci, de tout fon bien,

Ufoit en mauvais citoyen.

Un moineau franc, ami fincére,
Qu'il connoiffoit dès le berceau,

Sous fes yeux, tous les jours, manquoit du néceffaire Que lui donnoit l'oiseau corfaire?

Pas le moindre petit morceau.

Sous ces yeux auffi, quel pinceau,
Peindra bien cette circonftance?

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