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FABLES

NOUVELLES.

LIVRE TROISIE ME.

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FABLE PREMIERE.

Le Pinceau, la Lyre & la Plume.

A monfieur DE JULIENNE, chevalier de l'ordre
de faint michel.

E pinceau, la lyre & la plume,

Auteurs d'un opera, d'un tableau, d'un

volume,

Difputoient fur les rangs qu'ils croyoient mériter; Il faut s'en rendre digne & non les difputer.

Sur un prétexte affez futile,

La lyre s'avifa de vanter fes accords;

Le pinceau fes grands traits, & la plume fon stile.
Le défir de la gloire eft quelque fois utile ;
Mais, j'en dois convenir à la honte du corps,
En débats il eft trop fertile.

Par eux-mêmes, les arts font faits pour être unis;
Pourquoi fe rendent-ils l'un à l'autre contraires?
Ils font camarades & freres;

Seroit-ce une raifon, pour n'être point amis?
Ceux-ci fe firent des poursuites,

Qu'ils porterent à tel excès,

Qu'une grande déeffe intervint au procès,
Pour empêcher qu'il n'eut des fuites:

JULIENNE auroit, comme elle, appaifé les débats,
Et même, pour arbitre, on le nommoit tout bas;
Mais Minerve eut le droit de la judicature.

>>Beaux arts, vous vous donnez,dit-elle,un grand travers, › Copiftes & rivaux de la belle nature,

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L'agréable talent des vers,

» Celui de la mufique, & l'art de la peinture,

»Tendent au même objet, par des chemins divers :

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Qu'un lien charmant les raffemble;

» Ils font faits pour donner enfemble

Des fpectacles à l'univers.

» Si cependant, l'un d'eux, mérite la victoire, » C'est la plume, qui, de ses sœurs, » Dans le poeme & dans l'histoire,

Dépofe les travaux, les progrès & la gloire, » Pour les faire paffer jufqu'à nos fucceffeurs. » Mais qu'en conclure? Aux yeux du sage, » Le talent le plus noble & le plus précieux, » Sera toujours celui qu'on poffède le mieux, » Et dont on fait un bon usage.

ENVO I.

Ami des bonnes mœurs & de la probité,
Et fage partifan de ces arts admirables,
Dont les travaux incomparables,

Font honneur à l'humanité,

Tu ne les trouves défirables,

Qu'autant qu'ils favent joindre à leur habileté,
La droiture, la politeffe,

La candeur, la délicatele,

La décence & l'honnêteté.
Tréfors, dont rien ne dédommage,
Et qui feuls m'auroient excité
A te rendre un fincére hommage,
Quand plus d'une autre qualité,
Dont je t'épargne ici l'image,
Ne te l'auroit pas mérité.

**

LA

FABLE II.

L'Homme & la Marmotte.

marmotte venoit de finir fon long fomme;
Sommeil de fix mois feulement.

N'as-tu pas honte, lui dit l'homme,

De dormir fi profondément ?

Tu n'en parles que par envie,

Répondit la marmotte, & tu me fais pitié.

J'aime encor mieux dormir la moitié de ma vie,
Que d'en perdre en plaifirs, comme toi, la moitié.

FABLE

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FABLE III.

La Linotte & le Pinçon.
U Ne aimable & jeune linotte

Plaifoit beaucoup, & n'aimoit rień;
Des oifeaux qui chantoient fur l'amoureuse notte,
La friponne badinoit bien;

Mais, pour elle, point de lien.

Non contente, dit-on, d'être libre & volage,
Elle infultoit l'amour & fa captivité,

Ne parloit que de jeux, de plaisirs, de gaité,
Et faifoit chaque jour un riant étalage
De fon indifférence & de fa liberté ;

Pour tout dire, en un mot, elle avoit du bel âge appas, la malice & la vivacité.

Les

Cent moineaux foupiroient pour elle; La linotte, infenfible à leurs tendres accens, Renvoyoit à la tourterelle

Et leur mufique, & leur encens.

F

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