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Un pinçon, qui vit qu'en déroute

La cruelle mettoit les amans doucereux,
Prit fagement une autre route,
Fit trêve aux foupirs amoureux;
Sur le ton de la raillerie,

Parla de fon martire, & fut adroitement
Déguiser fon attachement,

Sous les brillans dehors de la galanterie.

A la linotte, enfin, par des foins fi nouveaux,
Il infpira bientôt cette même tendreffe,

Qui, quelque temps avant, grace à leur peu d'adreffe,
Avoit fait bannir fes rivaux.

Tôt ou tard à l'amour on dit qu'il faut fe rendre ; Heureux qui peut le fuir!.... Mais ce charmant vainqueur,

A cent façons de nous furprendre;

Et d'ordinaire notre cœur

N'en a qu'une de fe défendre.

FABLE IV.

Le Lierre & le Chevrefeuil.
DU plus obligeant des ormeaux,

Un lierre embraffoit les rameaux,
Et fe félicitoit d'avoir, dans fa foibleffe,
Un foutien qui mettoit fes jours en fureté ;
L'orme acquéroit, de fon côté,
Le plus beau titre de nobleffe,

En foutenant le foible avec tant de bonté.

Un chevrefeuil, d'humeur altiére,
Quoique rampant dans la pouffiere,

Dédaignoit d'emprunter quelque fecours d'autrui;
; Il paya cher le droit d'apprendre
De quelle utilité l'orme eût été pour lui..

Lorfque l'on a befoin d'appui,

Il ne faut pas rougir d'en prendre.

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FABLE V.

La Volupté & fa fuite.

LA fille du plaifir, & de l'oisiveté,
Cette agréable enchanteresse,

Qui, pour nous perdre, nous careffe ; · Pour tout dire, en un mot, l'aimable volupté S'introduifit un jour, avec la liberté,

Chez la jeunesse encor novice,

Qui d'abord la reçut avec fécurité....
Comment fe défier d'une divinité,

Dont l'extérieur préte au vice

Tant de graces & de gaité ?....

Mais le bonheur fut court; la trop crédule hôtelle Vit bientôt, que dans fa maifon,

La volupté perfide avoit, en trahison,

Introduit les dégouts, les remords, la tristesse, Et rempli le logis d'un funeste poison.

Allons, dit la jeunesse, allons fortez, ma mie,
Entre nous, plus de liaison..../

Oui-dà, je fors, dit l'ennemie, Volontiers;... Mais, chez toi, je laisse garnifon.

Ainfi, la volupté féduit notre raison.
Eh! Comment éviter fa fatale pourfuite?...
Les plaifirs & les jeux accompagnent fes pas;
Mais, par malheur, on ne voit pas
Les maux qu'elle traîne à fa fuite..

UN

FABLE V I..

Le Poulet & la Colombe.

N poulet, ce nom feul de cent pas à la ronde ̧

Des belles doit nous faire aimer,

Le plus joli poulet du monde,

Né pour plaire & pour s'enflammer,

Avoit eu l'honneur de charmer

Une colombe, jeune & fage autant qu'aimable: Notez les titres que voilà,

Jeune, très-belle, & par delà
Auffi charmante qu'estimable;
Je pourois, fans être blâmable,
Soupçonner qu'à cet âge-là,

On n'eft pas toujours tout cela.

Notre poulet fut plaire, & fon bonheur extrême,
Voulut qu'on approuvât fon feu;

Il le connut en temps & lieu :
Mais enfin, ce bonheur eft-il un bien fuprême,
Si l'onn'en reçoit point l'aveu

Par la bouche de ce qu'on aime?
Il faut, pour en être enchanté,
Que cette bouche nous l'adreffe:

De tout autre on est peu

flatté;

C'en eft affez pour la tendreffe,
Et trop peu pour la vanité.

Daignez fixer ma destinée,

S'écria tendrement le petit fuborneur;

Pour faire des heureux, eh! Quoi, vous êtes née,

Et vous refuferiez de faire mon bonheur?....

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