A ce ruiffeau, chez moi, pourquoi donner paffage? Ne peut-il détourner fon cours? Eloigne-toi, l'ami.... D'un fi mauvais difcours, Je te pardonnerois de n'être point touchée, Tu languirois bientôt stérile & defféchée. Dois-je, ruiffeau chétif, avoir plus de bonheur Mais, que de m'obliger, & de me faire honneur, Tu penfes faire ton étude, En fouffrant que, chez toi, je coule en liberté ! Sans y joindre l'outrage & la fatuité. FABLE X. L'Aigle & la Tortue. D Amoiselle tortue, un jour S'ennuyant, m'a-t'on dit, de marcher terre à terre, Je ne vois ici bas, dit-elle, que des hommes, Et je vous avouerai, que j'aurois grande envie ་ De notre impertinente bête, Pour l'oifeau du maître des dieux, Mais, comment la manger, fans en rompre l'écaille? Voici comme s'y prit l'oifeau malicieux : Vous avez raison, ma commere, Et j'aime à voir en vous, dans cette occafion, Qui, des grands fuccès, eft la mere.... L'aigle, après ce propos flatteur, Et lorfqu'à certaine hauteur, La laiffa tomber tout-à-coup: L'écaille fe brifa; puis fur la même roche L'aigle fit un repas qui la flatta beaucoup. En fort bonnes leçons, cette fable eft féconde : Choififfons plûtôt de mourir..... Second avis; il est bien des gens dans le monde, ** FABLE X I. L'Amour & la Mufette. A madame FRE COT DE LANTY, qui, depuis fon mariage, avoit extrêmement négligé fon clavecin. A Vant que l'Amour, fous l'ormeau, Au cœur d'Hilas fe fît entendre, Jamais berger de ce hameau N'avoit fi fréquemment, ni d'un air auffi tendre Mais dès qu'il fut épris de l'aimable Lisette, Son chien, fon troupeau, fa mufette, La mufette, à l'amour, un jour ofa s'en plaindre: Qui t'empares d'Hilas, au point de le contraindre De tous mes partisans, c'étoit le plus fidéle Charpentier même, c'est tout dire, Qui pût accroître ton empire. Là, là, ma belle enfant, dit le fils de Cypris Calme ce vain tranfport, dont ton cœur eft épris; Depuis qu'il eft amant, Hilas t'a négligée, Je n'en fuis point la caufe ; & qui plus est, je veux Que par l'amour tu fois vengée. Ainfi |