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Ainfi parla ce dieu. L'effet fuivit de près.
A la chanfon la plus parfaite,
Lifette, quelque jours après,

Par l'avis de l'himen, attacha fa défaite ;
Hylas fit un air tout exprès.

Pour le faire arriver à fon bonheur fuprême,
La mufette rendit des accords excellens;
Je le crois. Au defir de plaire à ce qu'il aime,
L'homme eft né pour devoir fes plus rares talens,
Et quelque fois la vertu même.

ENVOI

Aimable & jeune Iris, de votre clavecin,
Cette fable vous peint la trifte destinée;
Vous ne lui parlez plus. N'eft-ce pas un larcin,
Dont il peut accufer l'amour & l'himenée ?:..
Mais fi, par un tendre mari,
Ce clavecin, jadis chéri,

Obtenoit quelque jour, qu'on daignât le reprendre,
Qu'à le toucher, vos doigts bientôt excelleroient !
Et que les maîtres trouveroient

Peu de chofes à vous apprendre !

G

FABLE XII.

La Biche & la Chevre.

UN faon mourut, &, pour sa mere,
Son trépas fut l'objet d'une douleur amére;
La biche, en témoigna les plus tristes regrets,
Et j'en ai pour garans les échos des forêts;
Mais enfin, par le temps, fa tristesse affoiblie,
Fit place à la tranquilité ;

La perte du faon regretté,
Ne pouvant être rétablie ;

A quoi bon joindre à ce malheur,

Celui d'une inutile & mortelle douleur ?

Un tel raifonnement n'étoit pas d'une bête;
La biche étoit femme de tête,

Et qui philofophoit, mieux qu'aucun animal.
Mais, par une chevre éventée,

Cette philofophie, à mal interprêtée,

**

Car la malignité fait peindre tout en mal,
Paffa pour la foibleffe, ou feinte ou paffagére
D'une ame insensible & légére.

La biche, de fang froid, vit ces faux jugemens:
Les vrais font dans nos fentimens.

Ai-je, dit-elle, une ame qui défie

Les coups, dont le deftin fouvent nous mortifie? Non; mais je leur oppose un cœur ferme & constant.

La nature, pour elle, a le premier instant ;
Le fecond appartient à la philofophie.

******** **** ***********

FABLE XIII

Le Criminel & Ja Mere. *

***

Corde au cou, torche au poing, & dans un char

funébre,

Entouré du prévôt, & de fes alguažils,

* Imitée de Faërne, poëte latin.

De hallebardes de fufils
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Et de peuple; un voleur célébre,
S'en alloit groffir le recueil

Des coquins, dont les funérailles
Se font derriére nos murailles,

Sans prêtres, flambeaux, ni cercueil.

Son imprudente mere accourt à fa rencontre,
Fend la preffe ; à fes yeux fe montre....
Ah! Malheureux enfant, dit-elle; c'est donc toi
Qui deshonores ta famille ?

Que vais-je devenir? Comment pourvoir ma fille?...
Où fuir, après le coup qu'aujourd'hui je reçoi?

Prenez-vous-en à vous, ma mere, & non à moi, Répond le criminel.... Dès ma tendre jeunesse, Je dérobois avec fineffe;

J'étois pareffeux & menteur,

Sournois, hypocrite & flatteur ;

On s'en plaignoit affez: votre aveugle tendreffe
S'écrioit auffitôt. Le grand mal que voilà!

Vous ne voyez, dans tout cela,

Que jeux d'efprit & tours d'adreffe, Si cependant alors, vous m'euffiez corrigé Pour toutes ces belles proueffes,

Et que par un fot préjugé,

Vous n'euffiez point envisagé

Des vices capitaux, comme des gentillesses ;
Votre fils, dans l'abîme où le voilà plongé,
Ne fe feroit point engagé,

Vous m'avez donné l'exiftence:

Eft-ce un bien que vous m'avez fait, Quand votre amour cruel, de forfait en forfait, M'a conduit jufqu'à la potence?

Mais, c'est trop arrêter l'effet de la fentence; Monfieur l'éxécuteur, faites votre devoir; Allons: adieu, ma mere, adieu, jusqu'au revoir.

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