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UY, je vous remets à merveille,

Trifte & gai, fombre & clair, jeune & vieux à la fois, Voilà votre portrait; le fon de votre voix

Confole, afflige, afsoupit & réveille

A fon gré, tout le genre humain :

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L'ECOLE DU TEMPS,
Yous êtes le Dieu de la veille;
Et du jour & du lendemain.

C'est en vous feul que tout réfide.

Alternativement votre pouvoir préfide,
Al'Automne, à l'Hiver, aux Etés, aux Printems.
A tant de marques diftinctives,

A cette faux tranchante, à ces aîles actives,
Qui peut méconnoître le Temps?

Mais quel fujet encor près de moi vous amène ?
A quoi mon foible appui peut-il vous être bon ?
Hélas! Ignorez-vous, notre jeune barbon,

Que tout ce monde-ci n'eft plus de mon domaine?
Les humains, au menfonge, ont dreffé des autels;
Oferois-je auprès d'eux déformais me produire ?
LE TEMPS.

L'emploi du Temps eft d'introduire

La Vérité chez les mortels.

Comme l'afpect du jour fçait diffiper les fonges, Le mien écarte les abus,

Les illufions, les menfonges;

Et le Vrai, par mes mains, reçoit mille tributs :
De cette vérité voulez-vous des exemples?
LA VERITE'.

Je crois que vous n'en manquez pas:
Sur ce qui fe paffe ici bas,

Les Memoires du Temps doivent être affez amples.

COMEDIE.

LE TEMPS.

Peu de gens fçavent mettre à profit mes leçons;
On m'accommode ici de toutes les façons.j
Depuis la naiffance du monde,

Je vois les habitans de la machine ronde
Par des murmures odieux,

Laffer à mes dépens le Souverain des Dieux.
Chaque jour on entend leurs plaintes importunes
Je ne fais jamais rien au gré de leurs defirs;
Si nous les en croyons, j'abrége leurs plaisirs,
Et prolonge leurs infortunes.
Jupiter fatigué de les oüir crier,

Veut qu'avec ces mutins aujourd'hui je m'explique.
Je fuis peu fait au plaidoyer,

On vous charge du foin de me juftifier.
LA VERITE'.

Je dois, à Jupiter, obéïr fans réplique ;
Mais encore une fois je crains le réfultat,
Et vous pourriez choifir un meilleur Avocat.
La Vérité n'a qu'un langage,

Et malheureusement il n'eft plus en usage;
On le révere encor, mais il eft redouté.

LE TEMPS.

Vous pouvez aux mortels parler en liberté ; Vous êtes chez Thalie. Aux enfans de la Terre, Librement en ces lieux on peut faire la guerre :

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L'ECOLE DU TEMPS,

Vos finceres avis y feront de faifon :
Et ne rougiffez point d'accompagner Thalie !
Pour corriger les fous, c'eft avec la Folie
Qu'il faut que la Sageffe entre en comparaifon.
Croïez-moi, ce Palais eft une bonne Ecole :
Sur l'aîle du Plaifir, tel chaque jour y vole,
Qui retourne chez lui guidé par la Raison.

LA VERITE.

Sur ce pied j'accepte le rôle.
LE TEMP S.

N'oubliez pas fur tout qu'en cette Ecole-ci,
Les lugubres leçons n'ont jamais réuffi.

LA VERITE.

Je ne fçaurois parler une langue étrangere;
Mais je puis accorder la mienne avec les ris.

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Le defir d'amufer Paris

Guide ici la troupe légere

Des graces, des amours, des plaisirs & des jeux,
Je vais me mêler avec eux;

Et tandis qu'aux mortels cette joyeuse troupe,
Versera le nectar d'un plaifir vif & frais,

Il faut

En fecret, dans la même coupe,

J'aurai foin de tremper mes traits. que mon flambeau charme ceux qu'il éclaire. Je vais prendre un ton doux, aimable & familier.

COMEDIE.
LE TEMPS en fortant:

Fort bien; lorfque le Maître a le talent de plaire,
Je réponds de fon Ecolier.

L

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LA VERITE' feule.

A Raison ne hait point un leger badinage
Qui conduit à l'utilité :

Ainfi mon nouvéau rôle eft de mon appanage;
Heureux, s'il peut être goûté !

SCENE III

LA VERITE', DORANTE.

O

DORANTE.

N m'a dit, ici près, que par la Verité
Ce féjour étoit habité;

Et je viens m'amufer un moment avec elle.

LA VERITE'.

S'amufer? La chose est nouvelle.

Vous pourriez vous tromper, je vous en avertis.
La Verité, Monfieur, n'eft pas fort amusante;
Mon humeur eft peu complaisante ;

Et rarement je divertis,

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