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PERSONNAGES.

LA MARQUISE D'ARMINCOURT, vieille dame retirée à la campagne.

ELISE, sa fille.

LUSSAN,

FIERVAL, voisins de la Marquise.

BONIFACE D'ORNEVILLE, frère aîné de la
Marquise.

CATHERINE, fermière de la Marquise.
FANCHETTE, servante de Catherine.
HENRI, valet de Fierval.

PAYSANS ET
PAYSANNES,

UN NOTAIRE,

personnages muets.

La scène est en Berri; elle se passe au château et à la ferme d'Armincourt.

COMÉDIE.

ACTE PREMIER.

Le théâtre représente un paysage agréable. Une grille, sur la gauche, conduit au château. La ferme de Catherine est sur une hauteur à droite; des sentiers tournans y conduisent. Les côtés du théâtre sont garnis d'arbres. Des bancs de pierre entourent aux trois quarts une table de jardin, placée sous un bosquet d'arbres plus près de l'avant-scène, à droite. Il est six heures du matin.

SCÈNE I.

HENRI, FANCHETTE.

(L'une sort de la ferme, l'autre du château.)

HENRI.

Ou allez-vous donc de si bonne heure,

mam' selle Fanchette ?

FANCHETTE, ayant sous le bras un panier qu'elle pose sur le banc un moment après.

Pardine, où j' vas! vous l' savez ben. J'allons porter au château des légumes pour la journée. Et vous, M. Henri, qu'est-ce donc qui vous fait sortir sitôt?

HENRI.

Un billet que M. de Fierval écrit à son père. Il faut qu'il soit bien pressé, car il m'a recommandé de ne pas revenir sans une réponse positive.... Je la devine. Le jeune homme n'a point d'argent, il en demande au pauvre papa, qui, de son côté, n'en a guère... J'ai bien peur de ne pas la rapporter, la réponse positive.

FANCHETTE.

Il n'est donc pas riche, M. de Fierval?

HENRI.

Plus loin de l'être, que vous et moi ne sommes près d'être pauvres.

FANCHETTE, soupirant.

J' n'avons pourtant pas l'air ben opulens.

HENRI.

Et lui, au contraire, semble affecter la magnificence: l'un ne prouve pas plus que l'autre.

FANCHETTE.

Que vous êtes heureux, M. Henri, d'être comme ça content de vot' sort!

HENRI, gaiment.

Et pourquoi ne le serais-je pas ?... Mon maître, à la vérité, est un étourdi qui ne sait, la plupart du tems, ce qu'il veut, et qui me gronde souvent de n'avoir pas fait ce qu'il a oublié de me dire; mais, du reste, j'en suis assez content; et puis, il y å parier cent contre un que madame d'Armincourt lui donnera sa fille en mariage: comme elle n'est guère plus riche que lui, ils seront forcés de vivre dans leurs terres: cela nous fixera ici, et c'est ce qui pouvait m'arriver de plus heureux, après la certitude de vous faire agréer mon amour, mam'selle Fanchette.

FANCHETTE, rougissant.

Ah! M. Henri !... cette certitude-là... certainement... Vous croyez donc que M. de Fierval épousera mam' selle Elise ?

HENRI.

Oh oui, oui; c'est une affaire arrangée.

FANCHETTE, avec intérêt.

Et M. d'Lussan, que deviendra-t-il ?

HENRI.

Ma foi, ce qu'il pourra. C'est un songe

creux qui ne pouvait réussir auprès de la jeune personne. Il ne lui convient pas, il ne lui convient pas du tout... Mais, au surplus, moi, je décide sur ce Monsieur, sans trop savoir comment, en vérité. Depuis quatre mois que mon maître et lui sont venus demeurer au château, je ne l'ai guère vu qu'aux heures des repas; et depuis trois mois surtout, il devient d'un rare, d'un sérieux.... Cette conduite lui a fait tort dans l'esprit de mademoiselle Élise ; elle prétend que le premier mois il était plus gai, plus assidu.

FANCHETTE, souriant.

Ah! dame! c'est qu'il n'était pas si occupé qu'à présent.

HENRI.

Occupé !... Eh! de quoi ?

FANCHETTE.

Ah! de quoi, de quoi!.... C'est ce que je n'saurions vous dire; tant y a seulement que je donnerions ben queuqu' chose pour que vous fussiez plutôt à son service qu'à celui de M. de Fierval.

HENRI.

Et qu'en arriverait-il, mam'selle Fanchette?

FANCHETTE.

Ce qu'il en arriverait, M. Henri !... Que

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