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depuis la lettre de Mr Arnaud jufqu'à ce que le Traité fuft imprimé, je penfe que du moins il s'eft écoulé trois mois ; tems affez confiderable pour examiner un livret, dont les principes font, ce me femble, affez fimples & faciles à concevoir pour ceux qui ont autant d'avances qu'en a Mr Arnaud. Mais enfin, il y a maintenant plus de quatre ans qu'il demeure dans le filence,par rapport à vous & à moi, touchant ce petit Ouvrage.

Il n'eft pas neceffaire, Monfieur, que je vous faffe penfer, ni ceux qui liront ceci, à la conduite du monde la plus irreguliere, que les amis de Mr Arnaud ont tenue à mon égard, touchant le Traité de la Nature & de la Grace: cela n'a point directement de rapport à mon fujet. Bien loin de prendre plaifir à réveiller certaines idées, je voudrois plutoft les enfevelir dans un éternel oubli. Pluft à Dieu, que moi-même j'en pûffe perdre entierement le fouvenir ! Mais j'ai crû devoir vous representer en peu de mots tout ce qui s'eft paflé entre Mr Arnaud & moi, par rapport au Traité qui le rend d'une humeur fâcheufe, afin que vous reconnoiffiez que je n'ai point manqué en cela à aucun des devoirs de l'eftime & de l'amitié ; & que chacun tâche de décou

vrir, quel peut être le principe de fon chagrin & de fa grande délicateffe.

CHAPITRE II.

Mr Arnaud n'a pas dû fous un faux prétexte prendre le change, ni le donner aux autres, en critiquant du livre de la Recherche de la verité, ce qu'il y a de plus abstrait, & ce qui n'a nul rapport au Traitté de la Nature & de la Grace, pour prévenir contre moi le grand nombre dé ceux qui aimeront mieux le croire fur Ja parole, que de fe fatiguer fur un procés de Métaphyfique.

1.

Q

Uoi que ce foit uniquement le Traité de la Nature & de la Grace, qui ait mis Mr Arnaud de mauvaise humeur, qu'il y ait plus de quatre ans qu'il en a marqué fon chagrin, & qu'il ait même engagé fa parole, non feulement dans le livre auquel je répons préfentement, mais encore dans des Lettres à fes amis, qu'il le combattroit par un Ecrit public: cependant ce n'eft point cela aujourd'huy. Il a cherché le fentiment le plus métaphyfique & le plus abftrait qui foit dans la Recherche de la verité, & qui certainement, au fens qu'il le combat, n'a

nul rapport au Traité de la Nature & de la Grace, ainfi que je ferai voir dans ce Chapitre. Et cela apparamment, pour amuler le tapis, & faire croire cependant à ceux qui font prévenus en fa faveur, qui pour la plupart ne fe donneront pas la peine d'examiner dans le fond qui aura raison, que je fuis un vifionnaire, qui me Pag.3.du perds dans ma nouvelle Philofophie des idées; livre des & qui au lieu de chercher l'intelligence des faules mysteres de la Grace dans la lumiere des idées. fe Saints, les cherche dans mes propres penfees. cite dans Mais voici le prétexte dont il fe fert pour mes Rép. prendre le change ou pour le donner

vraïes &

toutes

les pre- aux autres..

mieres

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Editions. II. Dans une édition du Traité de la

Nature & de la Grace, on a mis une let-
tre, dont voici l'extrait que cite Mr Ar-
naud, & fur lequel il prétend juftifier le
deffein qu'il a pris d'attaquer ce que je
croi de la nature des idées, pour lui fervir
de préambule à l'Ouvrage qu'on attend de
de lui fur le Traité de la Nature & de la
Grace.

Extrait de la Lettre qui est au commencement
d'une édition du Traité de la Nature
& de la Grace,

»Je croi, Monfieur, devoir vous dire,
que pour entendre cet Ouvrage, il fe-

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roit à propos que vous fçeuffiez bien «
les principes établis dans la Recherche «
de la verité, ou que vous euffiez lû les «
éclairciffemens qui compofent le troi- «
fiéme tome, ou du moins ceux-ci : le
premier, celui du peché originel, celui de ce
la nature des idées, principalement les «
deux derniers, dont l'un eft contre la «
pretenduë efficace des caufes fecondes, «
& l'autre explique comment Dieu agit «
par les voyes les plus fimples. Je vous e
envoye auffi, Monfieur, un éclaircille-
ment, qu'il femble que l'Auteur ait
compofé pour ceux à qui fes principes
ne font point affez familiers : de forte
qu'il pourra en quelque maniere vous
tenir lieu de ce que vous devriez avoir
lû avant ce Traité. Je fuis, &c.

*

ce * Cet

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éclaircif «lement a été imcs primé à la fin d

Traité de la Nature

« & de la

Voici maintenant l'ufage que Mr Ar- Grace naud fait de cet extrait,

Mr ARNAU D.

que M
Arnau
a criti-

qué.

Réponse

III. Fe fuis donc en repos de ce côté-là. chap. 1. Mais je crains que vous ne foyez furpris, de voirque ce n'eft pas encore l'Ouvrage que vous *C'est àattendiez,& que ce n'en ce n'en peut être que le dire, fa préambule. Voici ce qui en a été la caufe. Nôtre ami nous a avertis dans la feconde de la Naéditition de fon Traité de la Nature & de la de la Grace, que pour le bien entendre, il feroit à Grace

auTraite

ture &

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P. 337.

propos que l'on fceuft les principes établis dans le livre de la Recherche de la verité; & il a marqué en particulier ce qu'il y a enfeigné de la nature des idées, c'est-à-dire, de P'opinion qu'il a que nous voyons toutes chofes

en Dieu.

Je me fuis donc mis à étudier cette matiere:

m'y étant appliqué avec foin, j'ay trouvé fi peu de vrai femblance, pour ne rien dire de plus fort, dans tout ce que nôtre ami enfeigne fur ce sujet, qu'il m'a femblé que je ne pouvois mieux faire, que de commencer par-là à lui montrer, qu'il a plus de fujet qu'il ne penfe de fe défier de quantité de Spéculations qui lui ont paru certaines, afin de le difpofer par cette experience fenfible, à chercher plûtôt l'intelligence des mysteres de la Grace dans la lumiere des Saints, que dans fes propres pensées.

Et dans la conclufion du livre.

Voilà, Monfieur, mes premieres difficultez fur les fentimens particuliers de notre ami. Cela ne regarde pas encore ceux du Traité de la Nature & de la Grace: mais il a crû lui-même qu'ils y avoient bien du rapport, puis qu'il a fouhaité qu'on les étudiaft, avant que d'examiner ceux de fon Traité, & qu'il y renvoye expreffement dans le I. Chap. de fon III. Difcours. Je ne pouvois done miene

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