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fa lumiere & fa Raison, elle n'apperçoit que tenebres ou fentimens confus, en fe contemplant) mais dans celui hors duquel l'efprit ne peut vivre, parce que hors de lui rien n'eft intelligible, rien n'est capable de l'éclairer, rien n'eft capable de le penetrer & de le nourrir.

Je penfe, Monfieur, que cela fuffit, afin que vous jugiez folidement des deux dernieres Démonftrations de Mr. Arnaud. Prenez la peine de les lire.

CHAPITRE XIV.

Réponse au XII. Chapitre des vrayes
des fauffes idées.

A

I. Prés avoir refuté les prétendues Démonftrations de Mr. Arnaud, & établi mon sentiment, il femble que je devrois finir ma Réponse. Car fi jufques ici jai eu raison, il est évident que le refte du livre de Mr. Arnaud ne merite point par lui-même d'être refuté. Mais fa reputation le merite peut être. Ainfi, je vais parcourir tous les Chapitres de fon Livre, & remarquer non toutes fes méprifes, (un volume in folio n'y fuftiroit qu'à peine) mais quelques-unes feulement dans chaque Chapitre, pour

ménager mon tems & celui du Lecteur.

II. Mr. Arnaud dans fon douzième Chapitre, auffi bien que dans la plûpart de ceux qui fuivent, ne tend qu'à prévenir fon Lecteur contre mes fentimens, en me repréfentant comme un homme qui n'a rien de ferme dans fa nouvelle doctrine de la Philofophie des idées, & qui en parle tantôt d'une façon, & tantôt d'une autre.

III. J'ai dit dans le titre d'un Chapitre, que nous voyons TOUTES CHOSES en Dieu; & ailleurs, qu'il n'y a que Dieu qui nous puiffe éclairer en nous repréfentant 10uTES CHOSES. J'ai dit aufli dans d'autres endroits, que nous ne voyons point en Dieu, ni nôtre ame, ni celle des autres hommes. Cela fuffit à Mr. Arnaud, pour conclurre, que je ne fuis pas ferme dans mon fentiment, & que je me contredis. TOUTES CHOSES, dit-il, fe réduifent donc aux chofes materielles & aux nombres. Et encore pour les chofes materielles, il en excepte dans les Eclairciffemens, toutes celles qui exiftent, & generalement tous les étres finguliers, Mr. Arnaud le prouve, & conclut par ces paroles. Voilà un grand retranchement du mot de Tou

TES CHOSES!

IV. Réponse. Si je croyois que nous cuffions une idée claire de nôtre ame &

de

de celles des autres hommes : fi nous la voyïons, ou fi nous la connoiffions autrement que par le fentiment interieur & tenebreux que nous avons de nous-mêmes peut-être Mr. Arnaud pourroit-il conclure, que je me contredis. 11 faudroit de l'équité pour reftreindre ce mot de toutes chofes. Mais il ne faut que du fens commun, pour voir que je fuis ferme dans mes principes, & que je parle exactement, quoique je dife, qu'on ne connoît point en Dieu ce qu'on ne fait que fentir ou connoître par fentiment. Ne puis-je pas dire, Monfieur, que c'eft de Dieu que j'ai toutes chofes, quoique je ne poffede prefque rien? Le fens commun ne veut-il pas, qu'on reftreigne ce toutes chofes au peu que j'ai ? Ainfi, comme je n'ai point cet avantage qu'a Monfieur Arnaud, d'avoir une idée claire de l'ame; & que même tous ceux avec qui j'ai traité de cette matiere, m'ont paru n'en point avoir, j'ai pû dire que nous voyons toutes chofes en Dieu, fans craindre la critique des perfonnes qui ont du fens, ou du moins de l'équité.

V. Mais quoi ! j'ai encore retranché les êtres finguliers?

Réponse. Je le veux, qu'en conclurat-il ? Je pourrai toûjours dire, que je voi

Tome I.

H

toutes chofes en Dieu, fi tout ce que je voi, c'eft en lui que je le voi. Mais voici le paffage de la Recherche de la verité, p. 1o que cite Mr. Arnaud, & par lequel il prétend prouver que je me fuis contredit, & duquel il conclut même, que ma derniere pensée, c'est qu'on ne voit en Dieu aucun des ouvrages de Dieu.

Rech, de

la verité vers la

fin de

l'Eclair ciffement fur la

nat. des

Idées. 2.

3. Liv.

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» Il eft, ce me femble, fort utile de » confiderer , que l'efprit ne connoît les objets de dehors qu'en deux manieres; » par lumiere & par fentiment. Il voit les » chofes lumiere, lors qu'il en a une par idée claire, & qu'il peut en confultant découvrir toutes les Part du cette idée, pro» prietez dont elles font capables. Il voit » les chofes par fentiment, lors qu'il ne » trouve point en lui même d'idée claire » de ces chofes pour la confulter, qu'il » ne peut ainfi en découvrir clairement » les proprietez, qu'il ne les connoît que " par un fentiment confus, fans lumière » & fans évidence. C'eft par lumiere & » par une idée claire, que l'efprit voit les eßences des chofes, les nombres & l'é» tendue. C'est par une idée confufe, ou par fentiment, qu'il juge de l'existence » des créatures, & qu'il connoît la fienne. propre.

VI. Il feroit affez à propos que vous

lâffiez la fuite mais Moufieur Arnaud n'a fait tranfcrire que cela. Cependant, je croi que vous voyez bien par les dernieres paroles de ce paffage que ma pensée dans cet endroit, auffi. bien que dans tous les autres, c'eft qu'à l'égard des êtres corporels, je prétens qu'on ne les voit, ou connoît, que dans l'étendue intelligible; idée qui reprefente toutes leurs effences ou ce qu'ils font, & qui ne fe trouve qu'en Dieu : mais que pour juger de leur éxiftence, ou les voir comme préfens, il faut que nos fens en foient frappez. Car il eft certain, qu'on ne voit comme actuellement éxiftents les ouvrages de Dieu, que par la couleur, la chaleur, la douleur ; en un mot, par l'impreffion qu'ils font fur nos fens: ou pour parler plus chrétiennement, plus exactement, plus philofophiquement que par une espece de revelation, que Dieu, comme Auteur de la Nature, nous en donne, en confequence des loix generales de l'union de l'ame & du corps, qu'il a établies pour agir en Dieu, & d'une maniere qui porte le caractere voyez le d'une fageffe infinie, d'une caufe gene- 4. Ch. rale, d'une nature immuable, toûjours conftante, & dans fes deffeins, & dans fa conduite.

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