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fance, eft infiniment parfaite : non felon qu'elle eft repréfentative des corps, non felon que nous la voyons, non entant qu'idée éternelle des créatures; mais felon fa fubftance que nous ne voyons pas en elle-même. Car tout ce qui eft en Dieu, eft Dieu tout entier, pour parler ainfi. Sa substance n'eft point divifible: & quoi qu'il y ait dans l'étendue intelligible, des parties intelligibles, des figures intelligibles, & toutes les veritez géometriques; Dieu eft un être fimple, indivifible, immuable. Dieu ne renferme qu'éminemment les corps qu'il a créez : mais il renferme dans la fimplicité de fa fubftance infiniment infinie, les idées de toutes chofes réellement, fubftantiellement, divinement.

VII. On voudroit bien, dit Mr. Arnaud page 143, que ce ne fût qu'éminemment que je miffe en Dieu l'étendue intelligible: car cela pourroit ne rien marquer qui fût indigne de Dieu. Quoi! fera-t-il croire aux lecteurs, que je penfe que l'étenduë intelligible eft une créature, afin de leur perfuader enfuite, que j'ai crû que les créatures n'étoient pas feulement en Dieu éminemment, mais formellement? A quel deffein brouiller ainfi toutes chofes ? Ne pourrois-je pas lui dire fur cela, & fur

tant d'autres, où malignitez, ou méprifes, une partie de ce qu'il reproche à Mr. Mallet? On voudroit bien, dit-il, que ce ne fût qu'éminemment, &c. Que cette parole eft équitable & charitable ! Je l'en remercie. Voilà comment il faut traitter fes amis. Il faut excufer leurs impietez, ce ne font que des méprifes. Mais pourquoi prouve-t-il fi au long, que ce n'eft point éminemment, mais formellement, que j'ai crû que l'étendue intelligible étoit en Dieu, aprés avoir parlé de cette étendue, comme de quelque chofe tout-à-fait indigne de Dieu? C'eft affûrément, qu'il faut préferer l'amour de la verité à une honnêteté pernicieufe à fes amis. Jugez, Monfieur, de la conduite de Mr. Arnaud. Excufez fon efprit, ou fon cœur. Appellez cela par le nom qu'il vous plaira. Mais s'il vous a troublé fur mon fujet, raffûrez-vous, & n'abandonnez pas la verité, quoi qu'il la tourne en ridicule, & la repréfente comme un phantôme, qui ne doit faire peur qu'aux efprits foibles.

XVII

. XVII

CHAPITRE XVII.

1. V

Réponse au XV. Chapitre.

;

Oici comme débute Mr. Arnaud dans fon Chapitre XV.

On vient de voir, dit-il, dans le Chapitre précedent, que rien n'est plus inintelligible, que cette étendue intelligible infinie, que cet Auteur a inventée pour nous donner moyen de voir les chofes en Dieu s'étant perfuadé fur de faux principes, que nous ne pouvons voir autrement aucun des objets qui font hors de nous. Mais ce qui n'eft pas moins étrange, eft qu'il ait fi mal rencontré dans ce prétendu moyen de voir les chofes en Dieu, qu'en lui accordant tout ce qu'il suppose, il eft impoffible que cette étendue intelligible infinie, dans laquelle il prétend que nous devons voir toutes chofes, nous foit un moyen d'en voir aucune de toutes celles que nous ne connoîtrions pas, & que nous voudrions connoître.

Je commence, continue-t il, par les nombres ; car il les met entre les trois choSes que nous ne voyons qu'en Dieu, parce que nous les voyons par lumiere, & par une idée claire. Je voudrois bien fçavoir,

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quel eft le nombre, qui étant divifé par 18, il reftes; par 19, il reste 6 ; par is, il refte 7. C'est-à-dire, que je voudrois bien fçavoir le nombre de la Periode Julienne qui a ces 3. caracteres, 5. du Cycle Solaire, 6. du Nombre d'Or, & 7. de l'Indilion. A quoi, je vous prie, me pourroit fervir, pour connoître ce nombre l'étendue intelligible infinie unie à mon ame? Me dira-t-on, que tous les nombres y font? &c. Il prouve enfuite, qu'on ne peut pas rencontrer ce nombre dans l'étendue intelligible; ce qui ne lui eft pas fort difficile, comme vous pouvez juger. Et aprés s'être un peu diverti par le ridicule de cette penfée, il revient & dit : Mais peut-être auffi, que cette étenduë intelligible n'eft que pour les corps ? &c.

II. Réponse. Sur quoi, Monfieur, je vous demande, s'il eft feulement vraifemblable, que Mr. Arnaud ait lû ce qu'il critique, dans le deffein de l'entendre & d'éclaircir la verité? Je diftingue dans l'endroit qu'il cite, entre connoître par lumiere, & connoître par fentiment ; & je mets les nombres entre les chofes qu'on connoît par lumiere, ou par une idée claire, parce que je voi évidemment par l'efprit, & non par les fens, les veritez de l'Arithmetique. Quel fujet cela

peut-il donner de croire, que j'ai cette folle penfée, qu'on découvre les nombres dans l'étendue intelligible, ou dans. l'idée des corps N'ai je pas toûjours marqué, que l'efprit ne pouvoit connoître ·les corps en eux-mêmes ? Et n'eft-ce pas toûjours pour cela, que j'ai voulu qu'on les vit par l'étendue intelligible qui eft leur idée ? Ai-je dit quelque part, que les nombres n'étoient pas intelligibles par eux-mêmes, & qu'il falloit de l'étendue intelligible, ou quelque autre idée, pour les repréfenter à l'efprit ? Mais, d'un autre côté, fi Mr. Arnaud n'a pas pû croire, qu'effectivement j'aye avancé cette evtravagance; par quel principe d'honnêteté & de morale a-t-il pû me l'attribuer Eft il permis de dire d'un homme, que c'eft un fot, le traiter comme tel, & le faire paffer pour tel dans l'efprit des fimples, pourvû qu'on dife enfuite, que peut-être il ne l'eft pas ? II faut donc que Mr. Arnaud n'entende nullement ce qu'il critique, ou n'ait aucun deffein de me rendre justice. Vous le verrez, Monfieur, encore plus clairement par l'hiftoire qu'il rapporte dans ce même Chapitre. Il étoit dans fa gaye humeur : il vouloit fe réjouir à me dépens. Mais j'apprehende qu'il ne de

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