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dont j'apprehende pour lui qu'un jour il ne rende compte.

CHAPITRE III.

Raifons pour lesquelles Mr. Arnaud eft indifpenfablement obligé de donner inceffamment fon examen du Traité de la Nature & de la Grace. Dogme nouveau qu'il avance fur la Grace & la Prédeftination.

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1.TL y a, Monfieur, bien des raifons Lya, de juftice, de charité, de Religion & d'honneur, qui obligent Mr. Arnaud à faire paroître inceffamment ce qu'il pense fur le Traité de la Nature & de la Grace. Je vous prie d'y faire attention en voici les principales.

I. Il y a environ quatre ans qu'il me l'a promis, & il y en a deux ou trois qu'il l'a promis au public, j'entens à fes amis, qui n'ont rendu que trop publique la promeffe qu'il leur en a faite. Il y eft donc engagé par honneur.

II. En fecond lieu, on lui a fait fçavoir, que le jugement qu'il en a porté il y a plus de quatre ans, aprés l'avoir parcouru avec beaucoup de précipitation comme il le dit lui-même dans fa lettre

contre la condition que j'avois exigée; & qu'il avoit acceptée, m'avoit attiré le mépris, la calomnie & 1 indignation de bien des gens. Il y eft donc obligé par justice.

III. En troifiéme lieu, il fçait qu'avant même que ce Traité fût compofé, les principes qui y font expliquez ont fait abandonner ce qu'il appelle les bons fentimens, à des perfonnes qui en étoient auparavant fort perfuadées. Il doit donc par charité faire voir inceffamment à ces pauvres dévoyez, qu'ils s'égarent; & les rappeller au troupeau qui fe diffipe, & qui fe diffipera, s'il n'y veille.

IV. Enfin, il y eft obligé par principe de Religion car le Traité de la Nature &de la Grace étant fait pour juftifier aux Philofophes la fageffe & la bonté de Dieu dans la conftruction de fon Ou vrage, pour nous faire aimer Dieu, & nous lier à Jefus-Chrift, ayant rapport à ce qu'il y a de plus faint dans la foi que nous profeffons; fi mes principes font faux, rien n'eft plus preffant pour un homme qui a de l'amour pour la Religion, que , que de marquer précisément où ję

me trompe,

V. Mais, Monfieur, ajoûtez à tout pela, qu'il y a long-tems que c'eft une

chofe publique, que Mr Arnaud a déja écrit contre mon Traité. Une perfonne d'honneur m'a dit à moi-même & à plufieurs autres il y a plus d'un an, qu'il en avoit lû vingt-cinq cahiers. Que font devenus ces Ecrits? S'ils font folides, pourquoi en prive-t-on le public? Ils font maintenant abfolument neceffaires. Mr. Arnaud ne fçait-il pas, que le monde eft foupçonneux & malin Ne voit-il pas qu'on pourra croire › que fon livre des vrayes & des fauffes idées, au tems &des auquel il paroît, eft une approbation autentique du Traité de la Nature & de la Grace, où il eft parlé de matieres qu'il a bien plus à cœur, qu'une question abftraite fur laquelle il n'a nul engagement, & qui eft tirée d'un Ouvrage qu'il eftimoit autrefois, lors qu'il s'imaginoit que j'étois dans fes fentimens, auffi-bien que de fes amis.

VI. En verité, Monfieur, je plains nôtre ami, s'il eft fi fort vendu à l'amitié de certaines gens, ou tellement efclave du rang qu'il tient dans l'efprit de fes Difciples, qu'il facrifie la verité, pour conferver la place qu'il a dans leur efprit & dans leur cœur. Quoi qu'il écrive utilement contre les Heretiques, il travailleroit bien plus utilement pour la Reli

gion, & pour ceux qu'il abufe depuis fi long-tems, fi quittant fes préjugez, il examinoit de nouveau fes fentimens fur la Grace, par les Ouvrages de S. Auguftin & des autres Peres, par le Concile de Trente, & par le fecours des livres qu'on a faits, pour lui montrer qu'il fe trompe; & renonçât enfin à des opinions particulieres, dont les confequences font horreur, qu'il avance néanmoins comme des dogmes de foi, & qu'il fait dire aux Peres, qui certainemsnt ont enfeigné tout le contraire. Cela lui feroit C'est que plus glorieux devant Dieu, je ne dis pas Selon le fentimet que de démontrer que l'homme eft à de Mr. lui-même fa lumiere & fa raison, contre Arnand, ce qu'enfeigne l'Auteur de la Recherche contient de la verité, je dis que de terraffer Mr. en elle Claude & tout le parti. Il faut de la vertoutes les tu, & une vertu heroïque & Chrétienne veritez non pour dire en general, qu'on eft homme fujet à l'erreur, mais pour reconnoîple La tre fes erreurs, & fe couvrir de confuSuite é "claircira fion devant des hommes qu'on renconqu'or cette fen- tre à tous momens, afin de plaire à la verité qui nous penetre, mais qui ne fe prefente point devant nous.

Pame

même

qu'elle

contem

Sée.

VII. J'ai été furpris, je vous l'avouë lors qu'en lifant le II. Volume de Mr. Arnaud contre Mr. Mallet, j'y ai trouvé

Encore ces paroles, que je vous prie d'examiner avec foin: car c'eft à cela, que nôtre ami penfe, que fe réduit tout ce qu'on peut dire de folide fur la prédesti

nation.

Défenfe de la Traduction de Mons contre Mr. Mallet, II. Vol. pag. 3.

En un mot, tout ce qu'il peut y avoir de folide dans la difpute de la prédeftination, fe réduit à fçavoir, fi les merites des Saints, aufquels Dien a destiné le Royaume du Ciel pour récompenfe, font l'effet d'une Grace dont ils fent bien on mal, comme il leur plaît; ou fi ce font des dons de Dieu, parce que les Saints ne les ont, qu'autant que Dieu les leur fait avoir par l'efficace de fa Grace.

Si les merites, continue-t'il, étoient l'effet d'une Grace de la premiere forte, comme ils ne feroient pas proprement des dons de Dieu, il faudroit avouer, que la prédeftination feroit tout-à-fait dépendante de la prévision des merites. Mais il n'y a que les Pelagiens qui puißent avoir cette pensée ; & c'est un Article de notre foi, que tous nos merites font des dons de Dieu, & qu'il qu'il ne donne fes ré, compenfes éternelles qu'aux bonnes au

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