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de l'ame, comme les figures ne font que des modifications de la matiere. C'étoit-là mon deffein. Mais je ne penfois nullement alors, à expliquer ce que je croyois de la nature des idées. Rien n'eft plus vifible, lors qu'on examine ce Chapitre dans le deffein de l'entendre. Je pouvois donc pour lors, & même je devois me fervir des termes de perception & d'idée dans le fens general qu'ils portent d'euxmêmes, & remettre, comme j'ai fait au III. Livre, à m'expliquer fur cette matiere, lorfque les efprits feroient délivrez des pré ugez, & en état de la concevoir. Mais que fait Mr. Arnaud ? Il lui plaît de prendre ma penfée dans un lieu où il eft vifible que je ne l'ai point exposée, & où je ne devois pas l'expofer. Par le moyen de la generalité de mes termes, il m'attribue un fentiment que je n'ai point; & enfuite il me chicane, à caufe que je n'ai pas d'abord défini mes termes, & prétend que c'eft que je me contredis. Il le repete pour le moins quinze ou vingt fois dans fon Livre. Je quitte, felon lui, un bon fentiment pour en prendre un méchant, lorfque parlant à fond de la nature des idées dans le III. Livre, je refute celui qu'il m'a impofé, en donnant à des termes generaux le fens

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particulier qui s'accommodoit à fon deffein. Voilà, Monfieur, fa conduite. Jugez fi elle eft équitable.

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XIII. Mais de peur que la lecture du III. Chapitre de Mr. Arnaud ne vous porte à croire, que lorfque j'écrivois le premier de la Recherche de la verité, je ne penfois point encore aux idées, telles que je les explique dans le III. Livre, ce qui pourroit avoir quelque vrai-femblance; je vous prie d'examiner ce pasChapfage tiré de la Recherche de la verité. On peut dire de même, que les idées de l'ame font de deux fortes, en pre» nant le nom d'idée en general, pour » tout ce que l'efprit apperçoit imme»diatement. Les premieres nous repréfentent quelque chofe hors de nous, comme celle d'un quarré, d'une maifon, &c. Les fecondes ne nous repré» fentent que ce qui fe paffe en nous, » comme nos fenfations, la douleur, le "plaifir, &c, Car on fera voir, dans la "fuite, que ces dernieres idées ne font » rien autre chofe qu'une maniere d'être » de l'efprit; & c'eft pour cela que je les appellerai des modifications de l'ef» pric.

XIV. Ces paroles, Monfieur, en prenant ce mot idée en general, pour tout ce

que

que l'efprit apperçoit immediatement, ne fuffifent-elles pas pour ôter l'équivoque du mot d'idée, autant qu'il étoit neceffaire pour ce Chapitre, & pour faire comprendre, que déflors je diftinguois les idées d'avec les fentimens confus? Celles-ci, que l'efprit apperçoit immediatement, ne marquent-elles pas, que déslors je croyois, qu'on ne voyoit point les objets en eux-mêmes ? Et enfin ces dernieres, On fera voir dans la fuite, que ces dernieres idées ne font rien autre chofe qu'une maniere d'être de l'efprit ; & c'est pour cela que je les appellerai des modifications de l'efprit, ne difent-elles pas formellement, que les idées qui nous repréfentent quelque chofe de diftingué de nous, un quarré, une maifon, &c. ne font point des modalitez de l'ame, & qu'il n'y a feulement que les idées qui nous repréfentent ce qui fe paffe en nous, nôtre douleur, nôtre plaifir, &c. qui foient des modifications de nôtre être? Pourquoi donc Mr. Arnaud me reprendt-il à tous momens de me contredire, & que j'ai changé de fentiment? Que dans le premier Chapitre j'avois pris le mot d'idée dans fon vrai fens: mais que dans le III. tout d'un coup j'ai perdu de vie les idées prifes pour des perceptions a Tome I.

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&fans y prendre garde, j'ai fubftitué ma notion bizarre d'être représentatif? Je me contente, dit-il encore page 17. de vous faire remarquer, que l'Auteur de la Recherche de la verité, ayant souvent parlé de ces idées dans le premier Chapitre de fon Livre, il a marqué en diverfes manieres, que les idées des objets & les perceptions des objets étoient la même chofe. Et ce qui eft remarquable, afin qu'on ne croye pas que cela lui eft échappés c'est que dans la II. Partie du II. Livre, il continue à prendre le mot d'idée dans la même notion, fur tout dans le III. Chapitre. Car ce qu'il appelle dans le titre de ce Chapitre, la liaison mutuelle des idées de l'efprit & des traces du cerveau, il l'appelle dans le Chapitre même, la correfpondance naturelle & mutuelle des penfées de l'ame & des traces du cerveau. Il croyoit donc alors, qu'idées étoient la même chofe que penfées, &c. Je croi, Monfieur, qu'il faut admirer tout ce difcours; non qu'il foit admirable en lui même, mais parce que c'eft le difcours de Mr. Antoine Arnaud Docteur de Sorbonne, & qu'affûrement on doit s'étonner qu'il ait été capable de le compofer.

CHAPITRE XXV.

Réponse au XXVII. Chapitre.

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I je m'arrêtois à débrouiller toutes les broüilleries de Mr. Arnaud, je me donnerois une peine affez inutile, & je ferois un Livre fort ennuyeux. Je ne fçai fi j'ai déja dit cela. Mais à tout hazard, c'est une verité que je puis bien dire deux fois. Il n'y auroit gueres de affez de loifir & affez fottement curieux, pour lire un gros Livre, dont le principal deffein feroit de juftifier, que je ne fuis pas le phantôme que Mr. Arnaud met en pieces. C'est pour cela que je paffe legerement certaines vetilles qui ne tendent qu'à me déguifer, & à me faire paffer pour un Auteur incapable d'avoir rien dit de folide dans le Traité de la Nature & de la Grace: car c'eft de cela dont il s'agit. L'Auteur de la Recherche de la verité ne feroit point travefti tout d'un coup en ridicule dans l'imagination & dans le Livre de Mr. Arnaud ; il feroit encore fait comme un autre homme, s'il n'étoit point l'Auteur de ce méchant Livre, qui a fait quitter avec éclat les bons fentimens à quelques

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