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il eft neceffaire qu'il y ait une idée differente de la même modification, afin que cette modification foit perception de quelque chofe, comme un préjugé dans lequel il croit que les Philofophes ont chap. 4. donné fur de fottes raifons ; & que l'Auteur de la Recherche de la verité les ait reçûës auffi-bien qu'eux fans autre examen; rien en verité n'est plus étonnant. Ce font fes paroles.

X. Si Mr. Arnaud avoit examiné avec les yeux de l'efprit, & fans chagrin, le Chapitre 5. de la Recherche de la verité, 2. Part. Liv. 3. & la Réponse à la feconde Objection qui eft à la fin de l'Eclairciffement fur la nature des idées, 2. Partie, Livre 3. endroits où je refute fon fentien peu de mots, & comme par hazard; car fon fentiment étant fort éloigné de celui des Philofophes ordinaires, comme il le dit lui-même fort fouvent, & principalement dans fon 4. Chap. & mon deffein dans les premiers livres de la Rechercle de la verité, étant de délivrer l'efprit des préjugez ordinaires, avant la méthode pour découvrir la verité que j'ai donnée dans le dernier ; je n'avois garde de m'arrêter long-tems à la refutation de fon fentiment. Si, dis-je, Mr. Arnaud avoit apporté quelque attention à la lec

ture des deux endroits que je cite, il auroit bien compris, que ce n'eft point par préjugé & fans examen, que je foûtiens que nos perceptions, entant que modifications de l'efprit, font differentes de nos idées. Je parle des idées qui nous représentent des êtres differens de nos modifications: car j'ai dit dans la Recherche de la verité, Chap. 1. & s. de la 2. Part. du 3. Liv. & ailleurs, qu'il ne faut point d'idée pour reprefenter à l'ame fon plaifir, la douleur, & generalement tous fes fentimens ; ni pour lui repréfenter fes propres connoiffances, mais feulement les objets de fes connoiffances. Car je connois un quarré par une idée : mais ce n'eft que par fentiment interieur de ma perception, que je fçai que je le connois. Pour connoître, il faut des idées differentes des modifications de l'efprit. Mais il n'en faut point pour fentir ce qui fe paffe en foi-même. Verité que Monfieur Arnaud jufques ici n'a pas pû comprendre. Car il croit même, que fentir c'eft connoître. Et c'eft pour cela qu'il s'imagine connoître l'ame & fes modifications, auffi clairement que les Geometres connoiffent l'étendue & les veritez des Mathematiques. Voyez, Monfieur, les Chapitres 23, 24, & 25. des vrayes &

des faußes idées, aprés avoir lû l'Eclairciffement fur le Chap. 7. de la 2. Part. du 3. Livre, où je prouve que nous n'avons point d'idée claire de la nature, ni des modifications de nôtre ame; quoi qu'à l'égard de fon éxiftence, nous la connoiffions plus certainement que toute autre chofe.

CHAPITRE VI.

Preuves tirées de la Recherche de la verité: Que les modalitez de l'ame ne font que l'objet immediat de nos fentimens, & non celui de nos connoissances.

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Ne reflexion ferieufe fur la diffe

rence qui fe trouve entre connoître par fentiment & connoître par idée; ou plutôt, entre connoître & fentir; entre connoître les nombres & leurs proprietez, l'étenduë, les figures Geomètriques & leurs rapports; & fentir le plaifir, la douleur, la chaleur, la couleur, & même les perceptions interieures qu'on a des objets; fait, ce me femble, affez juger à ceux qui font accoûtumez à la meditation des veritez Metaphyfiques. I. Que pour fentir, par exemple, la douleur, il ne faut point d'idée représen

tative, & que la modalité de l'ame fuffit: parce qu'il eft certain que la douleur est une modalité, ou modification de l'ame.

II. Que pour connoître les nombres & les figures Geometriques, & leurs rapports, on a befoin d'une idée, afin que l'ame puiffe en avoir la perception : car fans idée, l'ame n'a perception de rien de diftingué d'elle, & l'idée d'un cercle ne peut être la modalité de l'ame.

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III. Que pour voir un objet sensible le Soleil, un arbre, une maison, &c. il faut deux chofes: la modalité de couleur, car Mr. Arnaud convient, que la couleur eft une modification de l'ame : & une idée pure, fçavoir l'idée de l'étenduë, ou l'étendue intelligible. Car lors qu'on a un fentiment vif de lumiere, attaché, ou qui fe rapporte à un cercle intelligible diftant d'un certain efpace intelligible, rendu fenfible par differentes couleurs, on voit le Soleil, non tel qu'il est, mais tel qu'on le voit. C'est-là, Monfieur, tout ce qui eft neceffaire pour fentir ce qui fe paffe dans l'ame, apprendre les Sciences, & voir tous les objets de ce monde vifible. Mais il faut clairement comprendre ceci : ce que n'a pû faire Mr. Arnaud, à caufe apparemment du deffein de critiquer, que fon chagrin lui

a infpiré, quoique tout fût clairement & amplement expliqué dans la Recherche de la verité. Car au lieu d'y reconnoître certains principes que j'ai fuivis, il n'y a vû que ce qu'il fouhaittoit d'y voir, des variations, des contradictions, des fophifmes; en un mot, tout ce qui peut rendre ridicule un Auteur aux yeux du monde. Mais venons à Mr. Arnaud.

de la

2.

Part. du

ailleurs.

II. Il prétend que je me trompe, lorfque je dis que nous voyons en Dieu, & non en nous-mêmes, toutes chofes, (j'ai Chap. 6. excepté nos fentimens, ou tout ce qui fe paffe dans l'ame, dont elle a fentiment 3.Liv interieur ou confcience; car j'entens par confcience le fentiment interieur.) Parce que, dit-il, il est clair à quiconque fait reflexion fur ce qui fe paße dans son efprit, que toutes nos perceptions font des modalitez repréfentatives. Je l'avouë en ce fens, qu'il ne faut point d'idée pour reprefenter les perceptions, ou pour avoir fentiment interieur de fes perceptions, ainfi que j'ai déja dit ; car en ce fens nos perceptions font effentiellement repreTentatives de ce qu'elles font. Mais je nie, qu'il puiffe y avoir fans idée, de perception qui repréfente à l'efprit un être dif tingué de lui. C'eft de cela feul dont il eft question. C'eft ce que Mr. Arnaud

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