페이지 이미지
PDF
ePub

pag. 130.

Car certainement, Dieu voit l'étenduë; puis qu'il en a fait, il voit bien à quoi je pense. Mais il n'y a pas en Dieu des moucherons, des puces, des crapaux, au fens ridicule de Mr. Arnaud. Dieu a l'idée de l'étendue : il a voulu en faire. Il a voulu de plus, qu'une partie de cette étenduë qu'il a faite, fût arrangée de la maniere que l'eft le corps d'un crapau. Il voit donc par l'idée qu'il a de l'étenduë, idée de toutes les fubftances corporelles, qu'il y a un crapau. Mais il ne le voit tel pas que nous le voyons, coloré, puant, revêtu de toutes les qualitez fenfibles que nous lui attribuons. Il voit néanmoins que nous le voyons par nos fens, tel qu'il n'eft pas en lui-même. Car Dieu a l'idée de l'ame qu'il a faite. Mr. Arnaud prétend bien lui-même l'avoir. Il fçait de plus, les loix de l'union de l'ame & du corps qu'il a établies. Il connoît donc quelles font les couleurs, l'odeur, l'horreur dont nous fommes frappez en regardant ces animaux.

XV. Mais, continue Mr. Arnaud, afin que mes raifons fuffent bonnes, il faudroit que Dieu ne connût que ce qui eft en tui-même: ce qui ne fe peut dire fans erreur. Et fur cela, il difcourt à fon ordinaire. Il traduit un Article de S. Thomas

qui a pour titre, Vtrum Deus cognofcat alia à fe; & fait de grands raifonnemens qui ne me regardent nullement : fi ce n'eft, que cela peut faire croire à ceux

qui ne voyent que le blanc & le noir dans les livres, que je penfe que Dieu ne connoît point ce qui fe fait ici-bas. Je lui répons en deux mots, que Dieu connoît tout ce qui eft hors de lui; mais que c'eft une impieté, que de prétendre qu'il le connoiffe autrement que je viens de dire: fçavoir par l'idée qu'il a dans fon Verbe de leurs effences, & par la connoiffance qu'il a de fes volontez, qui leur donnent l'être, & toutes les modifications de leur être car certainement Dieu ne tire fes connoiffances que de lui-même.

CHAPITRE VII.

Quatriéme preuve tirée de la Recherche de la verité, Chap. 5. de la 2. Part. du 3. Liv. & confirmée par St. Auguftin.

1.

Ly a des perfonnes qui ne font

ce

I point de difficulté d'affeurer que «

l'ame étant faite pour penfer, elle a a dans elle-même, je veux dire en confi- « derant fes propres perfections, rout ce qu'il lui faut pour appercevoir les «

[ocr errors]

دو

رو

[ocr errors]

objets; parce qu'en effet, étant plus noble que toutes les chofes qu'elle conçoit diftinctement, on peut dire qu'elle les contient en quelque forte éminem»ment, comme par l'Ecole, c'eft-à-dire » d'une maniere plus noble & plus relevée qu'elles ne font en elles-mêmes. Ils prétendent, que les chofes fuperieures »comprennent en cette forte les perfections des inferieures. Ainfi étant les plus nobles des créatures qu'ils con»noiffent, ils fe flattent d'avoir dans eux» mêmes d'une maniere fpirituelle, tout » ce qui eft dans le monde visible, & de » pouvoir en fe modifiant diversement, appercevoir tout ce que l'efprit humain » eft capable de connoître. En un mot, ils veulent l'ame foit comme un que » monde intelligible, qui comprend en » foi tout ce que comprend le monde materiel & fenfible, & même infini»ment davantage. Mais il me femble que c'eft être bien hardi, que de vouloir » foûtenir cette pensée. C'eft, fi je ne me trompe, la vanité naturelle, l'amour » de l'indépendance, & le defir de reffembler à celui qui comprend en foi » tous les êtres, qui nous broüille l'efprit, & qui nous porte à nous imagi-, »ner, que nous poffedons ce que nous

دو

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

دو

tu lumen

n'avons point. Ne dites pas, que vous « Dic quia Soyez à vous-même vôtre lumiere, dit « tibi St. Auguftin: car il n'y a que Dieu qui foit à lui-même fa lumiere, & qui puiffe en se confiderant, voir tout ce qu'il a « Dominig produit, & qu'il peut produire. «

ce non es. Serm. 8.

CR

II. Il me femble que je dois dire à Monfieur Arnaud ces paroles de S. Auguftin, qui font citées dans cette quatrième preuve. Dic quia tu tibi lumen non es. Ne foûtenez pas, , Monfieur, que les modalitez de vôtre ame font effentiellement repréfentatives. Mais dites, felon l'ordre que vous en donne St. Augustin, que vous n'êtes pas vôtre lumiere à vous-même. Nôtre lumiere, ce font nos idées : c'eft la Raifon univerfelle, c'eft la fubftance intelligible qui les renferme. Les veritez que nous connoiffons, ne font que les rapports qui font entre ces idées, Car il eft vifible, que le rapport d'égalité qui eft entre deux & deux & quatre, eft une verité immuable & neceffaire. De forte que foûtenant que les modalitez de vôtre ame font eßentiellement représentatives, vous dites que vous êtes à vousmême vôtre lumiere, vôtre fageffe, vôtre maître interieur. Vous rendez à la puiffance de Dieu l'honneur qui lui est dû, fi vous reconnoiffez que vous n'êtes pas

de verbis

la caufe de vôtre lumiere. Mais vous ne rendez pas l'honneur qui eft dû à sa fageffe, en foûtenant que vos modalitez font effentiellement représentatives de la verité, en foûtenant qu'elles font réellement & formellement la lumiere qui vous éclaire. Vous vous attribuez ce qui appartient uniquement à la Raifon univerfelle, Voyez qui vous inftruit vous, Monfieur, & si-deffous tout ce qu'il y a d'intelligences, qui ne le Ch.21 voyent la verité, que parce qu'ils contemplent la fubftance intelligible que renferme la Raifon pour laquelle ils font faits, & hors de laquelle rien n'est intelligible. Ecoutez, s'il vous plaît, faint Auguftin. Vous faites gloire de foûtenir fes fentimens. Prenez-les bien, & ne les abandonnez pas. Ils font plus Chrétiens & plus folides, que tout ce qui vous eft * p. 338. venu dans l'esprit, vous ne fçauriez * dire comment. Souvenez vous de cet aveu, & de ce que vous dites à la fin de vôtre livre. C'est ce que je puis dire à nôtre ami. Mais il eft à propos que S. Augustin lui dife les mêmes chofes. Voici donc le paffage de S. Auguftin plus au long. De ver. Dic quia tu tibi lumen non es. Ut bis Do- multum oculus es, lumen non es. Quid Serm. 8. prodeft patens & fanus oculus, fi lumen defit? Ergò dic à te tibi lumen non effe

mini.

بق

« 이전계속 »