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fur les occupations de la Compagnie; il donna une idée exacte des fciences qui font l'objet de fes recherches, & s'attacha principalement à en montrer l'utilité. L'élégance & le feu de fes expreffions démentirent ce qu'il avoit dit en commençant, que laSociété Royale ne faifoit point profeffion d'éloquence; qu'elle s'occupoit uniquement à étudier la nature dans fa fimplicité, & la raison dans la juftesse de fes regles. Son difcours fut fort applaudi: on obtint de lui qu'il le livreroit à l'impreffion, & il s'en répandit, en conféquence, dans le temps, un affez grand nombre d'exemplaires. Comme il est assez rare aujourd'hui, nous avons cru faire plaifir à nos lecteurs en mettant ici fous leurs yeux les endroits de ce difcours qui nous ont paru les mieux écrits & les plus intéressants.

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Tel eft le morceau fuivant, où après avoir fait une comparaifon ingénieufe de notre fiecle, fi éclairé & fi délicat, avec les fiecles ruftiques & ténébreux qui l'ont précédé, l'Orateur Académicien s'écrie » Aura-t-on affez de reconnoiffance ou » d'eftime pour des gens qu'on croit ordinairement » fans goût & fans politeffe, pour ceux qu'on ho» nore par mépris du nom d'habiles Géometres » pour croire qu'on leur foit redevable d'un fi heu» reux changement? Et leur fera-t-on la juftice » d'avouer que l'ordre & la justeffe qu'on voit briller, depuis un certain temps, dans toutes les productions de l'efprit & dans tous les ouvrages de » bon goût, ne font qu'un effet & une fuite néceffaire de cet efprit géométrique, que l'excellence » & la perfection de leurs nouvelles méthodes a » rendu plus univerfel, plus familier & plus com»municable à toutes fortes de connoiffances.

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» En effet, Meffieurs, depuis que ces favants, au » milieu de leurs profondes méditations, ont fu

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fouffler, pour ainfi dire, l'efprit de vie dans ce grand corps des méchaniques; qu'ils l'ont animé » par une géométrie transcendante & toute fpirituelle; ç'a été comme l'ame intelligente qui en a dirigé tous les mouvements, qui a ouvert le » chemin à mille inventions curieufes, utiles & né» ceffaires.

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» Par-là ils ont donné lieu de mettre à profit » tant de choses d'un ufage peu connu ou tout-à» fait ignoré, qui font maintenant l'objet des re» cherches & de l'application des Philofophes ou » celui du travail de tant de Manufactures Royales » ou particulieres, dont cette Province connoît fi » bien l'utilité, & dans lesquelles l'induftrie humaine "a eu besoin de toute la jufteffe de la Géométrie, » & des lumieres des Méchaniques, pour mettre en » exécution tant de chefs-d'œuvres, qui mériteroient » notre admiration toute entiere, fi nous n'admirions ≫ encore davantage l'excellence & l'étendue de cet heureux génie qui conduifit ces grandes entreprises, » & qui rendant les François industrieux, les rendoit » auffi riches par leur travail & par leur commerce, qu'ils étoient en même temps redoutables par leurs » armes. D'où il femble qu'on peut justement appliquer à ce fiecle, ce que les Poëtes feignirent autrefois: * que cette Divinité qui préfidoit avec tant de fierté » à l'ardeur des combats, étoit la même qui favoit avec » tant de fageffe & d'industrie, manier les arts & les » fciences.

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Car, Meffieurs, avec quelle rapidité les voyons" nous à l'envi les unes des autres, approcher du plus haut point de leur perfection? D'un côté, » Î'Architecture dans la nobleffe de fes deffeins, » s'éloignant du goût bizarre des fiecles groffiers, » s'eft élevée fur le fondement d'une heureufe fim»plicité. Les habiles Maîtres profitant ingénieuse

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»ment de la belle fymmétrie & de cette proportion la Géométrie a établie dans toutes leurs regles, ont fu agréablement forcer les hommes à fe procurer les aifes d'une vie tranquille, fociable, & quelquefois même approchante de l'innocence des temps où l'on inventa ce bel Art. » Par-là ils nous font admirer ces édifices, dont la fage & majeftueufe ordonnance infpire le refpect & la vénération pour un culte faint & Religieux. Ils nous ont remplis d'étonnement à la » vue de ces bâtiments fuperbes, où la grandeur & » la majefté du Prince font répandues, & brillent » avec tant d'éclat & de magnificence.

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» Et ne regardera-t-on pas toujours comme des plus furprenantes productions de l'Architecture, » tant de Ports nouvellement conftruits, tant de » Canaux nouvellement tracés, pour fertilifer des » terres ingrates ou ftériles; & enfin cette merveil» leufe entreprise, qui a ouvert de nouvelles routes » au Commerce de cette Province? Là, Meffieurs, » toutes les Méchaniques & la Géométrie pratique femblent s'être confondues, ou s'être unies pour faire, toutes enfemble, mieux paroître leur utilité. » Art de mefurer les eaux ; jufteffe de nivellement ; » belle & fûre conftruction de Ponts & de Jetées; » heureufe difpofition & nouvelle forme d'Eclufes; » hardieffe à foutenir les Rivieres fur des Aqueducs; » à les précipiter fous les terres; à les détourner; à fe jouer des obftacles de la Nature. On diroit enfin, que les Arts dans leur perfection, ont » voulu noblement tracer dans ce magnifique ou» vrage, un chemin à l'admiration de la postérité, » en lui affurant celui de l'abondance.

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» Et fi tant d'avantages ont été les fruits de cette » aimable paix, dont le fouvenir eft encore fi agréa»ble aux fciences; qu'il leur doit être dur, Meffieurs,

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de venir ici dans une idée pleine d'effroi & d'a» larmes, tirer avantage d'un Art qu'elles ont été obligées de perfectionner, à mefure que l'injuf»tice ou l'ambition des hommes eft devenue plus punissable ou plus à craindre. C'eft alors qu'en » découvrant ces manieres terribles de foudroyer & » de renverser les Villes, elles ont auffi mis en ufage » celles de les affurer par de nouveaux & folides » remparts, & par des citadelles plus fortes, plus

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régulieres & plus propres à être vaillamment dé» fendues que n'étoient les anciennes. Que fi toutes » ces défenfes que l'art oppofoit à la valeur de nos » troupes, n'avoient pu jufqu'ici fufpendre le glo» rieux cours de nos profpérités; on auroit cru » peut-être que cette grande facilité de vaincre étoit » due à la foibleffe des obftacles qu'on avoit à com» battre; & il falloit, pour affurer la gloire de la » Nation & pour relever le prix de tant d'actions éclatantes qu'elle a faites, qu'un bizarre événe> ment découvrît la grandeur des mêmes difficultés » qu'on avoit fi fouvent furmontées. «<

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L'éloge de l'Aftronomie fournit un vafte champ à la fécondité de l'Orateur; qui fe croit d'autant plus obligé à faire connoître tous les avantages de cette fcience, qu'elle est, dit-il, » Comme la prin

cipale caufe de l'honneur que le Roi a fait à la » Société de Montpellier. L'heureufe fituation de » cette ville dans un climat fi tempéré; ces jours clairs & fereins, dont la beauté donne une idée » de celle qui brille dans l'efprit & fur le vifage de fes habitants; cet air doux & pur, vraie fource » de cette aimable vivacité & de cet enjouement, qui rend leurs mœurs fi douces, leurs manieres engageantes & le féjour de cette Ville fi déli» cieux, fi chéri des étrangers, & fi renommé chez » les autres Peuples; toutes ces faveurs de la Nature Hift. Tome I.

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» étoient l'heureux préfage de celle que le Roi vou loit nous faire.

» Et dans quel autre endroit, Meffieurs, les fciences pouvoient-elles plus juftement prétendre d'at» tirer les regards favorables de Sa Majefté, que » dans ce pays, où tout avoit déjà prévenu le defir qu'elle avoit de les voir perfectionner?

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La terre féconde en plantes rares & fingulieres, y ouvre depuis long-temps un vafte champ à la » connoiffance & à la perfection de la Botanique. » Et cette science qui femble d'abord peu utile, & » ne se borner qu'à favoir cette multitude de noms » dont on diftingua les plantes, a cependant un objet ≫ d'une immenfe étendue.

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Quel art de favoir démêler dans cette variété » infinie dont la nature les a diverfifiées, celles qui ont affez de reffemblance pour pouvoir être rángées fous un même genre, & dans la même fa≫ mille; celles qui ont une différence affez effen» tielle pour faire une espece à part! Quelle étude » pour s'appercevoir de leurs diverfes manieres de fe nourrir, de s'élever & de fe reproduire, & ce qui eft le plus utile de cette fcience, de découvrir » leurs propriétés & les ufagesaufquels on peut les employer dans la Médecine!

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Où est-ce encore que la Chymie pouvoit mieux »fe perfectionner dans fes recherches utiles & curieufes, que dans cette Ville, où elle trouve tant » de commodités, & à laquelle elle procure à fon tour trop d'avantages, pour n'y être pas devenue d'un ufage tout-à-fait familier? Cette fcience, 5 Meffieurs, qui développe avec art les myfteres » fecrets de la nature, qui fait décompofer les corps, » montrer l'arrangement de leurs parties, à laquelle enfin on eft redevable de prefque tous les usages qu'on fait faire des minéraux, des métaux, des

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