페이지 이미지
PDF
ePub

AN. 519.

XLVII.
Modera-

pe Hormifda. Epift. 62.

car s'ils ont tant entrepris ici en nôtre prefence, que ne feront-ils point en nôtre abfence? Afin donc de diffiper leur malice, faites en forte que s'il eft neceffaire d'en venir à une audience, nous y foions prefens, afin que tout le monde fçache que nous avons été affaffinez fans fujet. Car nous les pouvons convaincre devant le fenat, d'être de parfaits heretiques.

Le Pape Hormifda aiant appris ces fâcheufes tion du Pa- nouvelles, par une autre voie que de fes Legats, leur écrivit Je ne me plains pas tant du peuple: car il fera au pouvoir de l'Empereur, de punir comme il voudra l'injure faite à fon regne, & à un Evêque Catholique. Mais ce qui nous regarde & à quoi vous devez travailler; c'est que perfonne ne fe convertiffe fans connoiffance de caufe, ou ne fe plaigne que le Prince l'oblige à faire profeffion de foi, fans en être perfuadé. Donc puifque l'Evêque de Theffalonique n'a pas voulu recevoir vôtre inftruction: demandez que l'Empereur l'envoie à Rome, pour recevoir celle du faint Siege, & apprendre de nous la refolution de fes doutes. Que s'il ne veut pas s'inftruire, il fait voir avec quel efprit il refifte à l'ordre de Dieu & à l'exemple du Prince. Il faut auffi que l'Empereur nous envoie avec lui le Prêtre Ariftide. Cette lettre eft du treiziéme p. 1510. D. d'Octobre 519. Enfuite le Pape aiant reçu la relation des Legats, leur écrivit une autre lettre du troifiéme Decembre 519. où il dit avoir appris que l'Empereur a ordonné de faire venir Epift. 63. Dorothée à C. P. & leur recommande de pourfuivre fa dépofition; & d'empêcher que l'on ne Sug. Germ. mette à fa place le Prêtre Ariftide. Dorothée fut mené par ordre de l'Empereur à Heraclée, en attendant que l'on jugeât l'affaire. Les Legats du Pape demanderent fuivant fes ordres, qu'il fût mené à Rome avec le Prêtre Ariftide,

8.1522.

pour

pour y être inftruit de la doctrine catholique: mais l'Empereur répondit, qu'il n'étoit pas rai- AN. 519. fonnable de les y envoier parce que leurs accufateurs n'y étant point, il leur feroit plus aifé de fe retirer d'affaire. Mais comme on en étoit là, Dorothée fut tout-d'un-coup renvoie d'Heraclée, fans que l'on fçût comment. Les Legats en donnerent avis au Pape; & en même tems, que la Pâque fuivante, fur laquelle il étoit en doute, feroit le treiziéme des calendes de Mai: c'eft-à-dire, le dix-neuviéme d'Avril. Enfuite to..cone. l'Empereur obligea Dorothée d'envoier à Rome P. 155. C. des Députez au nom de fon Eglife, pour faire fatisfaction au Pape. Dorothée écrivit au Pape to.4.p.1539. une lettre pleine de complimens: où il foûtient, 5. qu'il a expofé fa vie pour l'Evêque Jean, & qu'on le voit par des informations faites en fon abfence. Le Pape lui fit connoître par fa réponfe, qu'il ne fe payoit pas de fes beaux difcours, & que Dorothée ne fe pouvoit juftifier, qu'en revenant comme les autres à l'unité de l'Eglife. La lettre eft du vingt-neuviéme d'Octobre 520. Au refte le Pape renvoia l'examen de cette affaire à l'Evêque de C. P. pour la terminer, fi ceux de Theffalonique faifoient ce qu'il falloit. C'eft ainfi qu'il en parle dans fa lettre à Epiphane de C. P. du feptiéme des calendes d'Avril, fous le confulat de Valere: c'est-à-dire, du vingtfixiéme de Mars 521.

XLVIII
Question

des Moi-
nes de Scy-

Quand les Legats du Pape Hormifda arriverent à C.P. ils y trouverent une difpute fort échauffée touchant cette propofition: Un de la Trinité a été crucifié. Ceux qui la foûtenoient, thie. étoient des Moines de Scythie, que le Comte Sug. Diofc. Vitalien protegeoit, & l'un d'eux nommé Leon- to 4 conc. p. 1612. E. ce, fe difoit fon parent. Le plus fçavant étoit & p. 1519. Jean Maxence. Ils accufoient plufieurs Evêques Sug. Germ. de leur Province, entre-autres Paterne de Tomi: &c.p.15140

[blocks in formation]

ils accufoient auffi un Diacre nommé Victor, d'erreurs contre la foi, & donnerent un libelle Bibl.PP. contre lui, aux Legats du Pape & à l'Evêque $0.4.P.534 de C. P. Nous avons le libelle prefenté aux Legats, où ces Moines fe plaignent qu'on les accufe d'ajoûter à la foi, parce qu'ils propofent dès fentences des Peres contre les ennemis du concile de Calcedoine. Ils donnent leur expofition de foi fur l'incarnation & fur la grace, & la foumettent au jugement des Legats.

:

Sur l'incarnation, ils s'attachent principalement à refuter Neftorius & Theodore de Mopfuefte; & prétendent que pour le mieux faire, il faut dire qu'un de la Trinité a fouffert foûtenant que les Peres ont ainfi parlé mais ils ne citent de paffage formel, qu'un de Proclus dans la lettre aux Armeniens. Dans l'autre partie, ils établiffent le peché originel, & la neceffité de la grace; & on ne voit rien en toute cette expofition, qui ne foit catholique.

Quoique les legats du Pape ne vouluffent point fe charger d'autres affaires, que de celle pour laquelle ils étoient envoiez: ils ne purent refufer à Vitalien & à l'Empereur de venir chez le Patriarche de C. P. pour examiner cette affaire, & tâcher de l'accommoder. On s'affembla donc. Le Patriarche prit le Concile de Calcedoine, & en lut la decifion devant tout le monde, en difant que l'on ne me dife rien autre chofe, on peut être Catholique en fuivant ceci. Le Diacre Victor dit: Je le croi, & les lettres du Pape Leon & celles de faint Cyrille, qui font rapportées dans le Concile. Je foufcris de ma main, & j'affirme par ferment, que je ne foûtiens autre chofe. Les Moines de Scythie dirent: Que l'on ajoûte: Un de la Trinité. Les legats du Pape répondirent: Nous ne pouvons ajoûter, ce qui n'est point défini dans les quatre Conci

les,

les, & dans les lettres de faint Leon. Mais cette réponse déplut aux Scythes.

AN. 519:

Enfuite Vitalien fit venir Victor devant lui, & le Patriarche de C. P. fans les legats, qui ne fçurent point ce qui s'étoit paffé entre eux. Seulement ils s'apperçurent que Victor ne vint plus chez eux, & que l'affaire ne fut point examinée. Après plufieurs conferences inutiles des Legats Sug. Germ. avec les Moines Scythes : l'Empereur, dans une P.15.4.1. affemblée publique où les Legats étoient prefens, reconcilia l'Evêque Paterne avec Vitalien; & obligea fes accufateurs de lui demander pardon, comme à leur Evêque. On cherchoit les Moines, pour les obliger auffi à s'accorder mais ils fe retirerent de C. P. & s'en allerent à Rome, efperant faire confirmer leur propofition: Un de la Trinité, & quelques autres, par l'autorité du Pape. Les Legats lui en donnerent avis par leur relation du vingt-neuviéme Juin 519. accufant les Moines Scythes, d'avoir le plus traversé l'élection d'un Evêque d'Antioche, à la place de Severe..

Ils difoient en même tems leur avis fur la P.1513. propofition des Scythes. Elle n'eft, dit le Legat Diofcore, ni dans les Conciles, ni dans les lettres de faint Leon, ni dans l'ufage de l'Eglife. L'Empereur Anastase vouloit obliger les Catholiques à la recevoir; & les difciples d'Eutychés le propoferent au concile de Calcedoine. Mais il me femble utile pour la paix des Eglifes, de leur répondre, que le Concile & les lettres de faint Leon nous fuffifent. Nous ne voulons ni ne devons introduire dans l'Eglife aucune nouveauté. Ils diront: Nous recevons le concile de Calcedoine, mais nous efperons que vous nous le ferez expliquer. Ce n'eft pas qu'ils ne l'entendent : c'est un artifice, pour nous engager à en difputer. Or fi on le fait, & fi on ajoûte quelque chofe de nou

K 5

veau,

veau, il me femble que c'est détruire tout ce qui AN. 519. a été fait.

Le Comte Juftinien prit parti contre les Moines de Scythie, peut-être par opposition à Vitalien, qui les protegeoit, & qu'il regardoit comP.1516. me fon competiteur. Il en écrivit au Pape, les Propitia. traittant de brouillons, qui cherchoient à troubler la paix des Eglifes, par des nouveautez & de vains difcours : il le prie de les recevoir comme ils meritent, & de les chaffer bien loin. Leurs noms, dit-il, font: Achille, Jean, Leonce & P.1517 Maurice. Dans une autre lettre aiant appaUt pleniff. remment mieux examiné la chose, il prie le Pape de decider, & de renvoier ces Moines: puis il ajoûte: Ce n'eft qu'une difpute de mots, tous les Catholiques conviennent du même sens: mais nous tiendrons pour doctrine catholique, ce que vous aurez decidé.

XLIX.

Lettres du Pape. Epift. 66.

Le Pape répondit : J'ai voulu renvoier fur le champ les Moines dont vous m'avez écrit : mais ils prenoient Dieu à témoin, que s'ils retournoient à C. P. leur vie ne feroit pas en fûreté fur les chemins. Ainfi je ne les ai pas fait chaffer, & j'ai crû devoir attendre le retour de mes legats, pour fçavoir au vrai le fujet de leur difpute. Cette lettre eft du fecond de SeptemEpift. 67. bre 519. Par une autre lettre à Juftinien, le Pape demande que l'Empereur envoie à Rome le Diacre Victor, que les Moines accufoient, & tous ceux qui faifoient des queftions dangereu

fes.

Il écrivit en même tems à fes legats, qu'il jugeoit à propos de déleguer cette cause à l'Evêque de C. P. afin qu'il entendît les parties. Sur Sng.Diofc. quoi le legat Diofcore répondit au Pape: Cette propofition ne me déplaifoit pas, car qui fent fa confcience nette, ne craint point d'être jugé. Vous m'avez mandé qu'ils ont donné une pro

8.1519.

teftation,

« 이전계속 »