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baptifer par les heretiques: Il foûtenoit les autres c. 22. prêts à tomber, & les encourageoit tous. Le Roi en étant averti par fes émiffaires secrets, lui envoia un écrit plein de fes erreurs, avec un ordre preffant d'y répondre promptement. Le faint Evêque reduifit cet écrit, qui étoit fort long, à quelques objections divifées par articles, & y joignit des réponses courtes & folides. On croit p. 54} que c'est la réponse aux dix objections des Ariens. Il les examina long-tems avec plufieurs hommes habiles, & les fit même connoître au peuple: enfin il les fit donner au Roi, qui les attendoit avec impatience. Il les lût attentivement, admira l'éloquence de faint Fulgence, & loua fon humilité, mais n'en fut pas plus touché. Le peuple de Carthage triomphoit de la victoire. que la foi catholique avoit emportée.

Le Roi voulant éprouver encore faint Ful- 23. gence, lui envoia d'autres queftions, ordonnant qu'on les lût feulement une fois devant lui, fans lui permettre d'en prendre copie: car il craignoit, qu'il n'inferât dans fa réponse les paroles de l'écrit, comme la premiere fois, & que toute la ville ne connût fon avantage. Saint Fulgence ne vouloit point répondre : mais le Roi le preffa tant, qu'il compofa les trois livres adreffez au Roi Trafamond lui-même, qui commen- p. 69. cent ainfi : Je croi que vous vous fouvenez, Roi très-pieux, que vous m'envoiâtes dernierement un volume par Felix, m'ordonnant d'y répondre auffi-tôt. Comme il étoit long, & que le jour étoit prêt de finir, à peine en put-on lire à la hâre le commencement: c'eft pourquoi, je demandai qu'on me donnât une nuit, pour le lire tout entier : votre clemence le refufa abfolument. J'attendai Vos ordres pendant quelques. jours mais vous ne me demandâtes que la réponse, f me donner les questions; ainsi je

vous envoie le peu que je puis dire, fur ce que j'ai entendu legerement du commencement de l'écrit de peur que vous ne m'accufiez d'un dédain fuperbe, ou de défiance de ma foi.

Il continue de traiter avec grand respect ce Roi heretique & perfecuteur, & le louë de fon 6.2. application à s'inftruire de la Religion. Il eft rare, dit-il, jufques-ici, de voir qu'un Roi barbare, occupé continuellement des foins de fon roiaume, foit touché d'un defir fi ardent d'apprendre la fageffe: il n'y a d'ordinaire que des gens de loifir, ou des Romains, qui s'y appliquent fi fortement les barbares fe picquent d'ignorance, comme de leur proprieté naturelle. Les Vandales ni les autres nouveaux conquerans, ne ténoient point à injure le nom de barbares; & fe le donnoient eux-mêmes, pour se distinguer des Romains. Enfuite faint Fulgence entre en matiere, & traite dans le premier livre, des deux natures de JESUS-CHRIST en une perfonne, montrant principalement qu'il a une ame raisonnable outre la divinité : dans le fecond il traite de l'immenfité du Fils de Dieu dans le troifiéme, de sa paffion, pour montrer principalement que ce n'eft pas la divinité qui a fouffert. Le Roi étonné de cette réponse, n'ofa plus faire de queftions à faint Fulgence; mais un de ses Evêques nommé Pinta, fut plus hardi, & faint Fulgence lui repliqua par un ouvrage particulier, que ap Fulg. nous n'avons plus: car ce n'eft pas lui qui porte aujourd'hui ce titre.

Vitac. 13.

P. 535.

LV. Second exil de

s. Fulgen

ce.

Le Roi Trafamond vouloit retenir faint Fulgence plus long-tems à Carthage; mais les Ariens lui dirent: Seigneur, il rend vôtre zele inutile, il a déja perverti quelques-uras de 70s Evêques, & fi vous n'y donnez ordre promptement nôtre religion perira. Le Roi coda à cette remontran6.15. ce, & renvoia faint Fulgence & Sand one. Pour

déro

dérober au peuple fon départ, il le fit embarquer de nuit: mais les vents contraires arrêterent le vaiffeau fur la côte pendant plufieurs jours: enforte que prefque toute la ville s'y af fembla pour lui dire Adieu, & communia de fa main. Voiant un homme vertueux nommé Juliatée, qui s'affligeoit extrêmement, il lui dit: Ne pleurez point, nous reviendrons bien-tôt, & l'Eglife catholique recouvrera fa liberté. Mais il lui recommanda le fecret, craignant de paffer pour prophete; & il en ufoit ainfi à l'égard de tous les dons furnaturels. Il ne demanda jamais à Dieu de faire des miracles, & fi on recommandoit à fes prieres des malades ou d'autres affligez, il difoit: Vous fçavez, Seigneur, ce qui convient au falut de nos ames, que vôtre volonté foit premierement accomplie. Les mi- c.16. racles, difoit-il, ne donnent pas la juftice: mais la reputation, qui fans la juftice ne fert qu'à nôtre condamnation.

Etant arrivé en Sardaigne il quitta fa premie- c. 17. re demeure, où il y avoit une grande communauté, & bâtit un nouveau monaftere à fes dépens, près l'Eglife du martyr S. Saturnin, loin du bruit de la ville; après en avoir demandé la permiffion, comme il devoit, à Brumase Evêque de Caliari. Il y affembla plus de quarante Moines leur faifant principalement obferver, de n'avoir rien en propre ce qu'il regardoit comme l'effentiel de la vie monaftique. Car, difoit-il, un Moine peut quelquefois être obligé par la foibleffe de fon corps à prendre une nourriture plus delicate: mais de s'attribuer la moindre propriété de la moindre chofe, c'eft un figne d'orgueil ou d'avarice. Il avoit grand égard à l'infirmité des freres, pour donner à chacun felon fes befoins, & même les prévenir : auffi ne vouloit-il pas qu'ils les demandaffent, mais

LVI.
Autres
écrits de
S. Fulgen-

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qu'ils attendiffent avec une entiere resignation. Il aimoit moins ceux qui ne s'occupoient qu'au travail du corps, que ceux en qui il voioit un grand amour pour la lecture & la science fpirituelle quand même la foibleffe de leur corps les eût abfolument empêché de travailler.

Pendant ce tems il écrivit aux Carthaginois une lettre d'exhortation, où il découvroit tous les artifices dont on ufoit pour les feduire. Nous n'avons plus cette lettre : mais nous avons les c. 28. deux livres de la remiffion des pechez, écrits P. 36. dans le même tems, pour répondre à la confultation d'un homme vertueux nommé Euthymius. Sçavoir, fi Dieu par fa toute-puiffance ne remet point quelquefois les pechez aux morts après cette vie. Saint Fulgence répond, que Dieu n'accorde la remiffion des pechez qu'à ceux qui font veritablement convertis, dans l'Eglife catholique feulement, & pendant le cours de cette vie. Mais il eft clair par la lecture de l'ouvrage, qu'il ne traite que des pechez qui caufent la mort éternelle, & non des peines qui peuvent refter à expier aux juftes, & qui font caufe que l'Eglife a toûjours prié pour les morts. On rapporte au même tems les trois livres de faint Fulgence à Monime fon ami, qui l'avoit confulté par plufieurs lettres.

Dans le premier il traite de la predestination; & montre que Dieu ne predeftine point les hommes au peché, mais feulement à la peiné; parce qu'il ne predeftine que ce qu'il veut faire: or il ne fait point le mal, & la peine n'en eft point e. 17. 18. un, étant l'effet de fa juftice. Le peché eft donc feulement compris dans la prefcience de Dieu mais non dans fa predeftination. Dans le fecond livre, il prouve que le facrifice eft offert à toute la Trinité, & non pas feulement au Pere, comme prétendoient les Ariens. Puis il traite de la miffion

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miffion du Saint-Efprit, que l'Eglife demandoit au faint Sacrifice. Car il faut fçavoir, que l'Eglife latine faifoit alors une priere que l'Eglife greque a confervée : demandant à Dieu, que le Saint-Efprit defcende fur les dons : c'est-à-dire, fur le pain & le vin, pour les changer au corps, & au fang de JESUS-CHRIST. Les Grecs ne font plus cette priere, qu'après avoir recité les paroles de JESUS-CHRIST: Ceci eft mon Liturg. Corps, & le refte. Les latins la faifoient, tan- S. Chryf. tôt devant, tantôt après : comme il paroît par S.Bafil. l'ancien Miffel gothique, où cette priere est en quelques Meffes, immediatement après la préface; & en quelques autres immediatement après la confecration mais en la plûpart, elle ne paroît point du tout. Nous avons à la place cette priere, que nous difons incontinent après l'oblation Venez fanctificateur Dieu éternel, & le refte.

Fulg, ad

Mon. 11.

Sur cette priere donc les Ariens fondoient une objection contre la divinité du Saint-Esprit : foûtenant qu'il étoit moindre que le Pere & le “.6.7. &. Fils; puifqu'il étoit envoié par eux. Saint Fulgence répond, que cette miffion n'eft point locale, mais fpirituelle: que toute la Trinité concourt à la fanctification de l'Euchariftie; & que l'invocation particuliere du Saint-Efprit, marque feulement l'effet du Sacrement, qui eft la fan&tification de nos ames par la charité. Il traite 6.13.14 enfuite la quatrième question de Monime fur les 15 œuvres de furérogation, & la distinction des preceptes & des confeils: où il montre que le même paffage de l'Ecriture peut avoir divers fens tous approuvez. Dans le troifiéme livre, il traite de lui-même une objection des Ariens, qui lui étoit revenue, fur ces paroles de l'Evangile: Verbum erat apud Deum : & montre qu'elles fignifient: Le Verbe étoit en Dieu, & qu'in

Tome VII.

L

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