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comme dans des lieux, où ils feroient à couvert de mille accidens funeftes, dont ils étoient menacés par tout ailleurs. De-là tant CHAP. VI. de titres étrangers dans les archives des plus illuftres Abbaics,

PREM. PARTIE.
SECT. I.

ve diplom. p. 52.

telles que S. Denis en France, S. Ouen de Rouen &c. Ces pièces après bien des fiècles ne trouvant plus perfone, qui s'intéreflât à leur confervation, ont fouvent été mifes au rebut, & peutêtre entiérement détruites.

De tout tems les archives de S. Denis ont été regardées, comme des dépôts publics. Les chartes de Chrotilde, de Van(1) Suplém. de demire, d'Agirard, (4) le testament d'Ermentrude & plufieurs autres pièces en font foi, pour les premiers fiècles de la Monarchie. Guigues Comte de Lion & du Forêt obtint en 1167. de Louis le Jeune l'inféodation de Montbrifon & de plufieurs autres châteaux, dont il lui fit homage, & de fon côté il en remit plufieurs autres fous la puiffance du Roi. Ce Prince en -fit dreffer deux chartes fcellées de fon feeau, munies de fon monograme & des fignes de fes grands Oficiers, enfin divifées par le mot Cirographum. Il en fit dépofer un exemplaire dans les archives de S. Denis, que nous avons fous les yeux, & dont le P. Mabillon a fait graver une partie (m) dans fa Diplomatique. La charte ne contient pas un feul mot qui regarde cette Abbaie. Elle ne put donc y être renfermée, que comme dans un tréfor des chartes royales. Raymond VI. () Comte de Toulouse dépofa fon teftament en 1209. dans les mêmes archives. Cet acte en forme de charte partie porte fur le dos: Teftamentum Raymundi Ducis Narbone MCCIX. datum nobis ad (o Hift. de l'Alb. cuftodiendum. En 1283. Gui Mauvoifin (0) Sire de Rofny s'ode S. Denis par D. bligea à une redevance annuelle envers l'Abbaie de S. Denis, Félibien pag. 253. afin qu'on lui gardât, dans les archives de ce monaftère, une juftif. p. CXXVII. charte, qu'il avoit obtenue du Roi. Charle V. leur fit encore (P) Ibid. p. 288. un plus grand honneur, (p) lorfqu'il y fit dépofer une copie juft. p. CXXXIV. originale de la célébre Déclaration, pour fixer la majorité de

(m) Pag. 429.

(n) Hift. de Langued. tom. 3. col.

180. & fuiv. Voyez auffi les Preuves de l'hift.

col. 213.

Recueil de pieces

Recueil de pièces

nos Rois, à l'âge de quatorze ans. Elle fut munie du grand
fceau comme l'original, mis au tréfor des chartes, après qu'il
eut été enregistré au Parlement. Une diftinction si glorieuse
n'a pas
befoin de réfléxions.

Il n'y eut jamais d'archives monaftiques, ataquées, avec plus d'acharnement, que l'ont été celles de S. Denis en France & du Mont Caffin en Italie. Malgré cela nous avons les

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PREM. PARTIE.
SECT. I.

(q) Mabil. Annal. Bened. tom.I. lib. XVIII.

(r) Mém. de Litterat. de l'Acad. Lettres Infer. Royale des Belles tom. XV. édit, du Louvre pag. 580.

592. 593. 597

preuves les plus éclatantes de leur authenticité. On vient d'en voir de démonstratives, au fujet du chartrier de S. Denis: en voici de (q) nouvelles, qui doivent y mettre le comble. M. de la CHA P. VI. Curne de Sainte Palaye, qui joint aux plus belles qualités de l'efprit & du cœur une conoiffance profonde de l'hiftoire de France & de fes ufages, fait l'apologie la plus compléte du ». LXXVIII. tréfor des chartes de S.Denis. C'eft dans fon excellent Mémoire, P. 624. concernant les principaux monumens de l'hiftoire de France. D'abord il nous aprend d'après Rigord, que Philippe Auguste (r) ordonna, que l'ouvrage de cet historien feroit dépofé dans les regiftres publics. Il ajoute enfuite, » qu'un autre texte de » Guillaume le Bréton continuateur de Rigord, ne nous per» met pas de douter, que ces regiftres PUBLICS ne fuffent les » archives de Saint Denis. C'eft, dit-il, dans les archives de S. Denis, qu'eft confervée l'histoire de Rigord in archivis Ecclefie B. Dionyfii habentur.... perenni memorie commendata, & l'on doutera encore moins, que les archives de S. Denis fuffent regardées comme un DÉPÔT PUBLIC, lorfque j'aurai fait voir, qu'il n'y eut prefque point d'afaire confidérable, où elles ne fuffent confultées. « Tout de fuite le favant Académicien donne un grand nombre d'exemples, qui conftatent, que nos Rois & nos Reines faifoient confulter les archives de S. Denis dans les afaires les plus importantes. » Le Roi Charle V. continue-t-il, ayant ordoné par une difpofition pleine de fageffe, que la majorité de nos Rois com» menceroit à quatorze ans, crut que l'enregistrement, qu'il avoit fait faire de fon Edit dans tous les tribunaux fupérieurs, » ne fufifoit pas, pour lui donner toute la publicité néceffaire, & il l'envoya aux archives de S. Denis. « Ce trait leur fait trop d'honneur, & eft en foi trop important, pour craindre de le rapeller une feconde fois.

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Quant au chartrier du Mont Caffin; les acufations de Baronius & les déclamations de Gallonius n'empêchèrent pas en 1627. la Rote Romaine, de juger (s) définitivement, que les archives de cette Abbaie étoient publiques, authentiques, très célébres par toute l'Europe, & en outre que les écritures ou actes, qui en étoient tirés faifoient foi, & avoient force de preuve.

Au jugement du P. Daniel Jéfuite, on devoit avoir en

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PREM. PARTIE.
SECT. I.

CHAP. VI.

1194.

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France, une idée bien favorable des archives monaftiques, fur la fin du XII. fiècle. Dans une action qu'il place en 1294. & Rapin Toyras en 1195. Richard I. Roi d'Angleterre étant (1) Daniel, hift. tombé fur l'arriére garde de Philippe Augufte (1) » enleva fes de France fur l'an» bagages & l'argent deftiné au paiment de l'armée. Il y eut en » cette défaite une circonftance remarquable; c'eft que non feulement tous les papiers du Roi furent pris. . . . mais en» core... tous les regiftres publics..... Cette perte fut en quelque façon irréparable: car jamais le Roi d'Angleterre » ne voulut fe deffaifir de ces papiers.... Le Roi tâcha de remédier au plutôt à ce malheur, autant qu'il lui fut possible, & un des Oficiers prépofés à la garde de ces regiftres.... » cut ordre de mettre par écrit tout ce que fa mémoire, qui étoit très-heureuse, lui put fournir fur ce fujet. Il le fit, & par un prodigieux travail, AIDÉ SANS DOUTE DES SECOURS » DES BIBLIOTHEQUES ET DES ARCHIVES TANT DES MONASTE "RES, que des particuliers, qui pouvoient avoir des copies des pièces perdues, il en rétablit une partie. « Ainfi les plus anciens monumens du Tréfor des chartes ont pour la plupart été tirées des monaftères. Où en font maintenant ceux, qui regardent les chartes des Couvens, comme falfifiées ou inutiles, comme des témoins toujours fufpects, comme des productions de fauffaires à titre d'ofice? Des diplomes faux ou douteux, lorfqu'ils étoient renfermés dans les archives des Cloitres, font-ils devenus vrais & authentiques, depuis qu'ils ont fait quelque fejour, dans celles du Roi ou du public?

(u) Hift. de Langud. tom. 3. -347.

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Voici encore des traits plus propres, à défiller enfin les yeux de ceux, qui fur cet article ne confultent que leurs préjugés. Au XIII. fiècle les dépôts publics commençoient à fe former en France; dumoins ne manquoit-on pas d'archives ccléfiaftiques, diférentes de celles des Abbaïes. C'étoit pourtant à ces dernières, que les Papes, les Monarques & les plus grands Seigneurs donnoient la préférence. C'est là qu'ils dépofoient leurs traités & leurs titres les plus précieux.

Une lettre de Henri III. Roi d'Angleterre, (#) adreffée à Raymond Comte de Touloufe, en date du 14. Août 1225. ne nous fait pas feulement conoitre un traité de ligue & de confédération entre ces deux Princes, & l'échange qui devoit en être faite; mais elle nous manifefte encore la réfolu

PREM. PARTIE.
SECT. I.
CHAP. VI.

tion, où étoit ce Roi de confier la garde de l'un & l'autre acte à quelque monaftère. (x) » Il sera bon cependant, dit-il, » de mettre ces deux actes en dépôt dans quelque maison religicuse, pour plus grande fureté, afin d'y avoir recours, public. tom. 1. quand il fera tems. «

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(x) Rymers, Act.

p. 241. & feq.

gued. t. 3. p. 410..

Autre fait qui paroit encore plus précis, en faveur de l'usage, où l'on étoit, de chercher aux titres de grande conféquence, des afyles inviolables, dans les archives des monaftères. Nugnez Sanche Comte de Rouffillon d'une part, Roger Bernard Comte de Foix, & Roger fon fils de l'autre, (y) après avoir exercé Hit. de Lanentr'eux de longues hoftilités, au fujet de la Cerdagne, convinrent enfin l'an 1233. de terminer leur diférend par un traité. Roger de Comminges Comte de Pailhas, Guillaume d'Aniort, Loup de Foix &c. furent préfens à l'acte de dépôt, que les Comtes de Rouffillon & de Foix firent de ce traité de paix dans l'Abbaïe de Fonfroide.

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23

rag. de M. Bocquill. 1745. Lettr. 31. p. 207. 208,

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voya

Voyez auffi le littéraire des Pèrand prem. partie pag. 228.

res Martène & Du

Le Pape Innocent IV. ne jeta point les yeux fur d'autres archives, que celles du monaftère de Cluni, pour y dépofer les doubles des titres les plus importans de l'Eglife Romaine. M. Bocquillot rendant compte à un ami des observations, qu'il avoit faites dans un voyage, raporte, qu'entré dans le chartrier de Cluni, il vit (z) » des cofres forts, pleins d'an-(z) Vie & ou» ciens titres & de chartes. L'on m'en ouvrit un, ajoute-t-il, qui contenoit tous les titres de l'Eglife de Rome. Ce ne "font que des copies de ces titres, qu'Innocent III. ou IV. fit faire au Concile de Lion, en préfence des Evêques, qui » y étoient, & dont les fceaux font au bas de chaque titre, » pour les rendre plus authentiques. Ce Pape demanda, que » ces copies fuffent gardées dans l'Abbaie de Cluni, pour y » avoir recours, au cas que les originaux vinffent à être pil», lés & enlevés de Rome. Les démêlés d'Innocent IV. avec l'Empereur Frédéric II. lui faifoient aparament craindre pour ces titres, quelque accident femblable à celui, qui étoit arivé aux archives de Philippe Augufte. Les plus anciens diplomes renouvellés par ce Pape ne remontoient pas au-delà des Othons: tant l'injure des tems en avoit fait périr ! Mais, fans nous arêter à ces réfléxions; concluons qu'une diftinction fi glorieuse pour les archives monaftiques, les dédomage: bien du mépris de quelques critiques modernes..

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PREM. PARTIE.
SECT. I.

CHAP. VI.

(a) Mém. de

Trév. Aout 1740. P. 1555. & fuiv.

Si la France avoit tant de vénération pour les archives des monastères, & de confiance en la probité de leurs gardiens; l'Allemagne, ou plutôt toutes les nations n'en jugeoient pas d'une manière moins avantageufe. Nous en avons pour garans, & l'éditeur de la Thuringe facrée & les Jefuites, qui en ont fait l'extrait. Voici en quels termes ces derniers s'en expliquent. Ce (a) ne font pas feulement leurs titres, que propres

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les monaftères ont confervés; mais ils furent encore dans le moyen age, dit l'éditeur de la Thuringe facrée (9), les dépofitaires des fecrets & des archives des Princes. Le respect pour la Religion faifoit refpecter ces faintes demeures, & les garantiffoit des infultes : la haute idée donnoient de que leur probité, de leur vertu, de leur fidélité ceux qui les ha» bitoient, leur faifoit confier ce qu'on avoit de plus précieux » & de plus intéreffant. C'est donc de ces fources que font fortis tant de monumens, qui enrichiffent les Bibliothéques; qui perfectionnent & qui étendent nos conoiffances, &c. « Sans rien ajouter à un fi bel éloge des archives monaftiques, nous croyons pouvoir terminer, ce que nous avons dit de leur antiquité & de celle des dépôts publics par les vœux, que fait Î'Intendant de la Bibliothéque du Roi d'Espagne, Don Naffarre y Ferriz, pour que les archives ecléfiaftiques, monaftiques & publiques foient ouvertes dans ce Royaume aux Savans, comme elles le font dans les autres Etats de l'Europe. » Plût à Dieu, dit-il (10) qu'on eût la liberté, de pénétrer

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(9) Quamvis enim magnorum Princifum archiva his rebus condendis in primis deftinata videantur: nihilo tamen fecius deprehendimus medio avo paullò ab hac confuetudine difceffum & Canobia occultandis Principum arcanis aptissima judicata effe. Neque id abfque graviori ratione factum videtur. Ex quo enim ufus facrorum ejufmodi Collegiorum per omnem ferè Occidentem invaluit, tanta eorum celebritas, tantaque apud infimam pariter plebem ac illuftriori genere natos fuit auctoritas; ut non folum quilibet religioni fibi *Il y a ici quel duceret aut ipfa, aut qua aliqua ratione que chofe qui clo- ad illa pertinebant violare, verùm etiam che: mais il ne cùm facri Ordinis Proceres, tum civilis Reinous eft pas per- publica antiftites eafoverent, fufpicarunt,* mis de toucher au fuoque prafidio complecterentur. Pratereà en

textc.

rum rerum cura, qua fingularem fidem ac finceritatem requirunt, his quàm tutissimè committi poffe videbatur, quibus omnium confenfu, ipfius pietatis & integritatis fumma fuiffet concredita, &c. Thuringia facra, || Præfat. p. 4.

(10) Ojalà que fe le huvieffen franqueado los Archivos publicos, y los delas fantas Iglefias y Monafterios ! que tal vez tendriamos cofas , conque convencer à los que en la Guerra Literaria Diplomatica, en que tanto fe ha paleado en Francia, Flandes, y Italia desde el fin del figlo paffado, negaron la antiguedad de los codices, y Diplomas, y acufaron de falfos los eftampados por Mabillon. Bibliotheca univerfal de la Polygraphia Española.Prologo fol. II.

dans

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