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dans les archives publiques & dans celles des Eglifes & des monaftères! Que nous aurions alors de moyens, pour

PREM. PARTIE.
SECT. I.

» convaincre ceux, qui au milieu de tant de combats diplo- CHAP. VII.

دو

» matiques, livrés en France, en Flandre & en Italie, depuis

33

la fin du dernier fiècle, ont non feulement nié l'antiquité » des Mff. & des diplomes, mais ont encore acufé de faux » ceux que D. Mabillon a publiés. « On s'aperçoit aifément, que ce favant homme a en vue les PP. Hardouin, Germon Papebroc, & le Marquis Mafféi; quoique les deux derniers ne foient pas à beaucoup près dans les mêmes termes, que les

deux autres.

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I.

CHAPITRE

VII.

Réponses aux dificultés formées fur la confervation

des anciens titres.

On a pu confer

En vain yeux, qu'ils ne peuvent pas avoir été con- ver les anciennes

N vain objecte-t-on contre la vérité des anciens titres,
qu'on a fous les yeux,

EN

exifte des titres en

chartes. Si c'eft un fervés fi longtems. Ataquer la réalité des êtres,qu'on voit prodige, qu'il exifter, fous prétexte d'impoffibilité; qu'eft-ce autre chofe, papier d'Egypte, fi-non vouloir convaincre de faux l'évidence même ? Nier il fe trouve réalife. que ces chartes aient pu fe conferver jusqu'à nous; c'est, selon l'illuftre Abbé Lazzarini (a), oter toute créance à une (a) Epift. ad amicum Paris. pa multitude innombrable de monumens, qui intéreffent les 141. edit. Rom. Monaftères, les Cathédrales, les Rois, les Papes, l'Eglife univerfelle & couvrir de ténébres prefque toute l'antiquité facrée & profane.

1743.

cept. I. pag. 19.

Mais fi les diplomes les plus antiques n'ont pu fe conferver, (b) à caufe de leur fragilité; que faudra-t-il penfer des Mff? (b) Germon DifNe font-ils pas à peu près également fragiles? Les chartes d'ailleurs n'ont-elles pas l'avantage, d'être plus portatives, & d'avoir toujours été gardées, avec plus de vigilance & de circonfpection?

Comment feroit-il poffible, s'écrie-t-on, (c) que quelques (c) Ibid. p. 25. diplomes des premiers fiècles, euffent pu furvivre à tant de guerres, de ravages & d'incendies?

Tome I.

P

PREM. PARTIE.
SECT. I.

(d) Vindicia-lib..

I. cap. 4. n. 9..

Eft-il une ville, répond M. Fontanini, (d) plus fouvent pillée, ruinée & renverfée de fond en comble, que celle d'ACHAP. VII. quilée ? Et cependant il lui refte encore une longue fuite de diplomes d'Empereurs, depuis Charlemagne jufqu'à Charle IV. Il fait voir qu'on en peut dire autant de beaucoup de villes d'Italie, qui ont éprouvé plufieurs defaftres pareils, fans être pour cela dépouillées de tous leurs anciens diplomes. La même réponse a fon aplication aux archives de France, d'Allemagne, & d'Angleterre. A combien de révolutions, de guerres civiles, d'incendies, & d'autres malheurs ces États n'ont-ils point été expofés? Toutefois le nombre des chartes échapées à tant de calamités eft innombrable. Croiroit-on bien qu'il exifte encore aujourdui, dans les feules archives d'Allemagne, plus de mille diplomes d'un Prince, qui regnoit il y a huit cents ans? Le fait eft conftant néanmoins. Le favant Ludevvig (e) l'un des Jurifconfultes le plus verfé dans ce genomnis vi diplom. re de Littérature, atefte qu'on trouve en Allemagne plus praf. pag. 86. d'un millier de chartes originales d'Otton le Grand.

(t) Reliquia M.

23.

Ce qui paroitra plus furprenant encore aux perfones, peu acoutumées à manier d'anciens titres : le même auteur déclare,. (f) Ibid. p. 22. (f) que nombre de chartes de plus de mille ans font fi belles, & fi entiéres ; qu'elles n'en cédent pas à cet égard aux plus récentes, & qu'elles femblent promettre une durée égale à celle du monde. Nous pouvons, comme témoins oculaires, dire à peu près la même chofe, de plufieurs diplomes de l'Abbaïe de S. Denis, qui remontent au VII. fiècle. On ne voit point dans tout l'Univers un nombre aufli confidérable de chartes fi anciennes en parchemin, réunies dans les mêmes archives: quoiqu'on en trouve beaucoup, qui aprochent de leur age. Il n'en eft point non plus, où l'on en rencontre autant en papier d'Egypte. La célébre Abbaie de Fulde, dit le docte Schannat, (g) Vindic. quo- (g) renferme une quantité prodigieufe de chartes authentiques & originales, qui intéreffent également l'Eglife, l'Etat & les particuliers. On y admire fur tout une fuite des Bulles pontificales depuis près de mille ans, & un autre, qui n'eft pas moins eftimable, de diplomes impériaux & royaux depuis Pepin & Charlemagne jufqu'à Charle VI. Après tout c'est un avantage, que bien d'autres archives monaftiques partagent avec celles de Fulde..

rumd. archivi

Fuld, diplom. p. 3.

SECT. I. :

On revient à la charge, & l'on prétend faire voir par un PREM. PARTIE. autre moyen, l'impoffibilité de conferver des pièces fi vieilles CHAP. VII. & fi fragiles tout à la fois. Ce feroit, (b) dit-on, un prodige (h) Germen. Difque des parchemins, des papiers d'Egypte & d'écorce euffent cept. 1. p. 25. triomphe des injures du tems: tandis que le marbre & l'airain

n'y ont pu réfifter.

Mais dans un defaftre public, dans un incendie, on emporte les parchemins & les papiers, & l'on laiffe les bronzes & les marbres. Tout le monde voit la raifon, pour laquelle on fe croit, & l'on fe trouve fouvent obligé de fauver les uns & d'abandonner les autres. D'ailleurs fi l'on compare les plus anciens marbres (i), & les plus anciens diplomes, qui fe font confervés jufqu'à notre tems; on trouvera que les premiers furpaffent les feconds de quelques milliers d'années. La diférence en vaut la peine, & ne répond point fi mal au plus ou moins de résistance des matiéres.

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(k) Ilor. diplom.

Au furplus fi dans la confervation du papier d'Egypte, pendant une longue fuite de fiècles, on veut trouver du prodige; M. le Marquis Maffei, qu'on opofe comme un puiffant adverfaire à D. Mabillon; loin de méconoitre cette merveille, ou d'en inférer, que les anciennes pièces en papier d'Egypte foient fupofees, en tire avantage, pour relever la gloire de fa patrie & le mérite de fes travaux, qui n'eurent point d'autre but, que de recueillir & d'illuftrer des monumens fi rares & fi précieux. Ce ne font plus, dit-il, (k) des actes gravés fur le marbre ou fur l'airain, qui vont déformais faire le fu- P. 52. jet de nos recherches : leur confervation n'auroit rien de merveilleux : mais ce font des diplomes, écrits fur la plus mince & la plus fragile de toutes les matiéres, le papier d'Egypte, dont je conferve avec autant de foin que de complaifance une charte de deux aunes de long. Cette pièce la plus ancienne qui foit venue de nos jours à la conoiffance des hommes, est au plus tard de l'an 445. D. Mabillon, après avoir visité les plus célébres archives de l'Europe, a reconnu (1), qu'elle étoit De re diplom. d'une antiquité fupérieure à celle de tous les actes authenti- Supplem. p. 9. ques, qu'il eût jamais vûs: Vetuftiffimum omnium, qua quidem in manus noftras venerint, authenticum inftrumentum.

,

Que les chartes des VII. & VIII. fiècles foient très - rares,

PREM. PARTIE
SECT. I

CHAP. VII.

2.53.

que

(m) continue ce favant homme, (1) ce n'eft pas merveille; mais que des morceaux d'un papier, qui eft la chofe du monde la plus foible, la plus fragile, la plus facile à fe confumer & à (m) Iftor. diplom. fe détruire, aient afronté pendant un millier d'années: disje, pendant douze & même près de treize fiècles, des accidens fans nombre, & le tems même, aux injures duquel rien ne résiste, c'est affurément la plus grande de toutes les merveilles. Ce qui augmente encore la dificulté de conferver ces pièces, c'est qu'ifolées & féparées les unes des autres, elles n'ont pas l'avantage des Mff. dont les feuilles reliées enfemble fe défendent mutuellement, & font d'ailleurs garanties par de bonnes couvertures. Malgré cela on a lieu de croire, (2) que nous aurions de ces titres en bien plus grand nombre, & d'une antiquité plus reculée; fi tout ce qui avoit trait au paganisme, & tout ce qui faifoit mention de cette fauffe religion, n'avoit été rejeté par les Chrétiens, comme inutile, & détruit comme pernicieux, & fi, dès le commencement de notre Religion, il y avoit eu des monaftères, ou fi les Eglises avoient commencé dèflors à pofféder des fonds. En effet on ne voit quantité d'anciens titres, que depuis que le Chriftianifme fut triomphant, & que les corps ecléfiaftiques, furent enrichis des domaines, dont ils font aujourdui en poffeffion. Ces corps, comme on fait, font des familles, dont la fuceffion n'eft pas fujète aux viciffitudes, auxquelles font exposées celles des particuliers. Tel eft le langage de M. Mafféi. Or parler ainfi ce n'eft pas affurément fe déclarer contre la fincérité des archives des Eglifes, ou des monastères, ni conclure des rifques, qu'ont couru les plus anciennes chartes, à l'impossibilité de leur conservation.

(n) Mém. de

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Les Journalistes de Trévoux, (n) qui nous repréfentent Trév. 1728.p.179. l'ouvrage de ce favant auteur, comme fait pour venir à l'apui

,

(1) Di che non è per certo da far meraviglia: meraviglia è bensì da far grandiffima comme mill' anni, mille cento, mille dugento, & fin preffo a mille trecento.... · fiano durati a fronte di tanti accidenti e di tanti mali, e a difpetto del tempo anche per fe fteffo diftruggitore, pezzi di carta, de' quali nulla può vedersi di più tenero, di più fragile, e di più facile a confumarfi, e a fuanire.

età non

(2) Nè con tutto ciò è da credere che in affai maggior numero, e di più vetufta ne aveffimo, fe tutto ciò che Spettava a Gentilefimo, e della falfa religione facea memoria, non foffe ftato da Chriftiani o come inutile gittato > come dannoso diftrutto: & fe parimente al comminciar della religion noftra aveffero anche i monafteri, o il posseder delle chiefe avuto comminciamento, Ibid.

PREM. PARTIE.

SECT. I.

du P. Germon, ne peuvent diffimuler, qu'il n'y ait recueilli une fuite précieuse de monumens, confervés en papier d'Egypte. Or cette précieufe fuite donne évidemment gain de caufe, à CHAP. VII, ceux qui fe font élevés contre les prétentions de ce Père. Car pourquoi le papier d'Egypte n'auroit-il pas pu fe conferver auffi facilement à S. Denis, à Corbie, à Saint Germain des Prez, & dans les autres archives ou bibliothèques de France, que dans celles d'Italie ? Pourquoi des pièces poftérieures, au commencement du VII. fiècle, devroient-elles être péries: tandis qu'on en montre & qu'on en admet pour fincères & authentiques, de plus anciennes de près de deux cents ans? Enfin pourquoi fe recriroit-on fur la fragilité du parchemin, & fur l'impoffibilité qu'il fe fût confervé des chartes en cette matiére, après une dixaine de fiècles: tandis qu'on ne trouve aucun inconvénient à reconoitre, qu'il en exifte d'anciennes de 1300. ans, dans une matiére incomparablement plus fragile? Combien d'autres argumens ne pourions - nous pas tirer des Mif. en papier d'Egypte, de ceux, où ce papier eft entré dans la relieure des Mff. en écritures Mérovigiennes ? Mais c'en eft trop, pour que la poffibilité de la confervation des diplomes Mérovigiens puiffe encore foufrir quelque dificulté. Examinons, fi du moins cette confervation étoit inutile. Voici comment on s'y prend, pour en faire la

preuve.

On a du con II. Au bout de trente années (0), la prefcription affuroit la ferver les ancienpoffeffion des biens & des droits, dont l'achat ou la donation nes chartes: Inuétoient juftifiés par de bons titres. Une longue poffeffion en tilement leur en tenoit lieu dans la fuite. Pourquoi donc les garder avec la ja- tué de faufles. loufie d'un avare pour fon or?

La prefcription n'eft-elle pas d'ufage aujourdui, comme autrefois Jette-t-on pour cela, ou laiffe-t-on périr fes titres au bout de trente ans (p): Ne fe préfente-il jamais d'ocafion après ce terme, où l'on foit obligé de les produire ? Du refte le P. Germon eft fi perfuadé (q), que les chartes font d'une foible reffource contre une longue jouiffance; qu'il ne croit pas, qu'en vertu de ces titres, les légitimes poffeffeurs euffent rentrer dans leurs biens, après une ufurpation de vieille date. D'où il conclut, qu'il n'y avoit donc aucune raifon, qui pût engager les gardes-chartes, à les conferver fi fcrupuleufement. Nihil erat caufa, cur ifta fcriniorum cuftodes tam diligenter affer

pu

auroit-on fubfti

(0) Baluz. Ca

pitul. tom. 1. col.

9. & 665.

(P) Fontanini Vindicia-lib.1.cap. 4.2.3.4.

(q) Difcept. 1

pag. 13. 23. 24.

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