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par eftime, la multitude des chartes du XI. Si les diplomes des V. VI. VII. & VIII. fiècles avoient été, comme on le fupofe, fabriqués longtems depuis ; il n'y auroit pas lieu à ces progreffions. Nous pourions avoir plus de chartes du VI. fiècle, que du IX. Pourquoi même, feroit-il impoffible, d'en produire aucune des quatre premiers fiècles: Eft-il plus dificile d'en fupofer du IV. que du VII: Le fait est néanmoins constant: plus on remonte dans l'antiquité, plus le nombre des originaux diminue, jufqu'à ce qu'il ne s'en trouvé pas un feul. Les plus anciens en papier d'Egypte, font prefque tous endomagés, les uns plus, les autres moins. Il n'eft donc pas à préfumer, que ces diplomes aient été forgés après coup: puifqu'ils ont les caractéres, que devroient avoir des pièces vraies, des pièces du tems, & qu'ils n'ont pas ceux, que devroient avoir des pièces fauffes, & d'un age bien poftérieur à leur date. La dificulté que les anciens originaux foient parvenus jusqu'à nous, étant donc plus ou moins grande; à proportion que les fiècles, auxquels ils apartiennent, font plus ou moins éloignés; dès que cette proportion fe vérifie, les chartes ne doivent plus être fufpectes, à raifon de la dificulté, qu'elles aient pu fe conferver: puifqu'il eft de fait, qu'il n'en reste qu'un nombre proportioné à cette dificulté. On ne croit donc pas fans fondement, que ce petit nombre de pièces ait pu nous être tranfmiş: tandis qu'une infinité d'autres font péries fur la route.

V. Quoi de plus abfurde, que de fufpecter d'autant plus les originaux, qu'ils paroiffent plus anciens? Mais ce qui eft plaifant, c'est qu'on veut bien convenir, que des Mff. antérieurs au IX. fiècle fe feront confervés jufqu'à nous, & qu'on ne veut pas croire la même chofe des diplomes. (e) Comme fi leur matiére étoit fort diférente, & non pas fujète à prefque tous les mêmes accidens ! Pourquoi donc les Mff. feroient-ils plus privilégiés en cela les diplomes? que C'eft, dit-on, que les exemplaires de chaque ouvrage étoient plus nombreux, que les copies de chaque diplome, & que dans tous les tems les plus barbares ; il s'eft trouvé quelques amateurs des fciences, intéreffés à la confervation des Mf. Foible ressource: Déja l'on nous acorde, qu'en général Y avoit plus de chartes que de Mff. Pourquoi donc ne fe

il

PREM. PARTIE.
CHAP. VII.

SECT. I.

La confervation des diplomes de cents ans, n'eft ni plus dificile, ni moins réelle, que même age.

mille à douze

celle des M. du

(e) Germon Dif

cept. 2. p. 32.33.

PREM. PARTIE, pouroit-il pas faire, que nous euffions autant ou plus des pre

SECT. I. CHAP. VII.

?

mières, que
des fecondes D'ailleurs fi les Mff. des mêmes
traités ont exifté en plus grand nombre, que les exemplaires
des mêmes chartes; il eft certain que ceux là ont été expofés
à de plus grands périls, que celles-ci: parcequ'ils n'étoient pas
gardés dans des lieux fi sûrs, & fouvent à l'épreuve des flammes :
parceque dans les incendies & les pillages;il étoit bien plus faci-
le de fauver les titres, que les M. parcequ'on n'efpéroit pas de
recouvrer les diplomes, fi l'on les laiffoit périr, & qu'on fe flatoit
toujours de retrouver les livres: parceque l'intérèt parloit bien
plus haut en faveur des uns, que des autres : parcequ'il y a tou-
jours eu plus d'amateurs des biens temporels, que des fcien-
ces. Les diplomes des VI. & VII. fiècles ont donc pu nous être
confervés auffi sûrement, que les Mff. du même age.

Ne trouve-t-on pas réellement plus ou moins de Mff. anciens à peu près dans une proportion égale avec les diplomes? Qui fait même fi l'on pouroit produire autant de Mff. des V. VI. VII. VIII. & IX. fiècles, que de chartes originales? Ainfi quoiqu'il y ait quelque diférence entre les Mff. & les diplomes; à tout prendre la dificulté de la confervation éfective des uns & des autres paroit affez égale. Or on convient qu'il exifte des Mff. de tous ces fiècles. Pourquoi donc rejete-t-on les chartes originales du même tems, comme fauffes ou fufpectes, précisément à cause de leur antiquité?

PREM. PARTIF.
SECT. I.

CHAP. VIII.

CHAPITRE

VIII.

Défenfe des anciennes archives: leur antiquité ne les rend
point fufpectes: Origine des préventions contre les char-
tes ecléfiaftiques: ceux qui les décrient le plus, n'épar-
gnent pas les dépôts publics
les dépôts publics, & ceux qui n'en veulent
qu'aux archives des Eglifes, défendent mal les autres :
nul motif de foupçoner Spécialement les chartriers des
Cathédrales & des Monastères.

UELLE de celle tire contre

1Q les diplomes un motif de reprobation de leur antiquité, chartes les rend

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c'est-à-dire d'une qualité plus propre qu'aucune autre, à rele-
ver le prix des pièces originales! Le favant Abbé de Godvvic
mécontent de voir, que les P P. Germon (a) & Papebroc (b)
ont adopté cette maxime, ne veut pas même leur en faire
honneur. » Ils l'ont, dit-il, (c) empruntée de Marsham héré-
tique Anglois, qui pouffé par fa haine contre les Eglifes,
» le premier avancé, dans fon Monafticon Anglicanum, que
» les diplomes font d'autant plus fufpects, & méritent d'au-
» tant moins de créance, qu'ils montrent une plus grande an-
tiquité. « Le P. Hardouin dans fon ouvrage intitulé, Anti-
qua numifmata Regum Francorum, imprimé à Amfterdam en
1733. & dont on voit un Mf. de fa façon beaucoup plus
étendu dans la Bibliothèque du Roi, après avoir adopté les
idées du Proteftant & les conjectures du P. Papebroc, enché-
rit beaucoup fur les unes & les autres, (d) comme on va le
voir. (1) » Papebroc (e), dit-il, pense, qu'on commença, à fa-
briquer de faux diplomes au XI. fiècle : tandis que de tous

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1) Falfa diplomata fieri cœpta ab XI. Chrifti faculo & fequentibus cenfet Papebrochius c. 8.n.103.dum univerfalis Ecclefia pacem tot undique fchifmata feditionefque turbarent. Addit à monachis prafertim id factitatum : qui cùm viderent à Poteftatibus facularibus undique accidi fuas poffef

|

fiones & immunitates, non magno crimi-
ni fibi ducebant, pro ipfis tuendis fingere,
qua in nullius ceffura prajudicium, folùm
videbantur conductura tuenda aquitati.
Veriùs diceret ›
opinor, faculo tantùm
XIV. hanc vafritiem ortum habuiffe in
Galliis. idem celeriter ad alias quoque

L'antiquité des elle fufpectes? Le P. Hardouin défavoué par Compagnie. (a) Germon.Dif cept. 2. p. 38.

fa

(b) Papebroch. Propyl. April. n.

125. & 127.

(c) Chronic.

Godvvie. lib. z.

pag. 79.

(d) Mf. du P.

Hard. pag. 23.1. ibid.cap.8. n.103.

(e) Papebroch.

PREM- PARTIE.
SECT. I.
CHAP. VIII,

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رو

côtés la paix de l'Eglife univerfelle étoit troublée par des fchifmes & des féditions. Il ajoute que cela fut particuliè» rement mis en pratique par les moines, qui voyant les Puif› fances féculières, acharnées de toutes parts à les dépouiller de » leurs poffeffions & de leurs immunités, ne croyoient pas faire » un grand crime, en fupofant des pièces, qui ne devoient porter » préjudice à perfone, mais feulement fervir à la défenfè de la juftice. Il auroit dit, à mon avis, avec plus de vérité

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con

» tinue le P. Hardouin, que cette friponerie ne prit naissan-
» ce en France, qu'au XIV. fiècle : & que de-là elle fe répan-
dit promptement chez les autres peuples, chez les Italiens,
Efpagnols, Anglois, Allemans & autres, & qu'elle ne péné-
» tra pas feulement dans les Monaftères, mais dans la plupart
des Eglifes, & des autres communautés. Les guerres qu'eut
alors la France, à foutenir contre les Anglois, & les divi-
fions entre les Rois & les fouverains Pontifes, fournirent à
» ces fourberies un tems & une ocafion favorable. Une ma-
lice, je ne dis pas femblable; mais infiniment plus noire,
confiftant à forger des livres & des monumens, propres
» renverser notre fainte Religion, & qui avoit précédé de
» quelque tems ces fraudes moins dangereuses, leur avoit
frayé le chemin, & fourni de grandes reffources. «

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à

Expofer de pareilles chimères, c'eft plus qu'il n'en faut pour les réfuter. D'ailleurs le P. Hardouin & le P. Papebroc ne conviennent ni fur les tems, ni fur les perfones, ni fur les motifs & la maniére, dont s'executèrent ces prétendues fabrications de chartes. Difons plus : l'un & l'autre avancent bien, que des impofteurs, moines, ecléfiaftiques, ou féculiers, n'importe, ont forgé beaucoup de pièces : mais ni l'un ni l'autre ne prouvent rien, de ce qu'ils avancent. Or il n'eft point d'acufation, dont on foit plus étroitement obligé par (f) ff. lib. 22. les loix de faire la preuve, qu'en matiére d'impofture: (f) Qui dolo dicit factum aliquid, licèt in exceptione, docere dolum

tit 3. Leg. 18.

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gentes Italicam, Hifpanicam, Anglicam,
Germanicam, & alias permanaffe, nec
ad monafteria tantùm, fed & ad Eccle-
fias plerafque aliaque collegia. Occafionem
& tempus oportunum his fraudibus dedere
in Gallia bella cum Anglis & ubique dissi-
dia Reges inter & fummos Pontifices exorta.

Exemplo autem praivit, adjuvitque eas plurimùm, non fimilis tantùm, fed infinitè tetrior malitia in confingendis libris & monumentis, qua fanctiffimam Religionem peffum darent, paulò ante iftas minoris periculi fraudes exorta.

pas à

admiffum debet. Au refte fi l'on écoutoit tous ceux, qui hazardent contre leurs adverfaires les acufations de faux les plus atroces; les RR. PP. Jéfuites eux-mêmes n'en feroient couvert. Ne voyons-nous pas en Allemagne des Savans (g), à l'ocafion des écrits de leurs PP. Hardouin & Germon, leur imputer de méditer un projet, pour anéantir les auteurs & les monumens de tous les fiècles: Tout eft préparé (2), s'écrie l'un de ces critiques, pour l'exécution d'un fi pernicieux deffein. Déja les parchemins ont paffé par les mains des fauffaires, & font exposés à la fumée, pour remplacer un jour les véritables monumens de l'antiquité, au grand préjudice de la Religion & de la République des Lettres. On ne peut mieux répondre à des acufations fi violentes, qu'en faifant voir, que les RR. PP. Jéfuites n'adoptent les fyftèmes ni du P. Hardouin, ni du P. Germon. (3) Nous avons fufifamment justifié dans le premier Chapitre, que la Compagnie n'a jamais pris fait & caufe, pour les principes de celui-ci. Très peu de Jéfuites les ont embraffés dans leurs écrits: tandis que les plus favans fe font formellement déclarés contre, même depuis que le P. Germon a mis au jour fes derniers ouvrages. Il nous fera encore plus facile, de laver ce Corps du reproche, de s'être déclaré pour les erreurs & les réveries du P. Hardouin : après qu'il l'a forcé lui-même, à les retracter, & que les Supérieurs de Paris, autorifés de leur Général, les ont défavouées par les déclarations les plus formelles. Nous alons les raporter (4) au bas de page, d'après les Mémoires mêmes de Trévoux..

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(2) Jam membrana manus falfariorum paffa, fumum in caminis bibunt, ut olim antiquitatem in damnum Religionis & rei litteraria mentiantur. Vindic. veterum fcript. contra J. Hard. pagg. 18. 19.171. & feqq..

(3) » Après tant d'ouvrages publiés → depuis un fiècle, tant de vaftes collec» tions qui fe multiplient tous les jours » & de toutes parts; qui ne fait aujour» dui combien les Bibliothéques & les archives des Monaftères ont fourni d'éclairciffemens à l'hiftoire Eccléfiaftique → & civile ? Les titres dé leurs fondations, » les chartres, qui leur ont été acordées..... quelles lumiéres n'en a-t3 on pas tirées pour la Chronologie,

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(4) DECLARATION DU PERE A la fin du Jour-
PROVINCIAL DES JESUITES nal de Trévoux,
des Supérieurs de leurs Maifons de Décembre 1708.
Paris; touchant une nouvelle édition de
quelques ouvrages du Père JEAN HAR-
DOUIN, de la méme Compagnie, qui
fe fait actuellement contre leur volonté,
par le fieur de Lorme, Libraire à Amster-

dam.

» Parmi les ouvrages contenus dans cette » nouvelle édition, il y en a quelques-uns

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