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croire cependant, que le SEUL but (6) de ce favant Religieux ait été de faire connoitre les diférens ages des anciens Mff. Il pour cela, paroit que fon ouvrage n'a point affez d'étendue parce qu'on n'y trouve pas les diférences des caractéres pratiqués en Efpagne, en Italie, en Angleterre, en Allemagne » & dans les diverfes parties de la France, dont les écritures ne se ressemblent pas toujours dans un même fiècle. « En preuve de quoi M. Lenglet raporte tout de fuite les paroles déja citées de M. Baudelot.

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Un pareil concert d'idées & d'expreffions porteroit à croire, que ces deux Critiques; loin d'avoir lu l'ouvrage qu'ils cenfurent, n'en ont pas même parcouru des yeux les modèles: ou que du moins leur intelligence n'a eu nulle part à l'examen, qu'ils en ont fait. Car, outre les alphabets ou caracteres Gothiques & Lombards, on y trouve ceux des écritures Mérovingienne, Caroline, Runique, Saxone, ou Angloife, Espagnole, Romaine & Françoife de tous les ages. On peut même ajouter, que les caractéres, dont on fe fervoit en Allemagne font renfermés dans les écritures Françoifes & Saxones, par raport aux tems, où nos Rois de la première & feconde race commandoient aux Etats, qui compofent aujourdui l'Empire. Si l'on en excepte les caractéres Runiques, D. Mabillon ne se borne pas aux alphabets de chacune des écritures, dont on vient de faire mention. Il n'en eft point de ce nombre, dont il ne propose plus ou moins de modèles.

Mais ce qui prouve encore mieux, combien ici la critique porte à faux: c'eft qu'aux X. & XI. fiécles, prefque tous les peuples d'Europe (m) s'attachèrent pour toujours aux caractéres François, & ne firent plus d'ufage de ceux, dont ils fe fervoient auparavant; à moins qu'ils ne fuffent déja conformes aux premiers. Voilà ce que les cenfeurs du P. Mabillon auroient apris de lui; s'ils euffent jugé à propos de fe mettre au fait du livre, qu'ils vouloient avoir la gloire de critiquer. Or

(6) Comment auroit-on pu croire, que le foul but de D. Mabillon auroit été, de faire connoitre les diférens ages des anciens Mff. puifque ce n'eft pas même fon principal objet Le titre de fon ouvrage n'anonce-t-il pas affez, , que la fcience des diplomes en eft le but immédiat :

D. Mabillon ne traite des Mff. qu'autant
que leurs écritures ont des raports né-
ceffaires avec les chartes. Ce qui n'empé-
che pas, qu'il n'ait donné une conoiffance
fufifante des caractéres latins, employés
dans les M. d'Europe depuis dix - Lept

fiècles.

PREM. PARTIE.

SECT. I.

CHAP. I.

(m) De re di plom.p. 432.

PREM. PARTIE.

SECT. I. CHAP. I.

(n) Utilité des Voyages, tom. 2.

p. 84.85.

le très-grand nombre de Mff. & de chartes originales, qui fubsistent encore, ne remontent point au-delà du IX. fiècle. En un mot tous les monumens, foit antérieurs, foit poftérieurs à ce fiècle, font écrits en caractéres femblables ou très aprochans de ceux, dont le P. Mabillon a fait imprimer des modèles ; fans qu'on puiffe citer un feul Mf. un feul diplome, qui ne s'y raporte pas visiblement. Son livre fufit donc, pour mettre les perfones intelligentes également au fait & des titres & des Mff. Latins.

Ne diroit-on pas que M. Baudelot, parloit un peu en jeune (7) homme, ou qu'il n'entendoit pas affez la matiére, fur laquelle il fe jugeoit capable, de faire des leçons à D. Mabillon ? C'étoit affurément être bien neuf fur l'article, que de prendre une écriture en chifre, pour celle d'une nation ou d'un païs. C'est (n) cependant ce qui eft arivé au cenfeur de la Diplomatique. Un Mf. Latin purement en chifre lui femble avoir quelque chofe du caractére Copte, D'où après avoir conclu,que chaque pais a fa maniére d'écrire, & non pas chaque fiècle feulement; il pouffe les conféquences jufqu'à inférer, 1°, que D. Mabillon n'a pas connu l'écriture du Mf. qu'il aporte en preuve. 2°. Que cette écriture eft l'écriture commune d'une certaine région qu'il ne nomme point. 3°. Qu'il y a une infinité d'écritures, propres de chaque contrée, dont le P. Mabillon n'a pas fourni d'exemples.

Que chaque païs ait fa maniére d'écrire, c'est une vérité incontestable pourvu qu'on entende par païs, non des Cantons ou des Provinces; mais des Royaumes entiers, & qu'on ne s'imagine pas, que la diverfité des caractéres entre les nations Européennes, foumises à l'Eglife Romaine, ou dont la langue favante eft la langue latine, aille jufqu'à exclure une certaine uniformité, qui caractérise affez l'écriture du même tems. Rien n'obligeoit donc le P. Mabillon, de représenter sur chaque fiècle les modèles des écritures de chaque peuple: quand bien même on fupoferoit, ce qui n'eft pas, qu'elles auroient toujours été auffi peu reffemblantes, qu'elles le font encore aujourdui. Mais ce qui coupe pied à toute dificulté

(7) Il l'étoit effectivement pour lors. | imprimé pour la première fois à Paris en A peine avoit-il trente- huit ans, lorf- 1686. Hift. de l'Acad. des Infcript. tom. 3. que fon ouvrage de l'utilité des Voyages fut. pag. 609.

vis-à-vis de M. Baudelot, c'eft que jamais nation ne fit usage des caractéres qu'il raporte. Il ne devoit donc pas les chercher dans la Diplomatique. Du moins avoit - il mauvaise grace, de faire tant de bruit, pour ne les avoir pas trouvés dans un livre, où l'on ne fe propofoit point, de publier pour modèles,des chifres arbitraires, qu'on peut multiplier à l'infini, & qui ne font rien à la Diplomatique.

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PREM. PARTIE.
SECT. I.

CHAP. I.

M. Baudelot

des opinions ré

tractées par le P. Papebroc. Jugemens que celui-ci porta, fans varier,

lon.

fur la Diplomatique de D. MabilUtilité des Voyages tom. 2. p. 89. 92. 1. cap. 3. & lib. (o) De re diplom. c. 2.

III. M. Baudelot, malgré les defaveux réitérés du P. Papebroc, prétend, que ce Jéfuite avoit eu raifon, de noircir prend la défenfe un peu par fes foupçons les titres des Monaftères, & que l'Abbé Petit a donné dans l'édition du Pénitentiel de Théodore Archevêque de Cantorberi, des preuves affez fortes, de ce que favant Jefuite Flaman ne faifoit que conjecturer. Plus prévenu que ces auteurs mêmes en faveur de leurs opinions, il les canonise encore, après qu'elles ont été folidement réfutées (0) par D. Mabillon, & folennellement abjurées par le P. Papebroc. (p) Elles lui paroiffent fi peu détruites, qu'il ne peut comprendre, qu'un homme de mérite comme D. Mabillon, ait voulu expofer fa réputation & celle de fon Ordre par une fi miférable Défenfe. Mais M. Baudelot ne rifquoit-il rien pour la fienne, en parlant ainfi du célébre ouvrage de la Diplomatique? Une cenfure fi peu réfléchie pouvoit-elle manquer, de révolter les gens de lettres Auffi le dernier éditeur du livre de M. Baudelot s'eft-il cru dans l'obligation, de la combatre par une note, qui trouve ici tout naturellement fa place,

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» Les Savans ont porté un jugement plus avantageux de la Diplomatique de D. Mabillon, & ont mieux fçu lui rendre » la juftice qu'il mérite, que M. Baudelot de Dairval. Bien loin donc qu'il foit vrai, que cet ouvrage ait fait tort à la réputation de ce favant Religieux & à celle de fon Ordre, it » lui a fait au contraire plus d'honneur que tout autre. Il a été regardé par tous les Savans de l'Europe comme un chefd'œuvre en fon genre, & comme contenant les principes & les règles d'un art, dont on n'avoit eu jufqu'alors que des idées fort confuses. Ainfi il n'eft pas befoin d'en dire davan» tage, pour prévenir le lecteur contre l'impreffion defavantageufe, que pouroit former dans fon efprit la cenfure fi peu équitable, que porte M. Baudelot. Il fufit feulement, puifque ce Monfieur fe prévaut avec tant d'afectation du témoi

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1.

3.

(1) Propyl. Mait Aëta SS. Junii, Conat. pag. 3. & tom. 1. pag. 686.

4.

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PREM. PARTIE,
SECT. I.
С НАР, І.

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gnage du P. Papebroc Jésuite, de remettre devant les yeux » de ceux, qui n'auroient rien lu fur ce fujet, la lettre (8) de ce » même P. Papebroc à Don Mabillon, dont on dit que l'autographe eft confervée chez les Bénédictins de S. Germain » des Prez à Paris. Elle est raportée dans la vie de D. Jean Mabillon, donnée au public par D. Thierri Ruinart en 1709. » & imprimée chez Muguet & Robustel.

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» [ Je vous avoue, dit le P. Papebroc, que je n'ai plus » d'autre fatisfaction, d'avoir écrit fur cette matiére, que celle »de vous avoir donné occafion de compofer un ouvrage fi acompli. Il est vrai que j'ai fenti d'abord quelque peine en lisant » votre livre, où je me fuis vû réfuté d'une manière à ne pas répondre mais enfin l'utilité & la beauté d'un ouvrage fi précieux ont bientôt furmonté ma foibleffe; & pénétré de joie d'y voir la vérité dans fon plus beau jour, j'ai invité » mon compagnon d'étude, de venir prendre part à l'admiration, dont je me trouve tout rempli. C'eft pourquoi ne faites pas dificulté toutes les fois, que vous en aurez l'occasion, de dire publiquement, que je fuis entiérement de votre avis. Tu porrò quoties res tulerit audacter teftare, quàm totus in tuam fententiam iverim,]

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J'ajouterai auffi ce que le P. du Sollier Jéfuite dit dans le » Journal de Trévoux du mois de Novembre 1725. pag, 291. (9) que fouvent il a oui dire au P. Papebroc, qu'il avoit obligation au P. Mabillon, qu'il apelloit fon ami, d'un avantage qu'il avoit efpéré de fes propres foins, qui étoit d'avoir enfin des règles, pour difcerner les chartes véritables d'avec les fauffes.. Il ne croyoit donc pas avoir fourni lui même des règles au P.

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(8) Elle est en entier dans la Préface du Suplément de la Diplomatique, pag. v. & vi. L'éditeur de M. Baudelot n'en a inféré ici qu'un extrait.

(9) Lifez pag. 2091. Il s'agit ici d'une Lettre latine, écrite par le P. du Sollier, pour répondre à quelques traits, lancès contre les Jéfuites par M. Jean Pierre de Ludewig, dans la préface de fon livre, » intitulé, Reliquia Mff. omnis avi diplomatum. .... Là M. de Leudewig avance, » que les Bénédictins & les Jéfuites font » en guerre, parceque ceux-ci la font avec mechanceté aux chartres & à

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Mabillon; puifqu'au contraire il reconoiffoit les tenir de lui. C'eft à quoi n'ont pas fait affez d'attention, (r) les fucceffeurs PREM. PARTIE. ceux, qui parloient ainfi d'après le P. du Sollier il y a vingt

de

années.

SECT. I.
CHAP. I.

(r) V. ci-après

VIII.

Le P. Papebroc ne fe contenta pas, d'aprouver la Diploma- la 21. note, n. tique de vive voix & par écrit, il ne ceffa de la célébrer dans les ouvrages, qu'il imprima depuis. Quoiqu'il eût traité la même matière dans des principes fort diférens ; il ne fit aucune dificulté de les rétracter, & d'en revenir à ceux de D. Mabillon, qui condamnoient les fiens. Après s'être déclaré (10) de toute la plénitude de fon cœur pour la Diplomatique du Bénédictin; il eut encore la droiture & la modeftie,& de mépriser ses travaux dans le même genre, & de fe reconoître vaincu. Il n'eft pas jufqu'à la table des matiéres de fon PropyLeum de Mai, dans laquelle (11) il ne fe faffe honneur, de publier la victoire de fon adverfaire & fa propre défaite. Il y eft dit, qu'à la vérité il avoit ébauché par ocafion les premiers traits d'une Diplomatique, & que l'ébauche, qu'il en avoit tracée, n'étoit pas exemte de fautes: mais que le même fujet avoit été traité à fond & avec plus d'exactitude par D. Mabillon. Il étoit (12) intariffable fur les louanges de la nouvelle Diplomatique, & ne croyoit jamais pouvoir égaler par fes éloges le mérite de l'ouvrage & de l'auteur. Enfin près de quinze ans après que ce livre extraordinaire eut vu le jour, il continuoit encore d'en parler avec les mêmes fentimens d'admiration, qu'il en conçut à la première lecture, (f) In preclariffimo (Acta SS. Ju- de re diplomaticâ opere, & de regarder le fien, comme ayant nii tom. 1. p. 686.

(10) Si.... alter.... meos, fi quos invenerit errores corrigat, adeò non feram id agrè; ut cum animi gratulatione fincerá ceffurus ei palmam fim, eademque promptitudine ei affurecturus, quâ eruditiffimi Patris Johannis Mabillonii de re diplomaticâ opus excepi, & poftquàm legeram ap probavi; licèt in non paucis contrarium eis, qua in argumento eatenus intacto, optimá quidem voluntate, fed impari ad rem tantam inftrumenti neceffarii copiâ, obiter delibavi,occafione Trevirenfis cujufdam figmenti. Quamvis enim iftud fatis everfum fit lucubratiuncula pradicta, affentiente ipfomet Mabillonio, ad lucem tamen dignioris iftius juftique operis, illa fic mihi ipfi viTome I.

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