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enfuite, que fi le livre de comptes (21) d'un marchand prouve contre l'acheteur ; celui des cens & rentes feigneuriales doit à plus forte raison prouver en faveur du Seigneur, vis-à-vis de fon vaffal; quoique ce livre ne foit revêtu d'aucune forme juridique. Enfin après le texte fur lequel le compilateur fe fonde, du Molin foutient,qu'un écrit tiré d'un dépôt public (22) prouve pleinement: quand même il feroit dépourvu de la fignature du notaire, de témoins, & des autres folennités, propres d'un inftrument public : en quoi, felon lui, il eft privilégié fur tous ceux, qui font pris dans des dépôts particuliers.

pu

Cependant au nombre (c) même cité par le compilateur, du Molin avoue ro. que les livres de cens ; lorfqu'ils font bliquement réputés autentiques, ne laissent pas, fans l'être en effet, & fans avoir rien de commun avec les dépôts publics, de prouver pleinement, par tout, où la coutume veut, qu'on y ajoute foi, même de Seigneur à Seigneur. 2°. Il avoue, qu'il y a des endroits où l'on a coutume de s'en raporterà ces fortes de livres quoiqu'ils n'apartiennent qu'aux archives des Eglifes, des Châteaux & des Communautés. Il n'a donc garde de vouloir faire envifager ces chartriers, comme des magasins de faux titres. S'il en a penfe ailleurs moins favorablement, on efpére le réfuter fans replique, quand on difcutera à fond la fameufe decrétale d'Innocent III. Inter dilectos, dont quelques auteurs, faute de l'entendre, ont pris ocafion de déclamer contre les archives des monaftères. 3°. Le même Jurifconfulte avoue, que la coutume d'admettre les pièces, qui ne font revêtues d'aucune marque de l'autorité publique, doit être obfervée, tant dans les lieux, où elle eft en vigueur, que dans ceux mêmes, où elle ne le feroit point entre les Seigneurs & leurs vaffaux. 4°. Et c'eft ici l'effentiel, il avoue enfin, que les doctes ou docteurs ; c'eft-à-dire dans fon langage, les Jurifconfultes & les Canoniftes, difent communément, qu'il faut s'en raporter aux écritures, tirées des dépôts publics: mais de

(21) Si igitur liber rationum unius mercatoris probat pro eo..... quantò fortius in codem cafu fidem faciat pro patrono liber dominicalium & clientelarium rerum, ut potè cum fit longè majoris authoritatis & ponderis, quàm rationes unius mercatoris, tum ratione perfonarum nobilium & infi

gnium, tum ratione loci, in quo affervan-
tur, tum ratione antiquitatis, continuatio-
nis, & fuccefsús plurium temporum. Ibid..

n. 19. v. etiam n. 20. & 21.

(22) Planè probat, etiamfi careat fubf criptione notarii, teftibus & aliis folemni-bus publici inftrumenti. Ibid. n. 26..

PREM. PARTIE.

SECT. I.

CHAP. VIII.

(c) Num. 25

PREM. PARTIE.
SECT. I.

3.

fon

propre aveu, il est évident par les exemples, dont ils s'autorifent, qu'ils n'entendent par là, que les livres des Eglifes, CHAP. VIII. Colléges ou communautés. D'où il s'enfuit, que les archives des Eglifes & communautés du tems de du Molin, étoient regardées comme des dépôts publics. Ici l'avocat encore Protestant s'opose, il eft vrai, au torrent des Docteurs. Mais leur autorité vaut bien ici pour le moins le fufrage d'un homme, engagé par système, à contefter aux Eglifes & aux Ecléfiaftiques feculiers ou réguliers leurs prérogatives les plus glorieufes.

(d) 2.2. q. 60.

Malgré les préventions de parti, il paroit néanmoins beaucoup plus retenu, que le favant compilateur des Mémoires du Clergé. Celui-ci déclare très-fufpects les chartriers des chanoines & des religieux. Celui là fe contente de les réduire à la condition des archives privées. Le Catholique décrie les dernières par le grand nombre de pièces fauffes, dont fon imagination les remplit. Le Proteftant non feulement ne donne aucune ateinte aux chartes authentiques, ni même aux fimples registres, qui y font confervés ; mais encore il acorde à ceux-ci, quoique dépourvus de toute authenticité, le droit de prouver contre des vaffaux & de plus contre toute autre perfone, fi telle eft la coutume du pais.

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Du Molin fe piquoit trop de raifoner conféquemment pour avoir dit, comme a fait le compilateur, que les Chartriers des chapitres & des monaftères.... font.... devenus trèsfufpects par les prétentions de ces communautés. Ont-elles donc la vertu ces prétentions malheureufes de corompre les titres, qui les ont fait naitre ? Veut - on dire que les titres font postérieurs aux prétentions? Mais en vient - on à produire ces titres au grand jour; perfone alors n'ofe plus foutenir, qu'ils foient fi récens. On eft forcé de fe battre en retraite ou de s'enfoncer dans l'obfcurité des fiècles paffés. C'est à la faveur de ces ténèbres, qu'on donne cariére aux foupçons & aux doutes.

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Saint Thomas (d) met au nombre des péchés mortels, les ar.. 3. in c. ad foupçons confentis en matiére grave. Or en fut-il jamais de plus confentis & en matiére plus grave, que ceux qui dans un écrit public envelopent fans exception tous les chartriers & des chapitres & des monaftères: En effet fufpecter ces

archives

TREM. PARTIE.

SECT. I.

archives; n'eft-ce pas fufpecter du crime de faux les Ecléfiaftiques féculiers & réguliers, ou du moins un grand nombre d'entr'eux : & cela fans la plus légére aparence de preuves: Car CHAP. VIII. quelles font celles qu'on alégue de foupçons fi odieux, contre des perfones confacrées à Dieu, par les vœux & le facerdoce? En pouroit-on même produire quelqu'une, où l'on n'argumentât point du particulier, & fouvent même du fingulier au général ?

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Mais on n'en demeure pas à des foupçons confentis & manifestés au dehors; on franchit toutes les bariéres, & l'on ofe avancer contre toute vérité, qu'on a recueilli grand nombre de pièces fauffes dans les chartriers des chapitres & des monaftères. Inutilement demanderoit-on encore une fois la preuve d'une acufation fi importante & fi étendue. On ne se met pas même en devoir de la donner. On compte aparamment pour rien de noircir la réputation des gens d'Eglife, de multiplier parmi eux les coupables à l'infini, de confondre avec ceux-ci les innocens, & de charger indiféremment les uns & les autres de crimes qui mériteroient d'être punis du dernier fuplice. Une pareille conduite paroitroit intolérable, quand même on auroit reftreint ces imputations à quelques communautés. En eft-il effectivement une feule, dont les archives renferment un grand nombre de pièces fauffes? Si cela eft, que ne la nomme-t-on ? Et que ne fournit-on en même tems de bonnes preuves, qu'on ne la calomnie point. Par là du moins on épargneroit l'honneur de tant d'autres. Mais les charger toutes; parcequ'on manque de preuves fufifantes pour en convaincre aucune : étendre l'acufation fur tant d'illuftres chapitres & de faintes communautés, dont jamais nul membre, jamais nul titre n'a été ateint de faux, n'a paru fufpect en Justice; n'est-ce pas un excès, qu'on ne devoit pas atendre d'un homme, qui avoit confacré fes veilles au fervice du Clergé de France? Faloit-il donc à l'ombre d'un nom fi refpectable, ériger en maximes, de fi étranges préjugés ? Tant il est vrai, qu'il est toujours infiniment dangereux, pour les perfones d'ailleurs très-fages & très-éclairées, de fe livrer, même pour quelques momens, à des guides, tels qu'un M. Simon! VII. Ecoutons ce fameux critique, déguifé fous le nom de Jérome Acosta Jéfuite Espagnol. Il ne balance pas à donner & à quelques auTome I.

T

Réponse à MM. Simon, Wharton,

tres écrivains fur

PREM. PARTIE.
SECT. I.
CHAP. VIII.
la prodigicufe
quantité de faux
titres, qu'ils fupo-
fent renfermés
dans les archives
ccléfialiques. En
quel fens peut-on
dire, qu'il exifte
très peu de fauffes
chartes ?

(e) Hift. des Reven. eclef. tom. 2. pag. 269.

(f) Biblioth. critiq. tom. 1. pag. 101.

(g) Reven. ecléf. tom. 2. pag. 261.

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pour rivaux aux Moines les Ecléfiaftiques & même les Evêdans la fabrication des chartes fupofees. » Les procès, (e) dit-il, que les Evêques ont eu avec les Abbés des monaftè» res ont encore plus contribué à augmenter les faux titres. Car CHACUN, pour rendre fa caufe meilleure, N'A RIEN ÉPARGNÉ POUR SUPOSER DES ACTES. « On ne voit pas, ajoute-t-il ailleurs, (f) pourquoi l'on en doit faire plutôt un crime aux moines Bénédictins qu'aux Ecléfiaftiques « : quoique les premiers, fi l'on en croit le même M. Simon, fissent (3) autrefois comme un métier de fabriquer de faux priviléges.

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Ces traits calomnieux n'étonent point de la part d'un critique de cette trempe: mais on ne s'acoutume point à les voir lancer par le compilateur des nouveaux Mémoires du Clergé. On est toujours également furpris, qu'un homme d'honneur & d'efprit ait reçu comme autant d'oracles, la plupart des préventions d'un écrivain, qui ménagcoit fi peu les Ecléfiaftiques tant du premier que du fecond Ordre ? Si dès le onzième fiècle il découvre avec les yeux de Richard Simon dans les archives des Chapitres & des Monaftères (h) une prodigieufe quantité de faux titres; ce n'eft qu'en adoptant fa maniére fophistique d'écrire, qu'il fe confirme dans cette opinion. Cinq ou fix pièces, fur lefquelles les Savans difputent depuis plus d'un fiècle, fervent de fondement aux conclufions les plus générales. Mais fupofons ces titres ateints & convaincus de fauffeté; s'enfuivra-t-il qu'il y ait dans les archives ecléfiaftiques. un très-grand nombre de chartes fabriquées ? (23) Quel plus grand paralogifme, que de conclure d'un très-petit nombre à une quantité prodigieufe!

(23) Le même fophifme regne d'un bout à l'autre dans la Juftification du Mémoire fur l'orgine de l'Albaïe de S. Victor en Caux. Si D. Mabillon avoue, qu'il y a eu parmi les anciens moines, comme dans tous les autres états, quelques hommes capables de fupofer des chartes, Quin ALIQUI aliquando inter noftres extiterint nebulones, non diffitemur; on en conclut, qu'on auroit grand tort de ne pas reconoitre (i) la MULTITUDE des faux titres fabriqués autrefois par les moines. Si c'eft là raifoner, il faut avouer que le raifonement eft quelque chofe de bien mé

prifable. Que diroit le principal auteur de cette Juftification, ou plutôt que ne diroit-il pas, fi l'on entreprenoit de traduire en général les Chanoines comme fabricateurs d'une multitude de fauffes pièces : parceque deux ou trois Ecléfiaftiques de l'Eglife de Reims (k) au IX. fiècle & François de Rofières Vicaire général & grand Archidiacre de Toul (1) au XVI. (fans parler de quelques autres (m) Chanoines) furent juridiquement convaincus d'en avoir fabriqué plufieurs: Du refte, ce M.neparoit pas bien perfuadé lui-même, que les moines aient rempli nos archives d'ane

PREM. PARTIE.

SECT. I.

Si Henri Wharton eft représenté par M. Simon, comme un écrivain fort modéré, & même favorable aux moines ; ce n'est que pour donner plus de poids aux acufations contr'eux, CHAP. VIII. qu'il emprunte de ce Proteftant. Mais rien ne manifeste mieux les préventions de l'Anglican à leur defavantage, que le jugement qu'il porte de leurs archives, & dont M. Simon s'autorife, pour infulter aux chartes des monaftères. Selon Wharton, (n) dit notre Critique: » prefque toutes celles qui ont

(n) Biblioth.

104.

» été écrites après que les Normans furent en Angleterre, fem- choisie tom. 2. pag. blent avoir été fabriquées exprès, lorfque les Normans, qui

دو

دو

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» étoient les maitres, n'oubliant rien pour ôter aux Anglois » par toutes fortes de voies, leurs fonds & leurs poffeffions, exigèrent d'eux qu'ils euffent à montrer par quel droit & par quel titre ils jouiffoient de leurs terres & de leurs priviléges. » Ce fut alors que les moines se virent obligés de tirer de leurs » archives des titres ou d'en fabriquer, s'ils n'aimoient mieux » être chaffés de leurs monaftères & être réduits à une ex» trème pauvreté. Comme donc il eût été inutile de produire » aux Normans, qui n'entendoient point l'Anglois, & qui » avoient averfion pour les chartres écrites en Saxon, des » titres en langue Saxone, les moines en fuposèrent d'autres » Latins."

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Wharton, tout ennemi des moines, qu'il ait coutume de fe montrer, ne dit pas, que prefque toutes les chartes poftérieures à l'arivée des Normans, femblent avoir été fabriquées exprès; mais que prefque toutes les chartes fauffes d'Angleterre, paroiffent avoir été fupofées après l'arivée des Normans: (0) Ferè (0) Angl. facra omnes enim charta COMMENTITIÆ, poft adventum Normanno- prafat. tom. 2. rum conficta videntur. Ces deux propofitions font extrèmement diférentes. N'y eût-il qu'une dixaine, & encore moins de

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lumiéres du bon fens & de la raison. " Une fi judicieufe réfléxion eft bien remarquable dans un écrit, qui femble d'ailleurs compofé, pour réaliser la fable d'une multitude de Moines Titriers. Ce n'eft pas *Juftific.p. 11. ici le lieu de parler des actes, fur lesquels fe fondent les écrivains de S. Victor, & de l'abus manifefte, qu'ils font de l'autorité de D. Mabillon, d'après les auteurs du fecond Mémoire contre la Jurifdiction de Compiègne, qu'ils copient mot pour mot, fans qu'on s'en aperçoive.

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